6 millions d'Afghans risquent la famine car les États-Unis refusent de rendre 7 milliards de dollars de fonds saisis.
Article originel : 6 Million Afghans Facing Famine as US Refuses to Return $7 Billion in Seized Funds
Par Brett Wilkins
Common Dreams, 30.08.22
"Biden devrait immédiatement annuler son décret ", a déclaré un humanitaire. "Avec des millions d'Afghans appauvris et affamés, les États-Unis doivent rendre au peuple afghan ce qui lui revient de droit."
Le chef de l'aide humanitaire des Nations unies a lancé lundi des appels à la reprise de l'aide humanitaire à l'Afghanistan, qui a pris fin après la reconquête par les talibans de ce pays ravagé par la guerre il y a un an. Ces appels ont été lancés alors que six millions d'Afghans sont confrontés à la famine et que l'administration Biden continue de refuser de restituer des milliards de dollars de fonds gelés.
"Les États-Unis continuent de punir collectivement le peuple afghan. Pour des millions d'Afghans confrontés à la famine, la guerre n'a jamais pris fin."
"Le peuple afghan continue de faire face à des difficultés extrêmes et à l'incertitude", a déclaré Martin Griffiths, secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et coordonnateur des secours d'urgence de l'ONU, au Conseil de sécurité de l'organisation mondiale.
Notant que le plan de réponse humanitaire des Nations unies pour l'Afghanistan est actuellement confronté à un déficit de plus de 3 milliards de dollars, M. Griffiths a appelé les donateurs à fournir immédiatement 754 millions de dollars d'aide pour aider les Afghans à survivre à l'hiver prochain.
"Près de 19 millions de personnes sont confrontées à des niveaux aigus d'insécurité alimentaire, dont six millions de personnes menacées de famine", a-t-il averti. "Plus de la moitié de la population - quelque 24 millions de personnes - a besoin d'une aide humanitaire. Et on estime que trois millions d'enfants souffrent de malnutrition aiguë. Parmi eux, plus d'un million d'enfants souffriraient de la forme de malnutrition la plus sévère et la plus dangereuse pour la vie. Et sans traitement spécialisé, ces enfants pourraient mourir."
M. Griffiths a poursuivi :
Cette crise de malnutrition est alimentée par une sécheresse récurrente, dont la pire en trois décennies en 2021, et dont les effets perdurent. Huit Afghans sur dix boivent de l'eau contaminée, ce qui les rend vulnérables à des épisodes répétés de diarrhée aqueuse aiguë. Environ 25 millions de personnes vivent aujourd'hui dans la pauvreté et les trois quarts de leurs revenus sont consacrés à l'alimentation. Le nombre de ménages recevant des envois de fonds a diminué de 50 %, le taux de chômage pourrait atteindre 40 % et l'inflation augmente en raison de la hausse des prix mondiaux, des restrictions à l'importation et de la dépréciation de la monnaie.
"Ces couches incessantes de crise persistent donc à un moment où les communautés sont déjà en difficulté", a ajouté M.Griffiths. "En juin, un tremblement de terre de magnitude 5,9 a touché plus de 360 000 personnes vivant dans des zones d'impact de haute intensité. Et depuis juillet, de fortes pluies ont entraîné des crues soudaines et massives dans tout le pays, et même dans la région, tuant et blessant des centaines de personnes, et détruisant des centaines de maisons ainsi que des milliers d'hectares de cultures."
Les Talibans, qui ont combattu pendant deux décennies pour évincer les forces dirigées par les États-Unis et le gouvernement afghan soutenu par la coalition, dans une guerre qui a fait plus de 170 000 morts, n'étant officiellement reconnus par aucune nation et faisant l'objet de sanctions internationales, il est difficile d'acheminer l'aide humanitaire dans le pays.
La politique étatsunienne exacerbe la crise. Malgré les appels d'économistes et d'humanitaires, l'administration Biden continue de retenir environ 7 milliards de dollars de fonds de la banque centrale afghane stockés à la Banque fédérale de réserve de New York.
Lundi, un juge fédéral étatsunien a conclu que les proches des victimes des attentats du 11 septembre 2001 contre les États-Unis ne devraient pas être autorisés à réclamer des milliards de dollars des fonds gelés pour régler des jugements contre les Talibans, qui ont hébergé le chef d'Al-Qaida Oussama ben Laden avant de proposer, sans succès, de le livrer pour être jugé dans un pays tiers au début de l'invasion menée par les États-Unis. Toutefois, un autre juge peut décider d'accepter ou non cette conclusion.
Traduction SLT