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Qatar Connection : Quand la France et le Qatar programmaient la guerre en Syrie (Blast)

par Blast 17 Octobre 2022, 20:20 Qatar BHL Sarkozy Syrie Assad France Impérialisme Néocolonialisme

Qatar Connection : Quand la France et le Qatar programmaient la guerre en Syrie
Blast, 5.11.21


Note de SLT : Il est fort probable que d'autres acteurs internationaux de premier plan aient participé au lancement de cette guerre, la France et le Qatar en sont des rouages notables mais sans doute pas les plus conséquents.

Qatar Connection : Quand la France et le Qatar programmaient la guerre en Syrie (Blast)

Après la chute de Tripoli en septembre 2011 grâce à l’engagement militaire de la France - que Doha aurait financé, selon un document publié hier par Blast -, le Qatar a écrit le scénario de la chute espérée d’un autre dictateur, Bashar El-Assad, en présence d’un surprenant envoyé de la France : Bernard-Henri Lévy. C’est ce qu’indique un nouveau compte-rendu des autorités qataries, dont nous révélons le contenu.

 

* Des corrections prenant en compte les critiques reçues ont été apportées à l'article

Pousser son avantage... Dans les écoles de guerre, la règle est d’or : avancer et imprimer le mouvement, quoi qu’il en soit, dès que la brèche est ouverte, pour profiter du contexte et marquer les esprits. Le 15 septembre 2011, quand il vient en Libye célébrer la prise de Benghazi, Nicolas Sarkozy l’a-t-il en tête, cette doctrine conquérante ?

 

Ce jour-là, accompagné de David Cameron, le Premier ministre britannique, et d’Alain Juppé, son ministre des Affaires étrangères, le chef de l’Etat français est aussi flanqué d’un autre homme. Son rôle justifie sa présence. L’homme s’est beaucoup démené pour convaincre le président de la République d’engager la France dans cette aventure. Bernard-Henri Lévy est aussi celui qui a préparé les esprits, multipliant les interventions dans les médias, où il a micro ouvert. Ce jeudi 15 septembre 2011, à Benghazi, dans l’effervescence d’une « libération », le philosophe/cinéaste/homme d’affaires jubile. Quelques jours plus tard, un convoi est intercepté sur la route de Syrte : le 11 octobre 2011, le « frère guide » Mouammar Kadhafi achève dans des conditions sur lesquelles la lumière n’a jamais été faite un parcours entamé quelques kilomètres plus loin, au milieu du désert où il est né 69 ans plus tôt. Pour la présidence française, le triomphe est total. Pour quel avenir ? C’est une autre histoire. Et en ces de jours de gloire, les parrains et financiers de l’opération libyenne, en France comme au Qatar, regardent vers un nouvel objectif.

Le 15 septembre 2011, après un discours, le président Nicolas Sarkozy s’offre un bain de foule. A ses côtés, Bernard-Henri Lévy savoure également le moment. Image France 3.

Le 15 septembre 2011, après un discours, le président Nicolas Sarkozy s’offre un bain de foule. A ses côtés, Bernard-Henri Lévy savoure également le moment. Image France 3.

Un homme connu

Le nouveau document que nous révélons est aussi un compte-rendu de réunion, comme celui sur le déjeuner de l’Elysée de novembre 2010.  Il porte une date, le 20 septembre 2011, mais ne précise pas en revanche où elle s’est tenue.

Cette rencontre dont ce document fait état réunit le chef du gouvernement de Doha et un émissaire de Paris. L’homme qui fait face au Sheikh Hamad Bin Jassem Bin Jabr Al-Thani, président du conseil des ministres (et ministre des Affaires étrangères) est présenté comme étant le « conseiller et envoyé spécial de son Excellence le président Français Nicolas Sarkozy ». Il s’appelle... Bernard-Henri Lévy ! Le même homme présent à Benghazi 10 mois plus tôt. Et celui qui affirmait en avril dernier, alors que Blast venait de publier un premier document évoquant sa relation avec Doha, n’avoir « jamais eu le moindre contact, d’aucune sorte, avec le Qatar »... 

Sous la mention « Très confidentiel », la première des 5 pages du « Rapport de réunion » livre le nom des deux participants, dont celui du « conseiller et envoyé spécial » ainsi que la date de cette rencontre. Document Blast.

Sous la mention « Très confidentiel », la première des 5 pages du « Rapport de réunion » livre le nom des deux participants, dont celui du « conseiller et envoyé spécial » ainsi que la date de cette rencontre. Document Blast.

La surprise, forcément, est de taille, d’autant que BHL avait également demandé à la justice de censurer notre enquête – une démarche soldée par un échec devant la 17ème chambre du tribunal de justice de Paris (1). Et les propos prêtés au globe-trotter écrivain par le procès-verbal que nous rendons public aujourd’hui ont de quoi donner le tournis : « Nous sommes fiers de notre partenariat avec vous, peut-on lire dans ce compte-rendu dans une intervention attribuée au médiatique philosophe. Nous avons réussi à atteindre nos buts communs en Lybie. La France n’oubliera pas l’énorme rôle qu’a joué le Qatar en vue d’assurer l’approvisionnent de l’Europe en énergie pour des décennies à venir, ni le rôle qu’il continue de jouer pour soutenir les révoltes des pays dans leur lutte pour la liberté et la démocratie et la construction d’un nouveau Moyen-Orient exempt de toute forme de dictature ». C’est au nom de ce « partenariat » que l’hôte du chef du gouvernement qatari pose, si on donne foi à ce procès-verbal, la prochaine étape : « Et il n’y aura de nouveau Moyen-Orient ni de stabilité qu’avec le départ du Président Al Assad et des autres régimes dictatoriaux de la région. »

spécial » ainsi que la date de cette rencontre. Document Blast.       Au nom du « partenariat »  La surprise, forcément, est de taille, d’autant que BHL avait également demandé à la justice de censurer notre enquête – une démarche soldée par un échec devant la 17ème chambre du tribunal de justice de Paris (1). Et les propos prêtés au globe-trotter écrivain par le procès-verbal que nous rendons public aujourd’hui ont de quoi donner le tournis : « Nous sommes fiers de notre partenariat avec vous, peut-on lire dans ce compte-rendu dans une intervention attribuée au médiatique philosophe. Nous avons réussi à atteindre nos buts communs en Lybie. La France n’oubliera pas l’énorme rôle qu’a joué le Qatar en vue d’assurer l’approvisionnent de l’Europe en énergie pour des décennies à venir, ni le r

spécial » ainsi que la date de cette rencontre. Document Blast. Au nom du « partenariat » La surprise, forcément, est de taille, d’autant que BHL avait également demandé à la justice de censurer notre enquête – une démarche soldée par un échec devant la 17ème chambre du tribunal de justice de Paris (1). Et les propos prêtés au globe-trotter écrivain par le procès-verbal que nous rendons public aujourd’hui ont de quoi donner le tournis : « Nous sommes fiers de notre partenariat avec vous, peut-on lire dans ce compte-rendu dans une intervention attribuée au médiatique philosophe. Nous avons réussi à atteindre nos buts communs en Lybie. La France n’oubliera pas l’énorme rôle qu’a joué le Qatar en vue d’assurer l’approvisionnent de l’Europe en énergie pour des décennies à venir, ni le r

Ecrire l’histoire

 

Après avoir écouté son invité, le président du conseil des ministres de la monarchie du Golfe prend à son tour la parole, selon ce scripte, pour dévoiler le plan qu’il compte mettre en œuvre pour renverser le président syrien. Des confidences, vu leur teneur, qui semblent témoigner d’un climat de totale confiance : « Nous avons convenu avec l’opposition que, dès le retrait des forces syriennes des villes et des villages, les organisateurs de manifestations appellent à descendre dans les rues et à occuper les places publiques dans les grandes villes et les autres villes à majorité sunnite. Assad va essayer de réprimer les manifestants, des opérations d’exécution - en particulier des vieillards et des enfants - devant les médias et les observateurs arabes vont susciter la colère du peuple ». Ce scénario de politique-fiction se fait de plus en plus précis : « Les funérailles des victimes vont servir de carburant à la révolution et à la violence et provoqueront des scissions à l’intérieur de l’armée et du pouvoir. A ce moment-là, les rebelles armés vont librement occuper les endroits où se trouvait l’armée et envahir les quartiers peuplés dans les villes, pour ainsi déplacer les combats des zones rurales à l’intérieur des villes, en particulier Damas et Alep ». Dans le chaos ainsi créé (espéré), le régime syrien sera pris au piège. Et tout s’enchaîne. « Alors, lit-on dans les lignes qui suivent du procès-verbal, des milliers de manifestants vont organiser des révoltes et appelleront à porter les armes dans les villes, où l’armée syrienne ne pourra pas déployer ses artilleries lourdes pour franchir les rues bondées de rebelles. Ceci va renforcer la rébellion à occuper encore plus de quartiers et d’endroits stratégiques des villes et s’imposer dans le pays. »...

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