Les États-Unis sont en guerre au Yémen depuis 20 ans, mais les Houthis peuvent encore étouffer la mer Rouge
Article originel : The U.S. Has Been at War in Yemen for 20 Years, but Houthis Can Still Choke the Red Sea
Par Nick Turse
The Intercept, 05.09.24
Images satellite du pétrolier Sounion, qui a été récemment attaqué par les houthis yéménites en feu dans la mer Rouge, vu le 29 août 2024. Photo : Maxar Technologies/DigitalGlobe/Getty Images
Malgré les déclarations des États-Unis sur la paix et la stabilité, et deux décennies de guerre, le peuple yéménite souffre toujours.
Les rebelles houthis du Yémen, soutenus par l’Iran, ont attaqué lundi deux pétroliers en mer Rouge avec des missiles balistiques et un drone à sens unique, selon le commandement central étatsunien, qui a qualifié les frappes d’« actes de terrorisme imprudents ».
Les États-Unis ont répondu mardi par une frappe aérienne sur un « système de missiles houthi » que les États-Unis prétendaient présenter comme une menace imminente pour les forces étatsuniennes et de la coalition, ainsi que pour les navires marchands dans la région.
L’Amjad, pavillon saoudien, et le Blue Lagoon 1, pavillon panaméen, frappés lundi, ne sont que les derniers navires à avoir été endommagés par les rebelles houthis, qui ont attaqué plus de 80 navires marchands depuis le début de la guerre à Gaza en octobre 2023, et ont déclaré que les attaques se poursuivront jusqu’à ce que la guerre d’Israël sur Gaza soit terminée.
La campagne houthiste a entraîné une baisse de 90 % des activités maritimes en mer Rouge, selon un rapport de l’agence de renseignement de défense, et montre peu de signes d’arrêt, même si deux porte-avions étatsuniens sont maintenant déployés dans la région.
Depuis plus de deux décennies, les États-Unis sont en guerre au Yémen. Au cours de ces années, les dirigeants étatsuniens ont parlé sans cesse de la promotion de la paix, de la stabilité et de la prospérité dans cette nation du Moyen-Orient. « En fin de compte, la paix au Yémen sert les intérêts de tous les Yéménites, tout comme celle de nos partenaires régionaux », a déclaré plus tôt cette année l’envoyé spécial des États-Unis pour le Yémen, M. Timothy A. Lenderking. « Les États-Unis sont prêts à soutenir ».
Malgré les belles paroles, le peuple yéménite a énormément souffert et la cible principale de l’action militaire étatsunienne dans le pays, le groupe rebelle houthiste, exerce plus d’influence sur la scène mondiale que jamais auparavant.
Le Yémen, l’un des premiers champs de bataille de la guerre contre le terrorisme menée par les États-Unis, n’est qu’un des nombreux pays à majorité musulmane — de l’Afghanistan et de l’Irak au Niger en passant par la Somalie — ravagés par les guerres éternelles. Plus de 940000 personnes sont mortes dans les conflits étatsuniens post-11/9 en raison de la violence directe, près de 4 millions sont morts indirectement de causes comme l’insécurité alimentaire et les infrastructures endommagées, et pas moins de 60 millions de personnes ont été déplacées, selon le Project Costs of War de l’Université Brown.
Depuis 2002, les États-Unis ont mené près de 400 attaques au Yémen, allant des raids commandos et des assassinats par drone aux attaques de missiles de croisière et aux frappes aériennes classiques. Les frappes de drones étatsuniens ont fait des morts et des blessés parmi la population civile. Les autres yéménites, y compris des femmes et des enfants, ont été massacrés par des SEAL de la marine lors d’un raid au sol en 2017. Au cours de la dernière semaine, l’armée étatsunienne a frappé à plusieurs reprises des cibles là-bas