Ventes d’armes françaises à Israël : l’opacité, jusqu’à quand ?
Blast, 18.10.24
Au début du mois, Emmanuel Macron s’est revendiqué de la « cohérence » en se disant favorable à un arrêt des livraisons d’armes à Israël « pour mener les combats sur Gaza ». Jusqu’alors, la France maintenait un silence pesant et continuait d’affirmer, à travers Sébastien Lecornu et Prisca Thevenot, qu’elle exportait des « composants défensifs » uniquement. Les propos d’Emmanuel Macron semblent affirmer le contraire et, dans les rapports sur les exportations d’armement de la France publiés conjointement par l'Observation des armements et Mediapart, rien ne permet de dire que le matériel livré à Israël n’est pas utilisé contre les civils à Gaza.
La France a dans le passé joué un rôle important dans l'armement d'Israël, allant jusqu'à l'aider secrètement à acquérir la bombe nucléaire dans les années 1960. Mais qu'en est-il aujourd'hui, alors que les bombardements israéliens ont fait plus de 42 000 morts dans la bande de Gaza et plus de 2000 morts au Liban, depuis le 8 octobre 2023 ? Qu'en est-il, alors que la Cour international de justice a indiqué en janvier 2024 qu'il existait un risque plausible de génocide commis par Israël contre la population gazaouie et que le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a demandé, en avril, de cesser les ventes d'armes à Israël (la France s'était alors abstenue lors du vote) ?
Début septembre, le ministre des Affaires étrangères britannique, David Lammy, a annoncé que le Royaume-Uni allait suspendre une partie (30 sur 350) des licences d’exportation (document indispensable à toute vente d'armes) accordées à Israël. Parmi les livraisons suspendues, on retrouve « d’importants composants utilisés dans des avions militaires, notamment des avions de chasse, des hélicoptères et des drones, ainsi que des pièces qui facilitent le ciblage au sol ». La raison : ces armes « peuvent être utilisées à Gaza » dans le cadre de « sérieuses violation du droit humanitaire international », a précisé le ministre dans un communiqué.
La mesure reste symbolique, les exportations britanniques ne représentant qu'1 % des importations d'armes de l'État hébreu, mais le message est clair. Le Royaume-Uni, comme la France, est signataire de plusieurs traités l’obligeant à respecter et faire respecter le droit international humanitaire. Mais si les propos d’Emmanuel Macron semblent suivre l’exemple britannique, la publication dans la foulée d’une mise au point de l’Elysée, affirmant que la France « est l’amie indéfectible d’Israël », pourrait passer pour du rétropédalage... Lire la suite