Il y a plus de six ans, Emmanuel Macron a fait des efforts extraordinaires lorsqu'il était ministre de l'économie du gouvernement socialiste de François Hollande, pour soutenir la campagne de lobbying d'Uber afin de l'aider à perturber le secteur fermé des taxis en France, allant jusqu'à dire à l'entreprise technologique qu'il avait négocié un "accord" secret avec ses opposants au sein du cabinet français. En visite chez STMicroelectronics en Isère, à Crolles, dans le sud-est de la France, Macron a déclaré hier qu'il s'engageait à "recommencer demain". Pourtant la société Uber est accusée de n'avoir quasiment pas payé d'impôts en France, de faire de la dérégulation sociale. Selon Radio France, les Uber Files montrent que l’expansion du géant du transport Uber s’est accompagnée d’une optimisation fiscale, au détriment des chauffeurs et des utilisateurs avec une filiale implantée aux Bermudes et la bienveillance des Pays-Bas : "Pour payer le moins d’impôts possibles, Uber a toujours affirmé qu'elle n'était pas une société de transport, mais un simple opérateur de plateforme numérique mettant en relation des usagers et des chauffeurs, qui sont des entrepreneurs indépendants et non des employés. Cette définition permet à l'entreprise d'éviter le versement de cotisations de sécurité sociale et la perception de TVA sur les trajets. Mais Uber a fait plus que cela. Elle a créé une filiale aux Bermudes, qui détenait jusqu’en 2019 ses brevets en matière de technologie de transport." (Lire aussi :Capital.fr - L’impôt lilliputien payé par Uber en France). Enfin, selon Le Monde, "pour sa première campagne, en 2016-2017, Emmanuel Macron a reçu le soutien de très nombreux défenseurs du modèle promu par Uber, y compris de la part de son ancien lobbyiste en chef en Europe". Y a-t-il financement de sa campagne par Uber à l'époque, c'est une question qui pourrait se poser également ? Que Macron, en tant que ministre libéral se voyant comme un héritier de Tatcher, puisse soutenir intensivement l'implantation d'une entreprise US comme Uber est une chose mais qu'il dise qu'il s'en contre-fiche en tant que président sachant les nombreuses accusations envers cette entreprise posent problème.
Mais cela ne semble pas déranger Macron qui a déclaré pas plus tard qu'hier avec la morgue qu'on lui connaît : "Ça m’en touche une sans faire bouger l’autre". Go on Macron !
Emmanuel Macron : "Ca m'en touche une sans faire bouger l'autre"
Lire aussi :
- Mediapart 13.07.22 Macron ou l’ubérisation de l’éthique
- The Guardian Emmanuel Macron ‘proud’ of supporting Uber’s lobbying drive in France
...Macron a déclaré qu'il était fier de soutenir la société de taxis étatsunienne Uber et qu'il "le referait demain et après-demain", après les révélations sur ses efforts pour aider la société à faire pression contre l'industrie française des taxis à circuit fermé. Plusieurs personnalités politiques françaises, de la gauche à l'extrême droite, ainsi que le dirigeant du syndicat de gauche CGT, ont demandé une enquête parlementaire sur les rapports selon lesquels M. Macron a eu des réunions secrètes non déclarées avec Uber lorsqu'il était ministre de l'économie de 2014 à 2016 et qu'il a dit à Uber qu'il avait négocié un "accord" avec le cabinet socialiste amèrement divisé alors au pouvoir sous François Hollande...
Emmanuel Macron accusé d'avoir aidé l'entreprise Uber : " J'assume à fond et j'en suis fier "
- RMC "Ça m'en touche une...": après les "Uber files", les mots d'Emmanuel Macron font réagir l'opposition
Il persiste et il signe. Alors que l’opposition attendait ses explications depuis deux jours sur les révélations "Uber Files", une enquête qui montre que le président aurait joué les lobbyistes pour aider Uber à s'implanter en France, Emmanuel Macron "assume à fond" selon sa propre expression. En déplacement en Isère, il reconnaît volontiers avoir reçu les dirigeants d'Uber lorsqu'il était ministre de l'Économie. Et il s'estime "hyper fier" d'avoir contribué à la création d'emplois en France. Emmanuel Macron a même emprunté une formule chiraquienne: " Ça m’en touche une sans faire bouger l’autre"...