Les juges d’instruction clôturent l’enquête sur les financements libyens de Nicolas Sarkozy
L'Obs, 24.10.22
Info Obs. Les magistrats instructeurs ont notifié le 21 octobre la fin des investigations aux différents mis en examen de ce dossier tentaculaire, dont l’ex-chef de l’Etat, qui est soupçonné d’avoir bénéficié de l’argent du régime Kadhafi lors de sa campagne présidentielle de 2007.
Après neuf années d’investigations, l’enquête sur les soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle 2007 de Nicolas Sarkozy touche à sa fin. Selon nos informations, les magistrats instructeurs ont notifié le 21 octobre aux différents mis en examen leur avis de fin d’information. Une étape importante dans ce tentaculaire dossier.
En d’autres termes, cela signifie que les juges estiment que les investigations leur paraissent désormais terminées et qu’ils communiquent le dossier au Parquet national financier (PNF). Ce dernier dispose d’un délai de trois mois pour adresser ses réquisitions. Ensuite, ce sera au tour des juges d’instruction d’ordonner ou non le renvoi des différents protagonistes vers un procès devant le tribunal correctionnel de Paris.
Dans cette affaire, qui aura mené les juges d’instruction dans de multiples pays (Libye, Arabie Saoudite, Emirats, Djibouti, Suisse, Liban, Malaisie...), treize personnes ont été mises en examen à ce jour. A commencer par Nicolas Sarkozy, pour corruption passive, financement illégal de campagne électorale, recel de fonds publics libyens et association de malfaiteurs, ainsi que plusieurs de ses proches comme les deux anciens ministres Claude Guéant et Brice Hortefeux, Thierry Gaubert et Eric Woerth, ancien trésorier de la campagne, mais également l’intermédiaire Ziad Takieddine, l’homme d’affaires Alexandre Djouhri - mis en examen notamment pour corruption mais pas pour le financement illégal -, Béchir Saleh, l’ancien grand argentier de Kadhafi, et Khaled Bugshan, un des hommes les plus fortunés d’Arabie saoudite… Lesquels contestent tous les faits reprochés.
Les revirements de Ziad Takieddine
Les premières accusations de financements libyens de la campagne 2007 de Nicolas Sarkozy remontent à mars 2011. Elles avaient été lancées par Saïf al-Islam Kadhafi, le fils de Mouammar Kadhafi, lors d’une interview accordée à Euronews. A l’époque, le régime libyen était confronté à une importante vague de protestation et la France venait de prendre position en faveur des contestataires.
Dans l’entre-deux-tours de la présidentielle de 2012, Mediapart publiait un document dont l’authenticité fera ensuite débats : dans cette note attribuée au chef des services secrets libyens, il était évoqué l’accord de Kadhafi pour financer la précédente campagne à hauteur de 50 millions d’euros à la suite d’un rendez-vous s’étant déroulé le 6 octobre 2006 en présence de Brice Hortefeux et de Ziad Takieddine.
En janvier 2013, le procureur de la République de Paris saisissait l’Office central de Lutte contre la Corruption et les Infractions financières d’une enquête préliminaire des chefs de corruption, d’abus de biens sociaux et de blanchiment. Cela faisait notamment suite aux déclarations effectuées, le 19 décembre 2012, par l’intermédiaire Ziad Takieddine lors d’un interrogatoire dans une information judiciaire distincte. Le 19 avril 2013, une information judiciaire contre X était ouverte.
Lors de ses interrogatoires suivants, Ziad Takieddine reconnaîtra ensuite avoir lui-même remis 5 millions d’euros en liquide à Claude Guéant destinés à financer la campagne électorale. Devant les magistrats instructeurs, il affirmera à plusieurs reprises détenir les preuves de ces financements, promettant de les remet...