Le livre du milliardaire sort alors que l'OMS élabore un traité supranational sur la pandémie.
Le directeur de l'Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a fait vendredi l'éloge du dernier livre du milliardaire et "expert" autoproclamé en pandémie Bill Gates, se déclarant en plein accord avec l'insistance du magnat de l'informatique sur le fait que "nous devons tirer les leçons de la Covid-19 et innover afin de pouvoir apporter des solutions sanitaires rapides et équitables pour prévenir la prochaine pandémie".
Thank you @BillGates for sending a copy of your new book. I fully agree that we must act on #COVID19’s lessons and innovate so that we can deliver swift, equitable health solutions to prevent the next pandemic. @gatesfoundationpic.twitter.com/E69PyBdgB9
— Tedros Adhanom Ghebreyesus (@DrTedros) April 15, 2022
Le responsable de la santé publique a tweeté une photo de lui avec le tome, en mentionnant la Fondation Gates, le véhicule de la politique de santé publique du fondateur de Microsoft et l'un des principaux bienfaiteurs financiers de l'OMS.
Bien que Gates ne soit pas un expert médical certifié - il n'a jamais terminé ses études universitaires et a abandonné ses études pour fonder Microsoft avec un ami d'enfance - sa fortune colossale lui a permis de dominer efficacement la politique de santé mondiale en tant que premier contributeur privé à l'organisme mondial de santé, derrière le gouvernement américain en termes de financement.
L'évangéliste des vaccins, qui dispose d'une fortune considérable, est monté sur la scène d'une conférence TED à Vancouver mardi pour développer les idées présentées dans son livre, intitulé "How to Prevent the Next Pandemic" (Comment prévenir la prochaine pandémie), qui préconise la création d'une équipe d'intervention d'urgence mondiale dotée d'un budget d'un milliard de dollars et fonctionnant sous l'acronyme astucieux GERM (Global Epidemic Response and Mobilization). Ce groupe serait composé de 3 000 médecins, épidémiologistes, experts en politique et en communication et diplomates opérant sous la direction de l'OMS.
Gates a reproché aux pays riches d'avoir pris moins de mesures pour inonder les pays pauvres de vaccins que ce qu'il avait "prévu" - et demandé à plusieurs reprises - au cours de la pandémie de la Covid-19. Il a appelé les pays développés à s'unir pour mettre en place des systèmes permettant d'éviter une nouvelle pandémie, arguant que "votre survie [avec le Covid-19] dépendait en partie de vos revenus, de votre race, du quartier dans lequel vous viviez". Cependant, les États-Unis, l'un des pays les plus riches du monde, ont également connu l'un des taux de mortalité les plus élevés de la maladie, s'en tirant nettement moins bien que de nombreux pays africains.
Les idées du milliardaire philanthrope semblent concorder avec les projets de l'OMS concernant un traité mondial sur les pandémies, actuellement en cours de négociation afin de "définir les objectifs et les principes fondamentaux afin de structurer l'action collective nécessaire pour lutter contre les pandémies". Axé sur la surveillance, la vaccination et le "rétablissement de la confiance dans le système de santé international", l'accord serait juridiquement contraignant en vertu du droit international, supplantant les réglementations des différents pays et garantissant que toutes les nations agissent de concert en cas d'épidémies futures.
Conçu par le président du Conseil européen Charles Michel en novembre 2020, l'accord a été décrit dans un appel à un "traité international sur la prévention et la préparation aux pandémies" publié en mars 2021 par un groupe de 25 chefs de gouvernement et d'ONG. Dans leur publication, ils déclarent qu'aucun gouvernement, ni même aucun partenariat public-privé comme l'OMS, ne peut résoudre suffisamment les problèmes liés aux futures pandémies. Ils appellent à un traité "ancré dans la constitution de l'Organisation mondiale de la santé" et soutenu par le "Règlement sanitaire international" existant. Cette proposition a été rapidement soutenue par le G7 et l'Assemblée mondiale de la santé.
L'idée qu'une entité aussi puissante soit élaborée et imposée à l'humanité sans vote du public en a dérangé plus d'un, et des groupes tels que le Conseil mondial de la santé ont fait des pieds et des mains pour s'opposer au plan, mais il est douteux qu'une opposition populaire montée à la dernière minute soit capable de s'opposer à un effort soutenu par les 194 membres de l'OMS. L'organisation prévoit de confirmer son accord sur la pandémie lors de l'Assemblée mondiale de la santé de 2024.
Traduction SLT