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Le pillage de la RDC par le M23 du Rwanda soutenu par les grandes puissances s'intensifie. La souffrance humaine s’aggrave en RDC, le cœur de l’Afrique (BAR)

par An Garrison 1 Juillet 2023, 09:21 RDC M23 Rwanda Pillage Occident Ouganda Néocolonialisme Articles de Sam La Touch

La souffrance humaine s’aggrave en RDC, le cœur de l’Afrique
Article originel : Human Suffering Worsens in DRC, the Heart of Africa
Par Ann Garrison*
Black Agenda Report, 28.06.23

Le pillage de la RDC par le M23 du Rwanda soutenu par les grandes puissances s'intensifie. La souffrance humaine s’aggrave en RDC, le cœur de l’Afrique (BAR)

Un million de Congolais de plus ont été déplacés pour satisfaire la faim des pays industrialisés.

Il est facile de penser que la souffrance humaine en République démocratique du Congo (RDC) ne pourrait pas empirer tant qu’elle ne le fera pas, et c’est toujours le cas. Combien encore faudra-t-il sacrifier à la vie des Noirs pour alimenter la soif du monde industriel de richesses en ressources congolaises, ce qui signifie surtout les minéraux essentiels à la fabrication de haute technologie, y compris les armes de pointe? Les Africains noirs se battent en RDC, mais tous ceux d’entre nous qui sont au téléphone, assis devant leurs ordinateurs portables ou dans les sièges des avions commerciaux et militaires, et de toutes les autres manières reliées à la technologie moderne devraient savoir que c’est notre guerre, notre guerre par procuration extrêmement complexe et catastrophique.

Le Centre de suivi des déplacements internes a estimé le nombre de personnes déplacées à l’intérieur du pays à 5,7 millions à la fin de 2022, et selon le dernier rapport du Groupe d’experts des Nations Unies sur la RDC, un million de personnes ont été déplacées au cours de la seule année écoulée. Le rapport décrit une myriade de groupes armés qui se battent pour les ressources de la RDC, quel que soit leur nom, mais le Rwanda est le seul acteur étatique identifié parmi eux et le seul à être responsable de ce déplacement stupéfiant. La majeure partie du résumé du rapport de 240 pages est consacrée à la collaboration entre le M23 et la Force de défense rwandaise :

Malgré les efforts bilatéraux, régionaux et internationaux pour désamorcer la crise liée au Mouvement du 23 mars (M23), le groupe armé sanctionné a continué d’étendre considérablement son territoire et d’augmenter ses attaques. L’expansion du groupe armé a engendré une crise humanitaire catastrophique, entraînant le déplacement de plus d’un million de civils dans la province du Nord-Kivu. Les retraits et les désengagements annoncés semblent avoir été temporaires et tactiques, visant principalement à gagner du temps dans un contexte de pression internationale croissante. Le M23 a également tenté de gagner des alliés au Sud-Kivu, en particulier le groupe armé Twirwaneho, dans le but d’ouvrir un front au Sud-Kivu.

La variété de l’équipement militaire du M23, dont certains ont été produits récemment, a fourni un aperçu de l’importante puissance de feu du groupe armé et a attesté des violations de l’embargo sur les armes. Le Groupe d’experts a obtenu d’autres preuves d’interventions directes de la Force de défense du Rwanda (FDR) sur le territoire de la République démocratique du Congo, soit pour renforcer les combattants du M23, soit pour mener des opérations militaires contre les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et les groupes armés locaux.

Le Groupe a identifié plusieurs commandants et responsables de la coordination des opérations de  la FDR (Force de Défense Rwandaise) en République démocratique du Congo. Un nouveau schéma d’attaques ciblées par le M23 contre des civils est apparu, plusieurs opérations meurtrières ciblant des populations associées ou présumées soutenir les FDLR et d’autres groupes armés. Les viols, y compris les viols collectifs par les combattants du M23, étaient fréquents.

Toutes les puissances occidentales qui ont soutenu et utilisé le Rwanda du président Paul Kagame et sa force militaire au cours des trois dernières décennies sont complices. Les grandes puissances de l’Est bénéficient aussi de la richesse du Congo et sont donc complices même si elles n’ont pas fait grand-chose pour autonomiser le Rwanda durant ces décennies.

Le reste du rapport de 240 pages est plein de détails, dont la plupart sont horribles et compréhensibles seulement pour les étudiants de longue date des nombreux joueurs et des multiples niveaux de conflit et même alors seulement partiellement. Les auteurs du rapport reconnaissent avoir eux-mêmes travaillé avec des informations très partielles.

Voici quelques faits saillants de ce qui est révélé, même s’ils ne sont pas explicitement énoncés :

1) « Les chaînes d’approvisionnement en étain, tantale et tungstène de la ville minière de Rubaya, au Nord-Kivu, ont été compromises par la présence de groupes armés et la suspension de toutes les activités visant à assurer la traçabilité des minéraux. Cela a également menacé les chaînes d’approvisionnement en étain, tantale et tungstène dans la province du Sud-Kivu, où la production de minéraux à Rubaya a été blanchie. » L’étain, le tungstène et le tantale sont des minéraux que l’industrie électronique doit posséder, et Lockheed Martin ne peut pas aller travailler sans eux.

La menace qui pèse sur ces chaînes d’approvisionnement figure en bonne place dans le rapport et elle préoccupe sans aucun doute au plus haut point les grandes puissances du Conseil de sécurité des Nations Unies — de l’Est et de l’Ouest — qui l’ont commandé. On ne sait pas très bien ce que signifie « compromis ».
 

2) La Force de défense du peuple ougandais est en RDC pour combattre les Forces de défense alliées, a rapporté un groupe islamiste. Cependant, l’Ouganda a des opérations de trafic de ressources de longue date et des ambitions territoriales en RDC, il est donc ridicule de croire qu’ils jouent un rôle légitime dans l’intérêt de la paix et de la sécurité des Congolais.
 

3) La Force régionale est-africaine n’a rien fait pour arrêter les combats. « Malgré un transfert symbolique par le M23 à la Force régionale de la Communauté de l’Afrique de l’Est des villes de Kibumba et de Rumangabo le 23 décembre 2022 et le 5 janvier 2023, respectivement, les dirigeants et les combattants du M23 sont restés présents et opérationnels dans ces villes et les régions environnantes. »

L’idée même de s’attendre à ce qu’une force de l’Afrique de l’Est comprenant des forces rwandaises et ougandaises assure la paix et la sécurité en RDC était ridicule et cynique dès le départ.
 

4) « La situation politique est restée tendue à l’approche des élections générales prévues pour décembre 2023. Le Groupe d’experts sur la République démocratique du Congo a noté avec préoccupation que la dynamique liée au processus électoral, combinée à l’intensification du conflit à l’Est et aux relations régionales tendues, constituait une menace pour la paix et la stabilité du pays. »
 

La RDC tiendra des élections, surtout présidentielles, en décembre 2023, et des tensions préélectorales sont présentes de part et d’autre de la jungle qui sépare les provinces du Congo densément peuplées. Qui sera inscrit? Qui aura la chance de voter et comment les votes seront-ils comptés? Qui contrôle l’armée et qui sera de son côté?

En 2018, l’Église catholique a documenté que Martin Fayulu avait en fait remporté l’élection présidentielle, mais Félix Tshisekedi a pris le pouvoir et l’a tenu depuis. Les Congolais ont besoin de dirigeants qui les représentent.

Si le monde donne une légitimité à une autre élection volée, il contribuera à la souffrance du peuple congolais.
 

*Ann Garrison est rédactrice collaboratrice de Black Agenda Report dans la région de la baie de San Francisco. En 2014, elle a reçu le Prix Victoire Ingabire Umuhoza pour son reportage sur le conflit dans la région des Grands Lacs africains. On peut la joindre à ann(at)anngarrison.com. Veuillez l’aider à soutenir son travail sur Patreon.

Traduction SLT

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