Repenser l’histoire du continent avec les Subaltern Studies
Par Remi Carayol
Afrique XXI, 25.11.24
Dans un petit livre paru chez RotXXI publie de larges extraits...
Bo Krik, Gayatri Chakravorty Spivak et Romila Thapar, deux figures de la pensée indienne contemporaine, dialoguent autour de leurs travaux (et de leurs engagements) postcoloniaux. Une discussion captivante suivie d’une postface signée par l’historien sénégalais Mamadou Diouf, dont AfriqueSortir l’Afrique de l’isolement colonial
« DE 1991 À 1999, J’AI DIRIGÉ LE DÉPARTEMENT DE LA RECHERCHE, de l’information et de la documentation du Codesria (Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique), tout en restant membre du département d’histoire de l’université Cheikh-Anta-Diop de Dakar. C’est à cette période que j’ai commencé à lire la production africaniste anglophone mais aussi les auteurs et autrices des Subaltern studies, ce groupe travaillant sur l’histoire de l’Inde sous la direction de Ranajit Guha.
Fondé à Dakar en 1973, le Codesria s’est imposé comme l’un des centres de recherche les plus importants du continent. Pluridisciplinaire, il fut initié par l’économiste franco-égyptien Samir Amin, qui en fut également le premier secrétaire exécutif. Il souhaitait, je le cite, « contribuer à sortir l’Afrique de l’isolement colonial », et construire des relations étroites et directes avec l’Amérique latine, les Caraïbes et l’Asie. Comme l’a rappelé récemment le chercheur Martin Mourre dans son travail sur l’histoire de cette institution1, Samir Amin participe dès le début des années 1970 au décentrement de la pensée et à « la provincialisation de l’Europe », pour reprendre le titre de l’ouvrage de l’historien indien Dipesh Chakrabarty, un des animateurs importants des études subalternes2... Lire la suite