BRICS : Sensation N° 1 - Le retournement de l’Inde des États-Unis vers la Chine
Article originel : BRICS Sensation No. 1 - India's Turn From U.S. To China
Moon of Alabama, 27.10.24
Certains commentateurs ont écrit que ce blog, et d’autres, ont négligé le sommet actuel des BRICS. Ils ont raison sur un point.
Les BRICS sont un projet à long terme. Il s’agit du développement d’un conglomérat économique et politique d’organisations supranationales conçues pour être une alternative à celles créées par l' 'Occident' après la seconde guerre des mots.
Il y a plusieurs malentendus et beaucoup de voeux pieux sur les BRICS dans les médias alternatifs.
Les BRICS ne remplaceront pas le dollar étatsunien. Tout plan à court terme pour remplacer le moyen de transport financier (et non pas le commerce réel) qui est actuellement le plus important au monde, est irréaliste. Yves deNaked Capitalism a écrit plusieurs articles pour expliquer cela.
Les BRICS ne sont pas une alliance militaire. L’adhésion de l’Iran aux BRICS ne signifie pas que la Russie ou la Chine, ou quiconque viendra à sa défense si les États-Unis/Israël attaquent le pays. Bien qu’ils fournissent probablement une certaine aide en arrière-plan, les deux éviteront probablement toute implication directe.
La construction des BRICS prendra plusieurs décennies. Il n’est pas très utile de faire un compte rendu ad hoc d’un sommet sans en détailler les grands contextes. On le fera chaque fois que le sujet le mérite.
Pendant la session actuelle des BRICS, le problème le plus sensationnel avec des conséquences à long terme s’est produit peu avant le sommet.
L’Inde a abandonné les politiques anti-Chine amicales des États-Unis qu’elle avait mises en œuvre pendant les deux premiers mandats du gouvernement Modi. Elle fait (encore) des concessions à la Chine et à la Russie, tout en évitant les tentatives des États-Unis d’en faire un copilote pour les politiques étatsuniennes en Asie.
Cet article dans Asia Times fournit le contexte :
L’Inde et la Chine ont récemment convenu de se désengager de leur impasse frontalière prolongée dans le secteur ouest de la frontière himalayenne sino-indienne en marge du 16e sommet des BRICS. Les tensions ont commencé à s’enflammer le 15 juin 2020, après que 20 soldats indiens et un nombre inconnu de soldats chinois aient été tués dans un affrontement en haute montagne.
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Sur le plan géopolitique, l’Inde a quant à elle perdu de manière significative. Elle considérait autrefois l’Asie du Sud et l’océan Indien comme sa sphère d’influence traditionnelle, mais après être devenu un allié des États-Unis, aucun de ses pays voisins ne reste dans sa sphère. Au lieu de cela, l’Inde est sans doute devenue un allié plus subordonné aux États-Unis.
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Cela est apparu clairement lorsque les États-Unis ont mené une opération de liberté de navigation (FONOPS) dans l’océan Indien le 7 avril 2021, ce qui a provoqué un fort tollé dans les médias et les milieux universitaires indiens, malgré le fait que l’Inde soit un partenaire des États-Unis. En outre, les États-Unis ont été accusés d’alimenter le sentiment anti-Indien dans les pays voisins et de contribuer secrètement à la destitution des gouvernements pro-indiens au Sri Lanka, au Népal et aux Maldives. [L’auteur omet le récent coup d’État des États-Unis au Bangladesh - b]
Cela a fait prendre conscience à l’Inde que les États-Unis s’attendent à ce qu’elle renonce à son « autonomie stratégique » et que les prétentions de l’Inde à une sphère d’influence régionale en Asie du Sud sont inacceptables pour Washington.
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En fin de compte, après quatre ans d’expérimentation en matière de politique étrangère, le gouvernement Modi a compris que la coopération chinoise est essentielle au développement économique de l’Inde. Le conseiller économique du premier ministre a fait valoir que la Chine s’abstiendrait probablement d’interférer dans les questions frontalières de l’Inde en raison de sa dépendance à l’égard de ce pays, associée à la perspective d’un accroissement des investissements chinois.
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Les premier et deuxième mandats du gouvernement de Modi ont marqué l’une des pires décennies de l’histoire de l’Inde en matière de relations internationales. Au cours de cette période, l’Inde a dû faire face à des coûts d’opportunité sans précédent tout en expérimentant des stratégies internationales et géopolitiques. Pour son troisième mandat, Modi cherche à inverser la tendance en passant des États-Unis à la Chine.
Le texte soutient à juste titre que c’est l’arrogance des États-Unis envers l’Inde qui a provoqué ce changement.
L’Inde qui fait des compromis avec la Chine et qui évite les États-Unis est un immense changement géopolitique. Les deux plus grands pays de la planète par leur population, plus la Russie, le plus grand pays par sa masse terrestre, sont à nouveau amis. Ils coordonneront leurs mouvements partout où cela est dans leur intérêt trilatéral.
Ce changement dans les relations aura des conséquences aussi importantes que le récent rétablissement des relations entre l’Arabie saoudite et l’Iran.
Il s’agit d’un désastre pour les États‐Unis 'pivot vers l’Asie'.
Mais les Etats-Unis et d’autres médias 'occidentaux', ont à peine rapporté sur ce sujet.