Nouveau rapport : « Rwanda, les mercenaires invisibles. Les archives de la DGSE occultées par la commission Duclert »
Survie, 24.03.22
L’association Survie publie des notes inédites des services secrets français confirmant que l’État était pleinement informé de l’activité des mercenaires Bob Denard, Paul Barril et de leurs hommes. Ces informations, que la commission présidée par Vincent Duclert a délaissées, confirment les accusations portées par l’association et renforcent les soupçons vis-à-vis des « réseaux Pasqua », que la justice française se refuse pourtant à explorer.
Il y a un an, la commission « Duclert », remettait à l’Elysée un rapport sur le rôle de la France au Rwanda de 1990 à 1994. Fruit de deux ans de travail fondé exclusivement sur les archives françaises, ce rapport concluait à une « responsabilité accablante » tout en écartant une possible « complicité » des autorités politiques et militaires françaises. L’association Survie, qui lutte contre la Françafrique et qui enquête depuis longtemps sur le rôle de la France au Rwanda, publie aujourd’hui un rapport montrant que des informations contenues dans les archives des services secrets français, la DGSE, ont été délaissées par la commission. Celle-ci a ainsi occulté le rôle qu’ont joué les équipes de deux célèbres mercenaires « françafricains » : Paul Barril et Bob Denard.
Ces notes de la DGSE, que la commission Duclert dit avoir étudiées, montrent en effet que ces deux « corsaires de la République » se sont coordonnés pour mener des opérations médiatiques et militaires depuis Paris en soutien au gouvernement génocidaire, même après l’embargo de l’ONU, et ce, vraisemblablement en lien avec les plus hautes sphères de l’État français.
Pour Patrice Garesio, coprésident de l’association Survie, « cette révélation sème le doute sur la pertinence du rapport Duclert, qui occulte plusieurs aspects majeurs de la complicité multiforme de l’État français avec les génocidaires. Surtout, elle apporte une brique de plus, essentielle, à la reconstruction du lien entre l’Élysée, les réseaux Pasqua et les génocidaires. Les juges chargés de l’instruction des plaintes déposées il y a plusieurs années par Survie et d’autres associations refusent toujours d’explorer ce point. »