Un groupe de réflexion démocrate prépare la guerre contre la Russie et la Chine: qu’est-ce que le Center for a New American Security?
Par Alex Findijs
WSWS, 18.11.22
Le mois dernier, le programme télévisé «Four Corners» de l’Australian Broadcasting Corporation a révélé que l’armée de l’air étatsunienne envisageait de stationner des bombardiers B-52 à capacité nucléaire en Australie. Parmi les représentants des groupes de réflexion proguerre interviewés dans le cadre de l’émission figuraient Becca Wasser, responsable de l’analyse de la guerre au Center for a New American Security (CNAS).
Victoria Nuland (AP Photo/Susan Walsh); au centre: Joseph Biden (AP Photo/Patrick Semansky); à droite: Anthony Blinken (AP Photo/Brendan Smialowski)
Wasser a déclaré: «Avoir des bombardiers qui peuvent avoir une portée et potentiellement attaquer la Chine continentale pourrait être très important pour envoyer un signal à la Chine que n’importe laquelle de ses actions sur Taïwan pourrait avoir d’autres conséquences».
La stupéfiante et imprudente démonstration de force de Wasser contre la Chine reflète l’orientation agressive du CNAS depuis sa fondation en 2007 par des agents du Parti démocrate ayant des liens étroits avec l’industrie de la défense. Ce groupe de réflexion relativement petit de Washington DC a joué un rôle majeur dans les gouvernements Obama et Biden et dans l’évolution de la politique étrangère et militaire américaine vers une confrontation avec la Russie et la Chine, augmentant ainsi le risque de guerre nucléaire.
Le CNAS ne compte actuellement que 30 employés et dispose d’un budget de seulement 6 millions de dollars. Mais sa petite taille cache son rôle très influent. À bien des égards, le CNAS incarne l’émergence du Parti démocrate en tant qu’instrument politique prééminent du militarisme impérialiste américain.
Le groupe de réflexion a été fondé en 2007 par Michele Flournoy et Kurt Campbell à un moment de crise croissante pour le capitalisme américain, tant au niveau international que national. La prétendue «guerre mondiale contre le terrorisme», qui avait servi de cadre à l’agression américaine en Afghanistan et en Irak, n’avait pas réussi à assurer le contrôle des États-Unis sur les régions riches en pétrole de l’Asie centrale et du golfe Persique, et l’administration de George W. Bush perdait rapidement le soutien populaire aux États-Unis.
Depuis ses origines, le CNAS était orienté vers une accélération spectaculaire des efforts de Washington pour contenir et affaiblir la Russie et la Chine et faire en sorte qu’elles ne soient plus un obstacle à l’hégémonie américaine sur le continent eurasien. L’économie chinoise continuait à se développer et à devenir plus sophistiquée sur le plan technologique, et son influence économique internationale s’étendait jusqu’à l’arrière-cour de l’impérialisme américain en Amérique latine. La Russie, en grande partie grâce à son arsenal nucléaire, le deuxième après celui des États-Unis, devenait de plus en plus un obstacle aux tentatives de Washington d’installer des régimes fantoches au Moyen-Orient.
Dans sa déclaration fondatrice, le CNAS a lancé un appel à reconstruire au sein des États-Unis le soutien et la capacité à faire la guerre, faisant valoir que «le prochain président devrait favoriser un large dialogue avec le peuple américain et avec les alliés de l’Amérique sur le moment où il est approprié – ou non – de recourir à la force dans un nouvel environnement de sécurité».
Au cœur du programme du CNAS se trouvait l’idée que les États-Unis déclinaient en puissance relative, et devaient se préparer militairement et économiquement à vaincre des adversaires tels que la Chine et la Russie. En 2011, le gouvernement Obama et sa secrétaire d’État, Hillary Clinton, ont adopté la politique de confrontation avec la Chine du CNAS développée par Kurt Campbell et baptisée «Pivot vers l’Asie», alors que les États-Unis déplaçaient leur attention militaire vers la région Asie-Pacifique.
Les États-Unis ont été contrecarrés par le déploiement russe de forces militaires en Syrie pendant la guerre civile déclenchée par les États-Unis visant à renverser le régime prorusse de Bachar al-Assad. En septembre 2013, Obama a retiré sa menace d’intensifier militairement l’intervention américaine en Syrie, en grande partie à cause de la présence militaire russe.
Mais quelques mois plus tard, en février 2014, Washington a soutenu l’opération de changement de régime menée par les fascistes en Ukraine qui a renversé le gouvernement prorusse de Viktor Ianoukovitch et installé un régime profondément nationaliste et anti-russe. Le nouveau gouvernement était allié aux forces néonazies qui portaient allégeance au leader nationaliste ukrainien, feu Stepan Bandera, et son mouvement fasciste qui avait collaboré avec les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale dans le massacre de Juifs et de Polonais.
C’était le point de départ de l’armement massif de l’Ukraine et de sa transformation en une force par procuration pour le conflit militaire des États-Unis et de l’OTAN contre la Russie qui a commencé en février dernier lorsque le gouvernement Biden a réussi à provoquer Moscou à envahir l’Ukraine. Le personnel du CNAS, y compris l’ancienne PDG du CNAS, Victoria Nuland, a joué un rôle de premier plan dans l’orchestration du conflit américano-russe en Ukraine.
Depuis sa création, le CNAS a fourni des fonctionnaires de premier plan du département d’État et du Pentagone, d’abord sous le gouvernement Obama, puis sous le gouvernement Biden...
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