Rapport : L'armée étatsunienne alimente et exacerbe la violence en Somalie
Article originel : Report: US military driving and exacerbating violence in Somalia
Par Daniel Larison
Responsible Statecraft, 5.05.23
Les Etatsuniens interviennent en Somalie depuis des décennies. N'est-il pas temps de se demander si nous sommes à l'origine du problème ?
Malgré le discours de l'administration Biden sur la fin des guerres sans fin, les États-Unis sont toujours en guerre en Somalie, un conflit qui ne semble pas près de s'achever.
Selon un nouveau rapport du projet Costs of War, rédigé par Ẹniọlá Ànúolúwapọ Ṣóyẹmí, l'engagement militaire, l'assistance et l'entraînement des États-Unis ont tous contribué à perpétuer la guerre avec Al-Shabab. Au lieu de rapprocher ce pays de la paix et de la stabilité, la politique étatsunienne a au contraire été l'un des moteurs du conflit. Comme le dit Ṣóyẹmí, "les États-Unis ne se contentent pas de contribuer au conflit en Somalie, mais sont plutôt devenus partie intégrante de la poursuite inévitable du conflit en Somalie."
Il est déjà assez grave que les États-Unis n'aient pas d'intérêts de sécurité vitaux en jeu dans ce conflit, mais la politique américaine actuelle exacerbe les problèmes de sécurité de la Somalie au lieu de les atténuer. L'échec de la Chambre des représentants à adopter une résolution sur les pouvoirs de guerre pour la Somalie le mois dernier n'en est que plus décevant. Les États-Unis doivent de toute urgence réévaluer ce qu'ils font en Somalie et dans d'autres pays où leurs programmes d'assistance militaire ont été liés à l'intensification des conflits. À tout le moins, l'administration Biden devrait mettre fin à l'implication directe des États-Unis dans la guerre en Somalie.
Dans le rapport "Making Crisis Inevitable : The Effects of U.S. Counterterrorism Training and Spending in Somalia, Ṣóyẹmí explique comment le soutien des États-Unis au gouvernement somalien et l'entraînement de ses forces servent à maintenir le conflit. Elle explique que le fait de soutenir le gouvernement par une approche coercitive et descendante va à l'encontre du mode de fonctionnement décentralisé de la politique somalienne et de la résolution des conflits.
Les États-Unis peuvent penser qu'ils contribuent à promouvoir la sécurité en aidant le gouvernement central, mais cette approche ne correspond pas du tout aux conditions politiques du pays. Par ailleurs, l'importance des dépenses étatsuniennes en matière de lutte contre le terrorisme par rapport aux recettes du gouvernement somalien incite à poursuivre l'approche militarisée qui a échoué au cours des quinze dernières années. C'est pourquoi Ṣóyẹmí affirme que "les États-Unis pourraient faire plus qu'exacerber l'insécurité en Somalie, et pourraient être un obstacle actif à la stabilité et à la résolution du conflit en Somalie".
L'implication des États-Unis dans la guerre en Somalie a été relativement modeste en termes d'effectifs, mais elle dure depuis plus de 15 ans. L'administration Obama a qualifié Al-Shabab de "force associée" à Al-Qaïda en 2016 et s'en est servi pour prétendre que l'AUMF de 2001 s'appliquait aux opérations militaires contre un groupe qui n'existait pas au moment de l'adoption de l'autorisation. La guerre en Somalie est exactement le type d'intervention qui aurait dû être débattue et autorisée avant d'être lancée, et non pas ajoutée rétroactivement à une autorisation déjà en vigueur. Le Congrès n'ayant pas fait son travail dans ce cas, les États-Unis mènent indéfiniment une guerre de bas niveau avec un contrôle minimal...
Traduction SLT