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Les propos de Sergueï Lavrov sur une chaîne italienne ont déclenché une tempête (Arrêt sur info)

par Arrêt sur info 3 Mai 2022, 04:57 Lavrov Médiaset Polémique Ukraine Guerre Russie Néonazi Hitler Zelensky Azov Nazi Allégations Articles de Sam La Touch

Interview du ministre des Affaires étrangères Sergey Lavrov avec Mediaset, réseau de télévision italien, Moscou, 1er mai 2022

Ministère des affaires étrangères

Question : Après votre déclaration sur la possibilité d’une guerre nucléaire, de la troisième guerre mondiale, le monde entier se demande : y a-t-il un risque réel que cela se produise ?

Sergey Lavrov : Il semble que par « le monde entier » vous entendez les médias et les politiciens occidentaux. Ce n’est pas la première fois que je constate avec quelle habileté l’Occident déforme les propos des représentants de la Russie. On m’a interrogé sur les menaces qui se multiplient actuellement et sur la réalité du risque d’une troisième guerre mondiale. J’ai répondu littéralement ce qui suit : La Russie n’a jamais cessé ses efforts pour parvenir à des accords qui garantiraient la prévention d’une guerre nucléaire. Ces dernières années, c’est la Russie qui a proposé avec persistance à ses collègues américains de répéter ce que Mikhaïl Gorbatchev et Ronald Reagan ont fait en 1987 : adopter une déclaration réaffirmant qu’il ne peut y avoir de gagnants dans une guerre nucléaire, et qu’elle ne doit donc jamais être déclenchée.

Nous n’avons pas réussi à convaincre l’administration Trump, car elle avait ses propres idées sur cette question. Toutefois, l’administration Biden a accepté notre proposition. En juin 2021, lors d’une réunion entre le président russe Vladimir Poutine et le président américain Joseph Biden à Genève, une déclaration a été adoptée .
 

Interview du ministre des Affaires étrangères Sergey Lavrov avec Mediaset, réseau de télévision italien, Moscou, 1er mai 2022
 

Question : Après votre déclaration sur la possibilité d’une guerre nucléaire, de la troisième guerre mondiale, le monde entier se demande : y a-t-il un risque réel que cela se produise ?

Sergey Lavrov : Il semble que par « le monde entier » vous entendez les médias et les politiciens occidentaux. Ce n’est pas la première fois que je constate avec quelle habileté l’Occident déforme les propos des représentants de la Russie. On m’a interrogé sur les menaces qui se multiplient actuellement et sur la réalité du risque d’une troisième guerre mondiale. J’ai répondu littéralement ce qui suit : La Russie n’a jamais cessé ses efforts pour parvenir à des accords qui garantiraient la prévention d’une guerre nucléaire. Ces dernières années, c’est la Russie qui a proposé avec persistance à ses collègues américains de répéter ce que Mikhaïl Gorbatchev et Ronald Reagan ont fait en 1987 : adopter une déclaration réaffirmant qu’il ne peut y avoir de gagnants dans une guerre nucléaire, et qu’elle ne doit donc jamais être déclenchée.

Nous n’avons pas réussi à convaincre l’administration Trump, car elle avait ses propres idées sur cette question. Toutefois, l’administration Biden a accepté notre proposition. En juin 2021, lors d’une réunion entre le président russe Vladimir Poutine et le président américain Joseph Biden à Genève, une déclaration a été adoptée sur l’inadmissibilité d’une guerre nucléaire. Permettez-moi d’insister : cela a été fait à notre initiative.

Question : Lors de la visite du Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, la ville de Kiev a été frappée par des tirs de missiles. Que diriez-vous en réponse aux médias occidentaux et au président Vladimir Zelensky qui considèrent ces frappes comme une provocation contre l’ONU ?

Sergey Lavrov : Nous avons donné des avertissements constants. Lorsqu’il a annoncé le lancement de l’opération militaire spéciale, le président Vladimir Poutine a déclaré qu’elle viserait l’infrastructure militaire en Ukraine utilisée pour opprimer les civils dans l’est du pays et créer une menace pour la sécurité de la Russie. Ils savent très bien que nous attaquons des cibles militaires afin de priver les radicaux ukrainiens et le régime de Kiev de la possibilité de recevoir des renforts sous forme d’armes et de munitions.

En revanche, je n’ai pas entendu le président Vladimir Zelensky dire un mot sur une situation qui n’est en rien liée à une usine militaire (quel que soit son nom) ou à toute autre installation militaire. Je veux parler des frappes de missiles Tochka-U au centre de Donetsk ces dernières semaines, ou de la gare civile de Kramatorsk et de plusieurs autres endroits, dont Kherson (avant-hier). La raison de ces frappes était clairement de terroriser les civils et d’empêcher les habitants de ces régions de décider de leur sort. La majorité des habitants de ces régions sont fatigués de l’oppression qu’ils subissent depuis toutes ces années de la part du régime de Kiev, qui devient de plus en plus un outil aux mains des néonazis, des États-Unis et de leurs alliés les plus proches.
 

Ceux qui sont arrivés au pouvoir après un coup d’État anticonstitutionnel sanglant ont lancé une guerre contre leur propre peuple et contre tout ce qui est russe, interdisant la langue, l’éducation et les médias russes. Ils ont adopté des lois promouvant les théories et les pratiques nazies. Nous les avons mis en garde. Tous nos avertissements ont rencontré un mur de silence. Comme nous le comprenons maintenant, à l’époque, l’Occident dirigé par les États-Unis avait déjà l’intention d’encourager par tous les moyens les dirigeants ukrainiens (Petr Porochenko et Vladimir Zelensky, qui lui a succédé) dans leur volonté de créer des menaces pour la Russie.

Nos avertissements émis en novembre et décembre 2021 sur la nécessité d’arrêter l’expansion irréfléchie de l’OTAN à l’est et de convenir de garanties de sécurité qui ne seront pas liées à l’adhésion de nouveaux pays au bloc militaro-politique ont été rejetés. Je dirais même que la réponse que nous avons reçue n’était pas très polie : « Ce ne sont pas vos affaires », « nous allons étendre l’OTAN comme nous le souhaitons » et « nous ne demanderons pas votre permission. »

Dans le même temps, le régime ukrainien a rassemblé environ 100 000 soldats le long de la ligne de conflit avec le Donbass et a intensifié les frappes violant ainsi les accords de Minsk et le cessez-le-feu. Nous n’avions pas d’autre choix que de reconnaître ces deux républiques, de signer avec elles un accord d’assistance mutuelle et, à leur demande, de les défendre contre les militaristes et les nazis qui fleurissent dans l’Ukraine d’aujourd’hui.

 

Question : C’est ainsi que vous voyez les choses, alors que Vladimir Zelensky les voit différemment. Il pense que la dénazification n’a aucun sens. Il est juif. Les nazis, Azov – il y en a très peu (quelques milliers). Vladimir Zelensky réfute votre vision de la situation. Pensez-vous que Vladimir Zelensky soit un obstacle à la paix ?

Sergey Lavrov : Ce que le président Vladimir Zelensky réfute ou ne réfute pas m’importe peu. Il est aussi inconstant que le vent, comme on dit. Il peut changer de position plusieurs fois par jour.

Je l’ai entendu dire qu’ils ne discuteraient même pas de démilitarisation et de dénazification lors des pourparlers de paix. Premièrement, ils torpillent les pourparlers comme ils l’ont fait pour les accords de Minsk pendant huit ans. Deuxièmement, la nazification est là : les militants capturés ainsi que les membres des bataillons Azov et Aidar et d’autres unités portent des croix gammées ou des symboles des bataillons nazis Waffen-SS sur leurs vêtements ou se les font tatouer sur le corps ; ils lisent ouvertement Mein Kampf et en font la promotion. Son argument est le suivant : Comment peut-il y avoir du nazisme en Ukraine s’il est juif ? Je peux me tromper, mais Adolf Hitler avait aussi du sang juif. Cela ne veut absolument rien dire. Les sages juifs disent que les antisémites les plus ardents sont généralement des juifs. « Chaque famille a son mouton noir », comme on dit.

Quant à Azov, des preuves sont publiées aujourd’hui qui confirment que les Américains et surtout les Canadiens ont joué un rôle de premier plan dans la formation des unités ultra-radicales et clairement néo-nazies en Ukraine. Pendant toutes ces années, l’objectif était d’insérer des néo-nazis dans les troupes ukrainiennes régulières. Ainsi, les combattants d’Azov joueraient un rôle de premier plan dans chaque unité (bataillon ou régiment). J’ai lu de tels rapports dans les médias occidentaux. Le fait que le bataillon Azov soit clairement une unité néonazie a été reconnu par l’Occident sans aucune hésitation jusqu’à la situation du début de l’année 2022, lorsqu’ils ont commencé à changer d’avis comme de juste. Le Japon a même présenté récemment ses excuses à Azov pour l’avoir inscrit sur la liste des organisations terroristes il y a quelques années en raison de son idéologie néonazie.

Des journalistes (d’un certain média occidental) ont interviewé Vladimir Zelensky et lui ont demandé ce qu’il pensait d’Azov et des idées qu’il prêche et met en pratique. Il a répondu qu’il existait de nombreux bataillons de ce type et qu' »ils sont ce qu’ils sont ». Je tiens à souligner que cette phrase – « ils sont ce qu’ils sont » – a été coupée par le journaliste et n’a pas été incluse dans l’interview qui a été diffusée. Cela signifie que le journaliste comprend ce que cette personne dit et pense. Il pense à la façon dont les néo-nazis peuvent être utilisés pour combattre la Russie.

Question : Il y a plusieurs milliers ou peut-être des dizaines de milliers de militants néo-nazis. Leur présence peut-elle excuser la dénazification d’un pays de 40 millions d’habitants ? Il existe des bataillons tels que le Groupe Wagner, qui s’inspirent également des idées néo-nazies, servant avec les troupes russes.

Sergey Lavrov : Nous avons discuté du Groupe Wagner à plusieurs reprises avec ceux qui sont intéressés par ce sujet. Wagner est une société militaire privée qui n’a rien à voir avec l’État russe. Nous l’avons également expliqué à nos collègues français ; ils ont commencé à être nerveux lorsque le groupe Wagner a convenu avec le gouvernement malien de fournir des services de sécurité. En septembre 2021, mon estimé collègue Jean-Yves Le Drian, ainsi que Josep Borrell, ont déclaré directement que la Russie n’avait rien à faire en Afrique, ni en tant qu’État ni avec des sociétés militaires privées, car l’Afrique est la zone de l’UE et de la France. C’est ce qu’ils m’ont dit presque mot pour mot.
 

Nous avons également expliqué la situation en Libye, dont les autorités ont invité cette société militaire privée dans la ville de Tobrouk, où se trouve le parlement libyen. L’Italie connaît très bien la situation libyenne. Ils sont là pour des raisons commerciales, comme au Mali. Il n’y a rien de tel en Ukraine, qui compte un grand nombre de mercenaires des pays occidentaux. Je pense que le discours sur la présence du Groupe Wagner en Ukraine n’est qu’une astuce pour détourner l’attention de ce que font nos collègues occidentaux. La situation autour de la confrontation à l’usine Azovstal de Mariupol, ainsi que le désir obstiné, voire hystérique, de Vladimir Zelensky, de son équipe et de leurs mécènes occidentaux d’évacuer toutes ces personnes et de les envoyer en Ukraine peuvent s’expliquer par le fait que de nombreuses personnes sur place confirmeraient la présence de mercenaires et peut-être même d’officiers en exercice des armées occidentales aux côtés des radicaux ukrainiens.

Vous avez demandé si l’élimination de l’influence de quelques dizaines (voire milliers) de nazis vaut la peine de mettre en danger un pays de 40 millions d’habitants. Cette question n’est pas tout à fait correcte. Il s’agit d’une question d’intérêts fondamentaux de la Russie en matière de sécurité. Nous en parlons depuis plusieurs décennies. Bien avant le coup d’État, l’Occident est venu en Ukraine (c’était il y a 20 ans) et a commencé à leur dire qu’à la veille de chaque élection, ils doivent décider de quel côté ils sont : celui de l’Europe ou celui de la Russie. Plus tard, ils ont commencé à encourager les initiatives que les dirigeants ukrainiens ont promues pour être aussi différents que possible de la Fédération de Russie. J’ai mentionné la persécution de la langue russe et des médias russes, la fermeture des chaînes de télévision russophones, l’interdiction de la vente de tout produit imprimé en russe (tant en provenance de Russie que de ceux publiés en Ukraine), l’Église orthodoxe russe, qui est une institution sacrée dans notre État et notre société, et l’adoption de lois visant à promouvoir les théories et les pratiques nazies. Ces lois ne sont pas adoptées pour quelques dizaines de milliers de militants dans les bataillons radicaux, mais pour l’ensemble du pays.

L’Ukraine occidentale a cessé de célébrer la victoire de la Grande Guerre patriotique. C’est arrivé il y a longtemps. Les derniers développements n’ont rien à voir avec cela. Ils ont commencé à détruire les monuments à la mémoire de ceux qui ont libéré l’Ukraine des nazis lorsqu’ils ont commencé à célébrer les anniversaires de ceux qui ont collaboré avec Hitler comme des fêtes nationales (Shukhevich, Bandera et d’autres, les combattants de la Waffen-SS). Ils ont commencé à célébrer comme fête nationale le jour de la création de l’Armée insurrectionnelle ukrainienne, qui a été reconnue coupable de collaboration avec les nazis au tribunal de Nuremberg. Cela ne s’est pas produit au cours des deux ou trois derniers mois, mais a commencé il y a de nombreuses années. Même avant le coup d’État.

Le coup d’État a eu lieu le lendemain du jour où les ministres des affaires étrangères français et polonais ont garanti un règlement pacifique en février 2014. Le lendemain matin, lorsque l’opposition a renversé le gouvernement, déclaré une chasse au président et occupé le bâtiment administratif, nous leur avons demandé pourquoi ils ne pouvaient pas utiliser le pouvoir, l’influence et l’autorité de l’UE pour forcer l’opposition à coopérer. La réponse a été incompréhensible : Viktor Yanukovych avait quitté Kiev. De nombreuses personnes ont quitté leurs capitales. La même année, en 2014, un coup d’État a eu lieu au Yémen. Le président Abdrabbuh Mansur Hadi a également quitté la capitale. La différence était que Viktor Ianoukovitch a quitté Kiev pour une autre ville [en Ukraine], tandis qu’Abdrabbuh Mansur Hadi a fui en Arabie saoudite. Depuis lors et jusqu’à récemment, pendant huit longues années, l’ensemble de l’humanité progressiste dirigée par nos libéraux européens a exigé le retour du président Abdrabbuh Mansur Hadi en tant que dirigeant légitime du Yémen. Mais en Ukraine, lorsque le Président s’est rendu dans une autre ville, il n’y avait plus besoin de faire quoi que ce soit. Nous avons noté que la première déclaration faite par ceux qui ont organisé le coup d’État concernait l’abolition du statut régional de la langue russe. Ils ont appelé des militants armés (également des ultra-radicaux) à prendre d’assaut le Conseil suprême de Crimée. C’est ainsi que tout a commencé. Personne ne veut s’en souvenir maintenant. L’UE a été humiliée par les voyous qui ont pris le pouvoir à Kiev après le coup d’État, tout comme l’UE est aujourd’hui humiliée par son incapacité à faire appliquer sa décision de créer une communauté de municipalités serbes au Kosovo. Avec la médiation de l’UE, Pristina et Belgrade se sont mis d’accord sur ce point en 2013, mais l’UE a montré son incompétence une fois de plus.

 

Question : Quel est, selon vous, le rôle de l’Italie aujourd’hui ?

Sergueï Lavrov : L’Italie est à l’avant-garde de ceux qui non seulement adoptent des sanctions anti-russes, mais proposent aussi toutes sortes d’initiatives. C’était vraiment étrange pour moi de le voir, mais maintenant nous nous sommes habitués au fait que l’Italie puisse être comme ça. Je pensais que l’Italie et le peuple italien avaient une vision légèrement différente de leur histoire et de la justice dans le monde, qu’ils pouvaient faire la différence entre le noir et le blanc. Je ne veux pas être inexact, mais en tout cas, certaines déclarations d’hommes politiques, sans parler des articles dans les médias, vont au-delà de toute convenance diplomatique et politique et bien au-delà de l’éthique journalistique.

Question : Pouvez-vous nous dire à quoi et à qui vous faites référence ?

Sergey Lavrov : Notre ambassade nous a envoyé de tels documents et a même intenté un procès parce qu’il y avait une violation de la loi italienne. Je ne veux pas entrer dans les détails maintenant ou répéter les choses désagréables qui sont discutées. En tout cas, je ne l’associe pas au peuple italien, pour lequel j’ai les sentiments les plus chaleureux.

Question : Parlons du rôle des États-Unis. Joe Biden continue à soutenir ouvertement l’Ukraine, à lui fournir de l’argent et des armes ; il dit qu’il y a un agresseur et que l’Ukraine est attaquée.

Sergey Lavrov : J’ai lu beaucoup de choses dans les médias américains et européens sur les liens entre la famille de Joe Biden et l’Ukraine, donc son attention à la situation actuelle n’est pas une surprise. Toutefois, outre son intérêt personnel, je ne peux exclure qu’il s’agisse également du fait que Washington est conscient de l’échec de sa stratégie à long terme visant à faire de l’Ukraine une véritable menace pour la Fédération de Russie et à faire en sorte que l’Ukraine et la Russie ne soient pas unies et que leurs relations ne soient pas amicales.

En fait, il ne s’agit pas seulement de Joe Biden. Lorsque l’Union soviétique a éclaté, l’ensemble de l’élite américaine a été guidée par « l’héritage » de Zbigniew Brzezinski, qui a déclaré que la Russie sans l’Ukraine n’était qu’une puissance régionale, rien de sérieux. C’est cette logique qui les a guidés lorsqu’ils ont approvisionné l’Ukraine en armes offensives, en encourageant sa militarisation avec une orientation clairement anti-russe par tous les moyens possibles, et en l’entraînant dans des dizaines d’exercices militaires annuels sous les auspices de l’OTAN. Nombre de ces exercices ont eu lieu en Ukraine. Dans 90 % des cas, ils étaient dirigés contre la Russie. Nous pouvons également constater aujourd’hui que les États-Unis veulent mener à bien leur projet « anti-Russie » (comme l’a dit le président Vladimir Poutine). Nous entendons de plus en plus de déclarations selon lesquelles « la Russie doit être vaincue », « nous devons vaincre la Russie », « l’Ukraine doit gagner » et « la Russie doit perdre ».

Nous avons accepté les pourparlers à la demande de Vladimir Zelensky, et ils ont commencé à prendre de l’ampleur. En mars, des accords ont été esquissés lors d’une réunion des négociateurs à Istanbul, sur la base des déclarations publiques de Vladimir Zelensky. Il a déclaré que l’Ukraine était prête à devenir un pays neutre, sans bloc et sans armes nucléaires, à condition qu’on lui fournisse des garanties de sécurité. Nous étions prêts à travailler sur cette base, étant entendu que l’accord prévoirait que les garanties de sécurité ne s’appliquent pas à la Crimée et au Donbass, comme les Ukrainiens l’avaient eux-mêmes suggéré. Immédiatement après cette proposition, qu’ils ont signée et nous ont remise, ils ont changé de position. Ils essaient maintenant de mener des pourparlers d’une manière différente. En particulier, ils veulent d’abord recevoir des garanties de sécurité de la part de l’Occident, alors qu’au départ, ces garanties auraient dû être convenues par tous ensemble, y compris la Russie.

Lorsque Vladimir Zelensky a déclaré qu’il était prêt à accorder à l’Ukraine un statut neutre de non-bloc, il a fait un sérieux pas en avant, que nous avons salué. Toutefois, par la suite, ses ministres et le président du Parlement ukrainien ont commencé à dire qu’ils devraient recevoir des garanties de sécurité, mais que l’objectif d’adhérer à l’OTAN (comme le stipule leur constitution) resterait inchangé. Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, et les Britanniques ont commencé à dire que si les Ukrainiens veulent préserver cet objectif, ils ont le droit de le faire. C’est de cela que je parle.

Maintenant, même l’OTAN ne convient pas aux Américains. Ils n’ont pas tenu leurs dernières réunions dans le cadre de l’OTAN (une réunion sur le soutien à l’Ukraine), mais ont simplement réuni des délégations, car les décisions de l’OTAN sont prises par consensus, et ils ont besoin de décider de toutes les questions rapidement et seuls.

 

Question : Peut-être que leur comportement a été affecté par ce qui s’est passé à Mariupol et à Buca. Dans les deux cas, vous avez parlé d’une mise en scène, d’une performance. Mais, par exemple, il y a quelques jours, CNN a diffusé une vidéo enregistrée par un drone le 13 mars, qui montre qu’il y avait des troupes russes dans ces rues avec les corps. Cela aurait-il pu provoquer un changement dans leur approche ? Où est la vérité concernant ces crimes de guerre ?

Sergey Lavrov : Il n’y a qu’une seule vérité ici. Le 30 mars, les troupes russes ont quitté Buca. Le jour suivant, le 31 mars, le maire de Buca, Anatoly Fedoruk, a proclamé la victoire devant les caméras de télévision en disant que la ville avait retrouvé une vie normale. Ce n’est que trois jours plus tard qu’ils ont commencé à montrer des photographies de ces corps. Je ne veux même pas entrer dans les détails, car c’est si manifestement faux que n’importe quel observateur sérieux peut le voir au premier coup d’œil.

Je ne sais pas ce qui a affecté les États-Unis. Lorsque les États-Unis déclarent solennellement et dramatiquement qu’il est impossible de supporter « tout cela », personne ne se souvient comment ils ont décidé qu’il y avait une menace pour leur sécurité à 10 000 kilomètres de leurs frontières : en Irak, en Afghanistan, en Libye ou en Yougoslavie en 1999. Personne ne doute que les États-Unis ont le droit de neutraliser ces menaces inventées (comme en Irak, où elles se sont avérées fausses) comme bon leur semble.

Nous avons averti à de nombreuses reprises au fil des ans qu’ils représentaient une menace pour les frontières russes, qu’il s’agissait d’une ligne rouge ; nous le répétons depuis de nombreuses années. Ils ont simplement acquiescé. Mais maintenant, je crois qu’ils ont pensé que le monde ne devait écouter que les États-Unis, parce que l’OTAN et l’ensemble de l’Union européenne ont accepté que leur maître siège à Washington. Et Washington a décidé que le monde devait être unipolaire. Si vous lisez les déclarations de leur secrétaire au Trésor, par exemple, ils le disent directement.

 

Question : Il y a quelques jours, votre ministère a publié une photo de votre prédécesseur, Andrey Gromyko, rencontrant le pape Paul VI. S’agit-il d’un appel au pape François pour qu’il joue le rôle de médiateur ?

Sergey Lavrov : Je pense qu’il s’agissait simplement de l’anniversaire de leur rencontre. Le ministère des Affaires étrangères publie des photos d’événements d’il y a 20, 30 ou 40 ans sur ses comptes de médias sociaux.

 

Question : Qui peut apporter la paix ? Existe-t-il une telle personne, un tel institut ou un tel pays ? Le président turc Recep Tayyip Erdogan, le président français Emmanuel Macron et le premier ministre italien Mario Draghi ont essayé. Qui peut faire démarrer un processus de paix qui aboutira à la signature d’un traité entre la Russie, l’Occident et l’Ukraine ?

Sergey Lavrov : C’est une bonne question, mais elle aurait dû être posée depuis longtemps. Tous les problèmes auraient pu être résolus pacifiquement par Petr Porochenko qui a été élu en 2014 sous le slogan « Paix dans le Donbass. » Puis il a déclenché la guerre. Le problème aurait pu être résolu par Vladimir Zelensky. Pendant sa campagne électorale, il s’est présenté comme le « président de la paix ». En décembre 2019, il a promis de respecter les accords de Minsk et d’adopter une loi accordant un statut spécial au Donbass au sein de l’intégrité territoriale ininterrompue de l’Ukraine. Il avait toutes les chances. Toutes les cartes et même les atouts étaient entre ses mains.

Vladimir Zelensky a choisi de dire publiquement et avec arrogance qu’il ne respectera jamais les accords de Minsk, car cela signifierait la chute de la nation et de l’État ukrainiens. Tous ceux qui ont rédigé et approuvé les accords de Minsk au Conseil de sécurité de l’ONU ont gardé le silence. Ils ont dit qu’il pouvait arrêter de les appliquer s’il le voulait, mais que la Russie devait continuer à le faire. C’est lui qui aurait pu apporter la paix.

Vladimir Zelensky peut également apporter la paix maintenant s’il cesse de donner des ordres illégaux à ses bataillons néonazis et les oblige à libérer tous les civils et à cesser de résister.

 

Question : Voulez-vous que Vladimir Zelensky se rende ? Est-ce la condition de la paix ?

Sergey Lavrov : Nous n’exigeons pas qu’il se rende. Nous exigeons qu’il donne l’ordre de libérer tous les civils et d’arrêter de résister. Notre objectif n’inclut pas le changement de régime en Ukraine. C’est la spécialité des États-Unis. Ils le font partout dans le monde.

Nous voulons assurer la sécurité des personnes dans l’est de l’Ukraine, afin qu’elles ne soient pas menacées par la militarisation et la nazification et qu’aucune menace contre la Fédération de Russie n’émane du territoire ukrainien.

 

Question : L’Italie s’inquiète de la suspension des livraisons de gaz par la Russie. Que se passe-t-il ?

Sergey Lavrov : Une chose simple dont tous les détracteurs de nos actions et tous ceux qui nous condamnent ces jours-ci ne veulent pas parler pour une raison quelconque. De l’argent nous a été volé (plus de 300 milliards de dollars). Tout simplement volé. Une grande partie de cette somme correspondait au paiement de fournitures de gaz et de pétrole. Cela n’a été possible que parce que Gazprom devait garder l’argent sur des comptes dans des banques occidentales (selon vos règles). Ils voulaient punir la Russie, alors ils l’ont volé.

Maintenant, ils suggèrent que nous continuions à commercer comme avant, et l’argent reste sur leurs comptes. Ils le voleront à nouveau quand ils le voudront. Voilà la raison. D’une manière ou d’une autre, personne n’en parle. Qu’est-il arrivé au journalisme honnête ?

Ce que nous proposons maintenant, c’est que les fournitures soient considérées comme payées non pas lorsque Gazprombank reçoit des euros ou des dollars, mais lorsqu’elles sont converties en roubles, qui ne peuvent pas être volés. C’est toute l’histoire. Nos partenaires le savent très bien. Notez que rien ne change pour les acheteurs. Ils paient toujours les sommes prévues dans le contrat en euros et en dollars. C’est ensuite converti.

Nous n’avons pas le droit de laisser tomber notre propre peuple et de permettre à l’Occident de continuer à voler.

 

Question : Il y a beaucoup de spéculations en Occident sur la santé du président Vladimir Poutine.

Sergey Lavrov : Demandez aux dirigeants étrangers qui se sont entretenus récemment avec le président Poutine, y compris le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres. Je pense que vous verrez ce que je veux dire.

 

Question : Le 9 mai approche. Vous allez célébrer la libération du nazisme en 1945. Moscou organise un défilé. Que se passera-t-il à cette date ? La fin de la « guerre » est-elle proche ?

Sergey Lavrov : Il y avait une tradition en Union soviétique, celle de faire quelque chose de grand et de fort pour une fête quelconque. Nos actions en Ukraine sont axées uniquement sur les objectifs que j’ai mentionnés. Ils ont été énoncés par le président russe Vladimir Poutine : protéger les civils et assurer leur sécurité, et neutraliser les menaces pour eux et pour la Russie liées aux armes offensives et à la nazification, que l’Occident s’efforce de minimiser.

J’ai vu des reportages sur NBC et lu le magazine américain National Interest. Des articles sérieux commencent à y apparaître, mettant en garde et prévenant contre le fait de flirter avec les nazis comme en 1935-1938.

Question : Le conflit prendra-t-il fin le 9 mai ? Y a-t-il des raisons de l’espérer ?

Sergueï Lavrov : Nos militaires ne vont pas artificiellement caler leurs actions sur une date quelconque, y compris le jour de la Victoire.

Nous observerons solennellement le 9 mai, comme nous le faisons toujours. Nous nous souviendrons de tous ceux qui sont morts pour libérer la Russie et les autres anciennes républiques de l’URSS, pour libérer l’Europe du fléau nazi.

Le rythme de l’opération en Ukraine dépend avant tout de la nécessité de minimiser les risques pour les civils et le personnel militaire russe.

Mnistère des affaires étrangères

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English interview

Foreign Minister Sergey Lavrov’s interview with Mediaset, Italian television network, Moscow, May 1, 2022

Question: After your statement about the possibility of a nuclear war, of the third world war, the whole world is asking: is there a real risk of that happening?

Sergey Lavrov: It looks like by the whole world you mean Western media and politicians. This is not the first time I note how skillfully the West twists what Russia’s representatives say. I was asked about the threats that are currently growing and about how real the risk of the third world war is. I answered literally the following: Russia has never ceased its efforts to reach agreements that would guarantee the prevention of a nuclear war. In recent years, it was Russia who has persistently proposed to its American colleagues that we repeat what Mikhail Gorbachev and Ronald Reagan did in 1987: adopt a statement reaffirming that there can be no winners in a nuclear war, and therefore it must never be unleashed.

We failed to convince the Trump Administration, because it had its own ideas on this issue. However, the Biden Administration agreed to our proposal. In June 2021, at a meeting between President of Russia Vladimir Putin and US President Joseph Biden in Geneva a statement was adopted on the inadmissibility of a nuclear war. Let me stress: this was done at our initiative.

In January 2022, five permanent members of the UN Security Council adopted a similar statement at the highest level, also at our initiative: there can be no winners in a nuclear war. It must never be unleashed. In order to achieve this goal, President Vladimir Putin proposed convening a summit of the five permanent members of the UN Security Council. This proposal was supported by our Chinese colleagues and France. The United States and the United Kingdom, which always defers to it, are holding back this important event for the time being.

After I said this, I urged everyone to exercise utmost caution not to escalate the existing threats. I was referring to the statement made by President Vladimir Zelensky in February that it had been a mistake for Ukraine to give up its nuclear weapons and it was necessary to acquire them again. There was also a statement made by the leadership of Poland about their readiness to deploy American nuclear weapons on their territory, and much more.

Somehow there were no questions from the media about the statements made by Vladimir Zelensky and Poland. Or after the statement by Foreign Minister of France Jean-Yves Le Drian, who said suddenly: Let us not forget that France also has nuclear weapons. This is what I was talking about. When Western journalists take words out of context and distort the meaning of what I or other Russian representatives actually said, this does them no credit.

Question: Several days ago, President Vladimir Putin said Russia had “unparalleled weapons.” What did he mean?

Sergey Lavrov: Everyone knows this well. Three years ago, during his Address to the Federal Assembly, President Vladimir Putin presented the latest Russian innovations. First of all, these included hypersonic weapons. He gave a frank and detailed explanation that Russia began developing them after the United States withdrew from the Anti-Ballistic Missile Treaty. Back then President George W. Bush, answering the question why his country was destroying this essential document, which ensured global stability to a large extent, told President Vladimir Putin they were going to withdraw from the treaty to create an anti-missile system that would not be aimed against Russia. He said they were concerned about North Korea and Iran, and “you can do whatever you want in response.” They will also consider this as not aimed against the United States.

We had no choice but to work on hypersonic weapons because we knew perfectly well that the US missile defence system would not be aimed at North Korea and Iran but against Russia and then China. We needed weapons that were guaranteed to overpower missile defences. Otherwise, a country that has missile defence systems and offensive weapons may be tempted to launch the first strike thinking that a response will be suppressed by its missile defence systems.

This is how we developed these weapons. They are described in detail in specialised publications. We don’t hide that we have them. We were even ready to hold talks with the US on including a discussion on the new systems that have already been developed or will be developed in the future in the treaty on strategic stability that would replace the current New START. Today the Americans have suspended all these talks. We will rely on our own resources.

Question: When UN Secretary-General Antonio Guterres was visiting Kiev, the city was hit by missile strikes. What would you say in response to Western media and President Vladimir Zelensky who regard these strikes as a provocation against the UN?

Sergey Lavrov: We gave constant warnings. When he announced the launch of the special military operation, President Vladimir Putin said it will be aimed against the military infrastructure in Ukraine used to oppress civilians in the east of the country and create a threat to the security of Russia. They know very well that we are attacking military targets in order to deprive the Ukrainian radicals and the Kiev regime of the opportunity to receive reinforcements in the form of weapons and ammunition.

On the other hand, I have not heard President Vladimir Zelensky say a word about a situation that is in no way related to either a military plant (whatever it is called) or any other military facilities. I mean the Tochka-U missile strikes at the centre of Donetsk over the recent weeks, or the civil railway station in Kramatorsk and several other places, including Kherson (just the day before yesterday). The reason for these strikes was clearly to terrorise civilians and prevent the people living in these regions from deciding their fate. The majority of people there are tired from the oppression they have been suffering all these years from the Kiev regime, which is increasingly becoming a tool in the hands of neo-Nazis, the United States and its closest allies.

Those who came to power after a bloody unconstitutional coup launched a war against their own people and against everything Russian, banning the Russian language, education, and media. They adopted laws promoting Nazi theories and practice. We have warned them. All our warnings met a wall of silence. As we understand now, back then the West led by the United States already intended to encourage the Ukrainian leaders (Petr Poroshenko and Vladimir Zelensky, who came after him) in every possible way in their desire to create threats for Russia.

Our warnings issued in November and December 2021 about the need to stop NATO’s reckless expansion to the east and agree on security guarantees that that will not be related to the accession of new countries to the military-political bloc were rejected. I would even say the answer we received was not very polite: “It’s none of your business,” “we will expand NATO as we wish,” and “we won’t ask for your permission.”

At the same time, the Ukrainian regime gathered about 100,000 troops along the conflict line with Donbass and intensified strikes thus violating the Minsk agreements and the ceasefire. We had no choice but to recognise these two republics, sign an agreement on mutual assistance with them and, upon their request, defend them from the militarists and Nazis who are flourishing in today’s Ukraine.

Question: This is how you see it, while Vladimir Zelensky puts it differently. He believes denazification doesn’t make any sense. He is a Jew. The Nazis, Azov – there are very few of them (several thousand). Vladimir Zelensky refutes your view of the situation. Do you believe Vladimir Zelensky is an obstacle to peace?

Sergey Lavrov: It makes no difference to me what President Vladimir Zelensky refutes or does not refute. He is as fickle as the wind, as they say. He can change his position several times a day.

I heard him say that they would not even discuss demilitarisation and denazification during peace talks. First, they are torpedoing the talks just as they did the Minsk agreements for eight years. Second, there is nazification there: the captured militants as well as members of the Azov and Aidar battalions and other units wear swastikas or symbols of Nazi Waffen-SS battalions on their clothes or have them tattooed on their bodies; they openly read and promote Mein Kampf. His argument is: How can there be Nazism in Ukraine if he is a Jew? I may be mistaken but Adolf Hitler had Jewish blood, too. This means absolutely nothing. The wise Jewish people say that the most ardent anti-Semites are usually Jews. “Every family has its black sheep,” as we say.

As for Azov, there is evidence being published now confirming that the Americans and especially the Canadians played a leading role in training the ultra-radical and clearly neo-Nazi units in Ukraine. During all these years, the goal was to insert neo-Nazis into the regular Ukrainian troops. Thus, the Azov fighters would play a leading role in every unit (battalion or regiment). I read such reports in Western media. The fact that the Azov battalion is clearly a neo-Nazi unit was recognised by the West without any hesitation until the situation in early 2022, when they began to change their minds as if on cue. Japan even apologised to Azov recently for having listed it as a terrorist organisation a few years ago because of its neo-Nazi ideology.

Journalists (from some Western media outlet) interviewed Vladimir Zelensky and asked him what he thought about Azov and the ideas that Azov preaches and puts into practice. He said there were many such battalions and “they are what they are.” I would like to emphasise that this phrase – “they are what they are” – was cut out by the journalist and it was not included in the interview that was aired. This means the journalist understands what this person says and thinks. He thinks about how the neo-Nazis can be used to fight Russia.

Question: There are several thousand or perhaps tens of thousands of neo-Nazi militants. Can their presence excuse the denazification of a country with the population of 40 million? There are such battalions as the Wagner Group, who also draw inspiration from neo-Nazi ideas, serving with the Russian troops.

Sergey Lavrov: We have discussed the Wagner Group a number of times with those who are interested in this topic. Wagner is a private military company that has nothing to do with the Russian state. We explained this to our French colleagues, too; they started to get nervous when the Wagner Group agreed with the Mali government to provide security services. Back in September 2021, my esteemed colleague Jean-Yves Le Drian, as well as Josep Borrell, said directly that Russia had no business in Africa, neither as a state nor with private military companies because Africa is the EU and France’s zone. This is what they said to me almost word for word.

We also explained the situation in Libya, whose authorities invited this private military company to the city of Tobruk, where the Libyan parliament is situated. Italy knows the Libyan situation very well. They are there on commercial terms, like in Mali. There is nothing like that in Ukraine, which has a huge number of mercenaries from Western countries. I believe the talk about the Wagner Group’s presence in Ukraine is nothing but a trick to distract attention from what our Western colleagues are doing. The situation around the confrontation at the Azovstal plant in Mariupol, as well as the stubborn, even hysterical desire of Vladimir Zelensky, his team and their Western patrons to evacuate all these people and send them to Ukraine can be explained by the fact that there are many people there who would confirm that there are mercenaries and maybe even acting officers of Western armies on the side of the Ukrainian radicals.

You have asked whether the elimination of several dozen (even thousand) Nazis’ influence is worth putting a country with a population of 40 million at risk. This question is not entirely correct. It is a matter of Russia’s fundamental security interests. We have been talking about it for several decades. Long before the coup, the West came to Ukraine (this was 20 years ago) and began to tell them that on the eve of each election they must decide whose side they are on: Europe’s or Russia’s. Later they started encouraging the initiatives that the Ukrainian leadership promoted to be as unlike the Russian Federation as possible. I have mentioned the persecution of the Russian language and the Russian media, the shutdown of Russian-language television channels, the ban on the sale of any printed products in Russian (both from Russia and those published in Ukraine), the Russian Orthodox Church, which is a sacred institution in our state and society, and the adoption of laws to promote Nazi theories and practice. These laws are not adopted for several tens of thousands of militants in radical battalions, but for the whole country.

Western Ukraine stopped celebrating the Victory in the Great Patriotic War. It happened a long time ago. The latest developments have nothing to do with it. They started destroying monuments to those who liberated Ukraine from the Nazis when they started celebrating the birthdays of those who collaborated with Hitler as national holidays (Shukhevich, Bandera and others, Waffen-SS fighters). They started to celebrate as a national holiday the day when the Ukrainian Insurgent Army was created, which was found guilty of collaborating with the Nazis at the Nuremberg Tribunal. This did not happen in the last two or three months but started many years ago. Even before the coup.

The coup took place the day after the French and Polish foreign ministers guaranteed a peaceful settlement in February 2014. The following morning, when the opposition overthrew the government, declared a hunt for the president and occupied the administrative building, we asked them why they could not use the power, the influence and authority of the EU to force the opposition to cooperate. The answer was incomprehensible: Viktor Yanukovych had left Kiev. Many people left their capitals. That same year, in 2014, there was a coup in Yemen. President Abdrabbuh Mansur Hadi also left the capital. The difference was that Viktor Yanukovych left Kiev for another city [in Ukraine], while Abdrabbuh Mansur Hadi fled to Saudi Arabia. Since that time and until recently, for eight long years, the entire progressive humanity headed by our European liberals demanded that President Abdrabbuh Mansur Hadi return as the legitimate leader of Yemen. But in Ukraine, when the President went to another city, there was no need to do anything anymore. We noted that the first statement made by those who staged the coup was about abolishing the regional status of the Russian language. They called on armed militants (also ultra-radicals) to storm the Supreme Council of Crimea. This is how it all began. Nobody wants to remember this now. The EU was humiliated by the thugs who seized power in Kiev following the coup just as the EU is now humiliated by its failure to enforce its decision to create a community of Serbian municipalities in Kosovo. With the EU’s mediation, Pristina and Belgrade agreed on this back in 2013, but the EU has shown its incompetence once again.

Question: What do you think Italy’s role is now?

Sergey Lavrov: Italy is at the forefront of those who not only adopt anti-Russian sanctions, but also put forward all sorts of initiatives. It was really strange for me to see it, but now we have become accustomed to the fact that Italy can be like that. I thought Italy and the Italian people have a slightly different view of their history and justice in the world, that they can tell the difference between black and white. I don’t want to be inaccurate, but in any case some statements made by politicians, not to mention articles in the media, go beyond all diplomatic and political propriety and far beyond journalistic ethics.

Question: Could you tell us what and who you are referring to?

Sergey Lavrov: Our embassy has sent us such materials and even filed a lawsuit because there was a violation of Italian law. I don’t want to go into detail now or repeat the nasty things that are being discussed. At least I don’t associate it with the Italian people, for whom I have the warmest feelings.

Question: Let us talk about the role of the United States. Joe Biden continues to openly support Ukraine, supply it with money and weapons; he says that there is an aggressor and Ukraine is under attack.

Sergey Lavrov: I have read a lot of things in the American and European media about the connections between Joe Biden’s family and Ukraine, so his attention to the current situation comes as no surprise. However, in addition to his personal interest, I cannot rule out that it is also about the fact that Washington is aware of the failure of its long-term strategy to turn Ukraine into a real threat to the Russian Federation and to make sure that Ukraine and Russia are not united and relations between them are not friendly.

In fact, this is not just about Joe Biden. When the Soviet Union broke up, the entire American elite was guided by the “legacy” of Zbigniew Brzezinski, who said Russia without Ukraine is just a regional power, nothing serious. They were guided by this logic when they pumped Ukraine with offensive weapons, encouraging its militarisation with a clear anti-Russia slant in every possible way, and drawing it into dozens of annual military exercises under the auspices of NATO. Many of those exercises were held in Ukraine. In 90 percent of cases, they were directed against Russia. We can also see now that the United States wants to bring its “anti-Russia” project (as President Vladimir Putin said) to a conclusion. We are increasingly hearing statements that “Russia must be defeated,” “we must defeat Russia,” “Ukraine must win,” and “Russia must lose.”

We agreed to the talks at the request of Vladimir Zelensky, and they started to gain momentum. In March, agreements were outlined at a negotiators’ meeting in Istanbul, based on what Vladimir Zelensky said publicly. He said Ukraine was ready to become a neutral, non-bloc, non-nuclear country if it is provided with security guarantees. We were ready to work on this foundation given the understanding that the agreement would envisage that the security guarantees do not apply to Crimea and Donbass, as the Ukrainians had themselves suggested. Immediately after this proposal of theirs, which they signed and handed over to us, they changed their position. Now they are trying to hold talks in a different way. In particular, they want to receive security guarantees from the West first, although initially these guarantees should have been agreed upon by everyone together, including Russia.

When Vladimir Zelensky said he was ready for Ukraine’s neutral non-bloc status, he made a serious step forward, which we welcomed. However, after that, his ministers and the Parliament speaker of Ukraine started saying that they should receive security guarantees but the goal of joining NATO (as stated in their constitution) will remain. Now NATO Secretary General Jens Stoltenberg and the British started saying that if the Ukrainians want to preserve this goal, they have the right to do so. This is what I am talking about.

Now even NATO does not suit the Americans. They didn’t hold their last meetings within the framework of NATO (a meeting on support for Ukraine), but simply gathered delegations, because NATO decisions are made by consensus, and they need to decide on all issues quickly and single-handedly.

Question: Perhaps their behaviour was affected by what happened in Mariupol and Bucha. In both cases, you spoke about a staged production, a performance. But, for example, a few days ago CNN broadcast a video recorded by a drone on March 13, which shows that there were Russian troops on those streets with the bodies. Could this have caused a change in their approach? Where is the truth regarding these war crimes?

Sergey Lavrov: There is only one truth here. On March 30, Russian troops left Bucha. The following day, on March 31, Bucha Mayor Anatoly Fedoruk proclaimed victory in front of television cameras saying that the city had returned to normal life. Only three days later they began to show photographs of these bodies. I don’t even want to go into detail, because it is so obviously fake that any serious observer can see it at a glance.

I don’t know what affected the US. When the US declares solemnly and dramatically that it is impossible to endure “all this,” no one remembers how the US decided that there was a threat to its security 10,000 kilometres away from its borders: in Iraq, Afghanistan, Libya, or Yugoslavia in 1999. No one has any doubt that the US has the right to neutralise those made-up threats (like in Iraq, where it turned out to be fake) in any way it likes.

We warned many times over the years that they are posing a threat to the Russian borders, that this is a red line; we have been saying it for many years. They just nodded. But now I believe they thought the world should only listen to the US, because NATO and the entire European Union accepted that their master sits in Washington. And Washington decided that the world should be unipolar. If you read the statements made by their Secretary of the Treasury, for example, they say so directly.

Question: Several days ago, your Ministry published a photo of your predecessor, Andrey Gromyko, meeting with Pope Paul VI. Is this a call for Pope Francis to act as mediator?

Sergey Lavrov: I think it was simply the anniversary of their meeting. The Foreign Ministry is posting photos of events from 20, 30, or 40 years ago on its social media accounts.

Question: Who can bring peace? Is there such a person, institute, or country? President of Turkey Recep Tayyip Erdogan, and President of France Emmanuel Macron, and Prime Minister of Italy Mario Draghi have tried. Who can get a peace process started that will result in Russia, the West and Ukraine signing a treaty?

Sergey Lavrov: It is a good question, but long overdue. All problems could have been solved peacefully by Petr Poroshenko who was elected in 2014 under the slogan “Peace in Donbass.” Then he started the war. It could have been solved by Vladimir Zelensky. During his election campaign, he presented himself as the “president of peace.” In December 2019, he promised to fulfill the Minsk agreements and adopt a law granting a special status to Donbass within the unbroken territorial integrity of Ukraine. He had every chance. All the cards and even the trump cards were in his hands.

Vladimir Zelensky chose to say publically and arrogantly that he will never abide by the Minsk agreements because allegedly this would mean the fall of the Ukrainian nation and state. Everyone who drafted and approved the Minsk agreements at the UN Security Council kept silent. They said that he could stop implementing them if he wanted but Russia should continue to. That’s who could have brought peace.

Vladimir Zelensky can also bring peace now if he stops giving illegal orders to his neo-Nazi battalions and makes them release all civilians and stop resisting.

Question: Do you want Vladimir Zelensky to surrender? Is this the condition for peace?

Sergey Lavrov: We are not demanding that he surrender. We are demanding that he give the order to release all civilians and to stop resisting. Our goal does not include regime change in Ukraine. This is the specialty of the US. They do it all over the world.

We want to ensure the safety of people in eastern Ukraine, so that they won’t be threatened by militarisation and nazification and that no threats against the Russian Federation emanate from Ukrainian territory.

Question: Italy is concerned that Russia is suspending gas supplies. What is going on?

Sergey Lavrov: A simple thing that all the critics of our actions and everyone who condemns us these days do not want to talk about for some reason. Money was stolen from us (over $300 billion). Just stolen. A large part of the sum was payment for gas and oil supplies. It was only possible because Gazprom had to keep money in accounts in Western banks (according to your rules). They wanted to punish Russia, so they stole it.

Now they suggest we continue trading as before, and the money remains in their accounts. They will steal it again when they want to. This is the reason. Somehow no one talks about it. What happened to honest journalism?

What we are now proposing is that supplies should be considered paid for not when Gazprombank receives euros or dollars but when they are converted into roubles, which cannot be stolen. That’s the entire story. Our partners know this very well. Note that nothing changes for the buyers. They still pay the sums specified in the contract in euros and dollars. It is converted after that.

We have no right to let our own people down and allow the West to keep up its thieving ways.

Question: There is a lot of speculation in the West about President Vladimir Putin’s health.

Sergey Lavrov: Please ask foreign leaders who have talked with President Putin recently, including UN Secretary-General Antonio Guterres. I think you will see what I mean.

Question: May 9 is nearing. You will be celebrating the liberation from Nazism in 1945. Moscow is holding a parade. What will happen by this time? Is the end of the “war” near?

Sergey Lavrov: There was a tradition in the Soviet Union, to do something big and loud for some holiday. Our actions in Ukraine are focused solely on the objectives I have mentioned. They were set forth by President of Russia Vladimir Putin: to protect civilians and ensure their safety, and neutralise threats to them and to Russia related to offensive weapons and nazification, which the West is trying hard to downplay.

I have seen reports on NBC and read the American magazine National Interest. Serious articles are beginning to appear there, warning and cautioning against flirting with the Nazis like in 1935-1938.

Question: Will the conflict end by May 9? Is there any reason to hope it will?

Sergey Lavrov: Our servicemen will not artificially time their actions to any date, including Victory Day.

We will solemnly observe May 9, like we always do. We will remember everyone who died to liberate Russia and other former USSR republics, to liberate Europe from the Nazi plague.

The pace of the operation in Ukraine depends first of all on the need to minimise risks for civilians and Russian military personnel.

Fin

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