Le général de Gaulle connaissait le potentiel en ressources minières du Gabon. Alors, quand le premier président Léon M’Ba est tombé gravement malade en 1965, il lui fallait à la tête du pays quelqu’un en qui il pouvait avoir confiance. Omar Bongo, qui avait été élève officier de réserve dans l’armée de l’Air française, affecté au renseignement, avait le profil idéal pour succéder au très loyal M’Ba qui agonisait dans un hôpital français, des suites d’un cancer. Bongo aurait eu même droit à un entretien avec le général en personne, à l’Élysée. Satisfait, de Gaulle l’a fait nommer vice-président suite à un habillage constitutionnel. À la mort de Léon M’Ba en novembre 1967, Bongo est devenu président du Gabon...
(Source : RFI, Comment Omar Bongo est devenu un acteur majeur de la Françafrique)
Le système Bongo, le pillage du Gabon et l'héritage de la Françafrique Après nos révélations sur le système Bongo, un retour sur nos enquêtes en présence de Fabrice Arfi, Patrick Benquet, réalisateur, auteur de Françafrique, 50 années sous le sceau du secret, Bruno Ondo Mintsa, opposant au régime Bongo et Xavier Harel, journaliste, spécialiste de l'Afrique et des questions pétrolières.
...Parvenu au pouvoir avec l'aval de Paris, Omar Bongo Ondimba a été un des piliers de la "Françafrique", expression utilisée pour dénoncer un système de cooptation politique, réseaux occultes et chasses gardées commerciales mis sur pied après l'indépendance des colonies françaises d'Afrique noire...
(Source : France 24 Bongo père et fils, une dynastie au pouvoir au Gabon depuis plus de 55 ans)
« La dynastie Bongo se fonde en 1967, observe Francis Laloupo. Omar Bongo accède à l'époque au pouvoir, intronisé par Jacques Foccart, le Monsieur Afrique du général de Gaulle. » Omar Bongo est ensuite réélu en 1973, en 1979 et en 1986, mettant en place un mode de gouvernance particulier, une forme de « cogestion » du Gabon avec l'Élysée, explique Francis Laloupo. Il devient ainsi un pilier de la « Françafrique », expression forgée pour dénoncer un système de cooptation politique, de réseaux occultes et de chasses commerciales gardées développé par la France après l'indépendance des colonies françaises en Afrique subsaharienne...
(Source : Le Point Coup d’État au Gabon : les Bongo en quelques dates )
Episode 3 : La guerre secrète menée par De Gaulle-Foccart au Nigeria de 1967 à 1970. Biafra : plus d'un million de morts.
Pour cet épisode 3 de la Françafrique nous revenons sur la guerre secrète menée par l'Etat français sous De Gaulle-Foccart au Nigeria. Une guerre qui entraînera la mort de plus d'un million de Nigérians.
En mai 1967, dans le sud du Nigeria, les Ibo proclament leur indépendance et baptisent leur province « Biafra ». Le gouvernement nigérian met aussitôt en place un blocus. Débute une guerre civile qui va durer deux ans et demi et provoquer la mort de plus d’un million de personnes. Ce premier conflit « médiatique » qui préfigure les conflits modernes en Libye et en Syrie au nom du droit d'ingérence (intervention coloniale déguisée) est raconté dans ce reportage de Joël Calmettes évoquant l'implication française pour favoriser la sécession biafraise en vue d'affaiblir le Nigeria : "Biafra : Foccart s'en va-t-en guerre". Pour expliquer le soutien de la France au Biafra, le colonel Jean Varret évoque le « complexe » de Fachoda, c’est-à-dire la volonté de la France de contrecarrer l’influence britannique en Afrique à tout prix. Le colonel Jean Varet fut envoyé au Gabon dans la dépendance néocoloniale française pour organiser les livraisons d'armes dans la province sécessionniste nigériane du Biafra.
"En juin 1966 des dizaines de chrétiens, des Ibos sont tués par des musulmans Haoussas dans le nord du Nigéria. Deux millions de Ibos affluent vers leur terre d'origine : le futur "Biafra''. Foccart (et De Gaulle, ndlr) comprend immédiatement que c'est là la carte à jouer pour affaiblir le Nigéria".
Les Histoires Secretes de la du Biafra. Part.1 ''En juin 1966 des dizaines de chrétiens, des Ibos sont tués par des musulmans Haoussas dans le nord du Nigéria. Deux millions de Ibos affluent vers leur terre d'origine : le futur "Biafra''. Foccart comprend immédiatement que c'est là la carte à jouer pour affaiblir le Nigéria.
Histoires secretes du biafra 2/4 Plus de 1,5 millions de morts au Biafra ! Comment cette hécatombe a-t-elle pu durer si longtemps entre juin 1967 et janvier 1970 ?
l faut rappeler qu'un certain nombre de médecins qui ont fondé par la suite MSF ont été initialement embrigadés malgré eux dans une opération humanitaro-militaire au Biafra à la fin des années soixante. "L'ONG Médecins Sans Frontières a été créée le 20 décembre 1971 par des médecins français qui s'étaient rendus au Biafra avec la Croix-Rouge pour tenter d'y aider la population lors de la guerre qui avait opposé cette région indépendantiste au gouvernement central nigerian entre 1967 et 1970. Estimant que la politique de neutralité et de réserve de la Croix-Rouge (internationale, ndlr) avait été une erreur, ils voulurent fonder une association qui allierait aide humanitaire et actions de sensibilisation auprès des médias et des institutions politiques."(Wikipedia)
Ces médecins de la Croix-Rouge française étaient chargés de prodiguer des soins dans le camps des Biafrais qui avaient organisé la rébellion au Nigéria sous l'égide de De Gaulle et Foccart. Une guerre soutenue par la France contre l'état souverain nigérian pour cause de réserves pétrolières. Une guerre qui a fait de un à deux millions de morts et qui visait à autonomiser la région du Biafra enclavée dans le Nigéria. (Un peu comme si une grande puissance aidait militairement la Bretagne à s'autonomiser de la France en organisant une guerre civile). Selon Pierre Péan (Affaires Africaines) les armes transitaient dans les cargos de la Croix-rouge tandis que les médecins par la force de la situation avaient pris fait et cause pour la rébellion biafraise. "Tous les moyens sont bons dans cette affaire. La Croix-Rouge et les Chevaliers de Malte, qui canalisent et acheminent officiellement vivres et médicaments au Biafra, ne regardent pas de trop près les lourdes caisses qui, manifestement, ne sont pas remplies de lait en poudre. Pour simplifier les choses, le colonel Merle, conseiller militaire de l'ambassade de France au Gabon, est aussi responsable de la Croix-Rouge" Pierre Péan, Affaires africaines.
On se souvient des déclarations de Kouchner dans les colonnes du Monde ou du Nouvel Observateur de l'époque évoquant la notion de "génocide" pour inciter l'opinion publique à soutenir la rébellion. Il crééra d'ailleurs un Comité de lutte contre le génocide au Biafra. Dans son article du Nouvel Observateur "j'accuse" du 19 janvier 1970 il déclarait : « Comment peut-on être de gauche et laisser massacrer deux millions d’individus ? Le massacre des Biafrais est le plus grand massacre de l’histoire moderne après celui des Juifs, ne l’oublions pas. Est-ce que cela veut dire que le massacre de millions d’hommes n’a pas de dimension politique ? […] La gauche, s’il en existe une, a fermé les yeux […] Sa préoccupation est simple : les gens qui meurent sont-ils de gauche ? » (Anne Vallaeys, Médecins sans frontières, la biographie, Fayard, 2005). Il déclarera lui-même après le conflit avoir été aveuglé par la situation biafraise et instrumentalisé malgré lui. On ne peut pas ne pas mettre ses propos en parallèle avec le climat organisé dans la presse et dans l'opinion publique par les responsables du SDECE dont Kouchner a probablement été une victime collatérale et sa bonne conscience manipulée comme celle des autres médecins de la Croix-Rouge (voir le reportage de Joël Calmette : Histoires secrètes du Biafra - Foccart s'en va-t-en guerre). Le colonel Maurice Robert ancien responsable du SDECE, déclara quelques années plus tard "Ce que tout le monde ne sait pas, c'est que le terme de "génocide" appliqué à cette affaire du Biafra a été lancé par les services. Nous voulions un mot choc pour sensibiliser l'opinion. Nous aurions pu retenir celui de massacre, ou d'écrasement, mais génocide nous a paru plus ''parlant''. Nous avons communiqué à la presse des renseignement précis sur les pertes biafraises et avons fait en sorte qu'elle reprenne rapidement l'expression ''génocide''. Le Monde a été le premier, les autres ont suivi." (Sur l'instrumentalisation des French Doctors sur décision des autorités politiques françaises voir la vidéo ci-dessous à partir de 7'15'').
Histoires secretes du biafra 3/4
Selon le Washington Post (11.07.1969) cité par Pierre Péan, (Affaires Africaines), la famine a été aussi renforcée par la sécession biafraise qui empêchait l'accès aux vivres aux Biafrais pour accentuer le choc médiatique : "Le Biafra prive son propre peuple de ce qui est nécessaire à sa subsistance, dans l'espoir évidemment que le spectacle de ses souffrances va inciter les étrangers à imposer des restrictions politiques au Nigéria...La famine ne saurait devenir une arme de guerre acceptable du simple fait qu'elle est utilisée par un leadership aux abois contre sa propre population réduite à l'impuissance." (voir aussi concernant la naissance de MSF, la vidéo ci-dessous, à 8'45").
Histoires secretes du biafra 4/4
Selon Denis Maillard, 1968-2008 : le Biafra ou le sens de l’humanitaire, "En utilisant la souffrance à des fins politiques, la France du général de Gaulle, associée pour l’occasion au Portugal de Salazar et aux pouvoirs africains blancs, instrumentalisèrent l’aide internationale. Accolé au Biafra, le mot génocide aurait donc été une commande des barbouzes… Les nouveaux French Doctors n’y verront que du feu, persuadés qu’ils assistent en direct à un nouvel Auschwitz."