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Covid: de nouveaux vaccins adaptés à Omicron pourraient être approuvés sans essai clinique (France Soir)

par France Soir 14 Août 2022, 13:24 Vaccin Bourla Pfizer Coronavirus Essais Articles de Sam La Touch

Des vaccins nouvelles générations contre le Covid-19, plus adaptés au variant Omicron, pourraient être déployés sur le marché européen à l'automne 2022 sous réserve d'une approbation délivrée par l'Agence européenne des médicaments (EMA). Fabriqués par les firmes Pfizer / BioNTech, pour deux d'entre eux, et par Moderna pour le troisième, tous ciblent le variant Omicron et ses sous-lignages. 

Le géant pharmaceutique Pfizer a déposé deux demandes d’approbation. La première, faite le 22 juillet, concerne un vaccin qui cible la souche du variant Omicron BA.1. La seconde, effectuée le 8 août, est une demande d’agrément pour un vaccin qui cible les sous-variants d’Omicron BA.4 et BA.5. 

De son côté, la biotech Moderna a déposé le 22 juillet 2022 auprès de l’EMA une demande d'approbation pour un candidat vaccin qui cible le variant BA.1. 

La demande d'évaluation a déjà commencé alors qu'aucun essai clinique sur ces nouvelles thérapies géniques n'a été entrepris ou terminé. Par conséquent, se pose la question de savoir sur quelles données de la science le régulateur européen va-t-il fonder son jugement pour approuver ou non les nouveaux candidats vaccins avant de les déployer en population générale. 

Rappel de la situation épidémiologique

À la fin de l’année 2021, le variant Omicron supplantait le variant Delta pour s’imposer dans le monde entier. Beaucoup plus contagieux, mais beaucoup moins létal que la souche sauvage de Wuhan et les variants Alpha et Delta, celui-ci est néanmoins responsable d’une hausse très importante des cas de Covid-19 dans le monde. Malgré les multiples mutations observées sur le variant Omicron et le phénomène ADE (Antibody Dependant Enhancement traduit en français par facilitation par les anticorps) induit suite à une perte d'affinité et/ou de spécificité des anticorps pour l'antigène, les campagnes de vaccinations ont continué avec le vaccin initial élaboré à partir de la protéine Spike de la souche sauvage de Wuhan.

Cependant, en l'absence de résultats probants tant sur le plan de la contamination que celui de la transmission, la communauté scientifique a dû reconnaître que ces vaccins étaient devenus obsolètes ou peu efficaces depuis l'arrivée d'Omicron, puis des sous-lignages de ce variant. 

La nouvelle situation épidémique a obligé les laboratoires pharmaceutiques à réagir rapidement. En janvier 2022, le PDG de Pfizer, Albert Bourla, avait annoncé qu’une nouvelle version du vaccin anti-Covid-19 adaptée à Omicron serait prête d'ici au mois de mars 2022.

« Nous travaillons d’ailleurs déjà sur une nouvelle version du même vaccin qui permettra de couvrir les anciens variants, mais également Omicron contre les contaminations, les hospitalisations et les décès. Nous travaillons aussi sur d’autres combinaisons et nous saurons laquelle fonctionne le mieux au mois de mars. »   

« Nous travaillons d’ailleurs déjà sur une nouvelle version du même vaccin qui permettra de couvrir les anciens variants, mais également Omicron contre les contaminations, les hospitalisations et les décès. Nous travaillons aussi sur d’autres combinaisons et nous saurons laquelle fonctionne le mieux au mois de mars. »    

 

De son côté, l’entreprise Moderna avait également fait savoir qu’elle travaillait également sur un vaccin qui devait apporter une réponse immunitaire adaptée aux nouveaux variants. 

« Nous discutons actuellement avec des responsables sanitaires du monde entier pour décider de ce que nous pensons être la meilleure stratégie pour le rappel potentiel pour l’automne 2022 », avait déclaré en janvier 2022 Stéphane Bancel sur CNBC.

« Nous pensons qu’il contiendra Omicron », avait-il ajouté avant de laisser entendre que les nouvelles doses pourraient aussi inclure « d’autres éléments ».

Les composantes de ces nouveaux vaccins

Quelles sont les caractéristiques des nouveaux vaccins de Pfizer et Moderna ? Il s'agit de vaccins bivalents. Deux nouveaux sérums, l'un de la biotech Moderna, l'autre de l'entreprise pharmaceutique Pfizer / BioNTech, contiennent tous deux la séquence ARN de la protéine Spike de la souche sauvage de Wuhan à laquelle a été ajoutée la séquence ARN du variant BA.1. L'autre sérum fabriqué par la firme Pfizer / BioNTech contient, lui aussi, la séquence ARN de la protéine Spike de la souche sauvage de Wuhan, à laquelle les chercheurs ont ajouté les séquences ARN de la protéine Spike des nouveaux sous-lignages BA.4 et BA.5.

Le calendrier européen en matière de politique vaccinale

Mardi 9 août, la Commission européenne a réservé 15 millions de doses de la nouvelle version du vaccin anti-Covid de Moderna. Arnaud Cheret, le directeur médical de Moderna France avait déclaré à Ouest-France en juillet : « La production est déjà lancée, en attendant, bien évidemment, l’approbation indispensable par les autorités réglementaires ». 

Lorsqu’on va sur le site de l’Agence européenne des médicaments (EMA) et que l’on entre dans la section intitulée « Key development since authorization », on constate qu’il est inscrit en date du 22 juillet 2022 que l’agence a commencé à examiner la demande d’approbation déposée par la biotech Moderna pour son nouveau vaccin. « Début de l'évaluation de la demande d'un vaccin bivalent Spikevax avec des brins d'ARNm correspondant à ceux du SARS-CoV-2 original et ceux du variant Omicron BA.1 » est l’information exacte donnée sur le site internet du régulateur européen.

Le même processus d'évaluation est en cours pour le nouveau candidat vaccin Comirnaty de Pfizer / BioNTech, également déposé le 22 juillet 2022 et qui contient lui aussi des brins de la souche sauvage de Wuhan et du variant Omicron BA.1.

Par ailleurs, le 8 août 2022, Pfizer / BioNTech a également déposé une autre demande d'agrément pour un vaccin qui contient les brins d'ARN de la souche sauvage de Wuhan et d'ARN des sous-variants BA.4 et BA.5 d'Omicron. 

Sur le site du régulateur européen, il est précisé que « l'examen portera initialement sur les données des études de laboratoire (données non cliniques) et sur les données relatives à la chimie, à la fabrication et aux contrôles, qui concernent la fabrication du vaccin ».

Par là, il faut comprendre que ces candidats vaccins pourraient se voir délivrer une approbation sans qu'aucun essai thérapeutique n'ait démontré que le traitement était suffisamment actif et non toxique pour obtenir une autorisation d'utilisation, même en urgence.

La question qui demeure à propos de ces projets d'approbations est de savoir comment l'Agence européenne des médicaments va-t-elle pouvoir réussir à évaluer ces trois candidats vaccins en l'absence d'étude clinique effectuée selon les bonnes pratiques cliniques.

Vérifier l'efficacité, la tolérance et l'innocuité d'un nouveau traitement ou d'un nouveau vaccin demande un minimum de recul puisque les personnes qui ont participé à l'essai doivent faire l'objet d'un suivi pendant plusieurs mois, voire plusieurs années avant de proposer des nouveaux produits thérapeutiques en population générale. 

Or, comme l'explique Jean-Jacques Devic, dans le cadre des deux nouveaux candidats vaccins bivalents ciblant le BA.1 : « Quelques fabricants sont en train de "tester", ou ont déjà testé cliniquement la réponse immunogène humorale des vaccins modifiés contenant Wuhan + Omicron BA.1 ». Ces études effectuées rapidement ont été réalisées pour contrôler essentiellement le niveau d'anticorps et « ne peuvent pas être démonstratives ni garantes d'une sécurité d'emploi pour tout nouveau variant » alors même que « cette souche BA.1, disparue depuis février 2022, est relativement éloignée au niveau phylogenèse de BA.4 et 5 ». Par conséquent, ces études ont essentiellement servi au Comité d'évaluation des vaccins de la FDA Vaccines and Related Biological Products Advisory (VRBPAC), le 28 juin dernier, pour faire « accepter » par l'agence américaine le vaccin génique bivalent (souche sauvage de Wuhan + souche Omicron BA.1).

Par ailleurs, comme on peut le vérifier en allant sur le site clinicaltrials.gov, deux études thérapeutiques sur ces nouveaux vaccins ont été mis en ligne. Les deux études concernent les thérapies géniques ciblant le variant BA.1. L'examen du document de Pfizer / BioNTech montre que l'étude n'aurait pas commencé puisqu'il est indiqué que la firme « cherche de nouveaux participants âgés de 18 à 55 ans, en bonne santé (qui peuvent avoir une maladie préexistante si elle est stable) ». Quant à celui de Moderna, il aurait démarré en juin 2022 avec une petite cohorte de 150 personnes. Randomisé et en double aveugle, les résultats définitifs ne seraient pas attendus avant le mois de juin 2023.

Aucun projet d'étude clinique n'a été trouvé pour le candidat vaccin de Pfizer / BioNTech destiné à cibler les sous-lignages BA.4 et BA.5. 

Si l'Agence européenne des médicaments donnait son approbation, l'administration de ces nouveaux vaccins pourrait commencer en population générale sans qu'aucune information en matière d'efficacité sur le moyen et long terme, ou même de toxicité, ait fait l'objet d'une quelconque évaluation des résultats au regard des bonnes pratiques cliniques.

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