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[Vidéos] Ben Rhodes admet que le président Obama a armé les djihadistes en Syrie (Zero Hedge)

par Tyler Durden 27 Juin 2018, 18:50 Ben Rhodes Obama Armement Djihadistes Al-Quaïda Syrie Impérialisme Articles de Sam La Touch

Ben Rhodes admet que le président Obama a armé les djihadistes en Syrie.
Article originel : Ben Rhodes Admits Obama Armed Jihadists In Syria In Bombshell Interview
Par Tyler Durden
Zero Hedge

[Vidéos] Ben Rhodes admet que le président Obama a armé les djihadistes en Syrie (Zero Hedge)

Quelqu'un a finalement demandé aux responsables de l'administration Obama de reconnaître l'armement des djihadistes et la montée de l'EI en Syrie.

Dans une vaste interview intitulée "Confronting the Consequences of Obama's Foreign Policy" ("Confronter les conséquences de la politique étrangère d'Obama"), Mehdi Hasan de The Intercept a posé la question à Ben Rhodes, qui a longtemps été conseiller adjoint à la sécurité nationale à la Maison-Blanche sous Obama et qui fait actuellement la promotion de son nouveau livre, "The World As It Is : Inside the Obama White House" ("Le monde tel qu'il est : à l'intérieur de la Maison-Blanche d'Obama").

Rhodes a été décrit comme étant tellement digne de confiance et proche d'Obama qu'il était "dans le secret" de presque toutes les décisions de politique étrangère importantes qu'Obama a prises au cours de ses huit années de mandat. Si l'interview de The Intercept vaut la peine d'être écoutée dans son intégralité, c'est le segment sur la Syrie qui a retenu notre attention.

Malgré le fait que Rhodes essaie de tourner autour de la question, il répond par l'affirmative quand Mehdi Hasan pose la question suivante sur le soutien aux djihadistes en Syrie :

    Êtes-vous intervenu trop souvent en Syrie ? Parce que la CIA a dépensé des centaines de millions de dollars pour financer et armer les rebelles anti-Assad, beaucoup de ces armes, comme vous le savez, se sont retrouvées entre les mains de groupes djihadistes, certains même entre les mains de l'EI.

    Vos critiques diraient que vous avez exacerbé cette guerre par procuration en Syrie ; vous avez prolongé le conflit en Syrie ; vous avez fini par soutenir les djihadistes.

Rhodes parle d'abord de son livre et de la politique syrienne en évitant la question. Mais Hasan le reprend avec ce qui suit : "Oh, allez, mais vous coordonniez beaucoup de leurs armes."

Suite aux charges de Hasan quant au "renforcement les djihadistes" dans le passage suivant de l'interview, Rhodes répond à contrecœur "oui..." - mais en essayant de passer le blâme ultime sur les alliés étatsuniens telles que la Turquie, le Qatar et l'Arabie Saoudite (similaire à ce que le vice-président Biden a fait dans un discours en 2014) :

    Mehdi Hasan : Oh, allez, mais vous coordonniez beaucoup de leurs armes. Vous savez, les États-Unis ont été fortement impliqués dans cette guerre avec les Saoudiens, les Qataris et les Turcs.

    Ben Rhodes : Eh bien, j'allais dire : la Turquie, le Qatar, l'Arabie Saoudite.

    MH : Vous y étiez aussi.

    BR : Oui, mais le fait est qu'une fois que cela s'est transformé en une sorte de guerre civile à base sectaire avec différentes parties se battant pour leur survie, je pense que pour nous, la capacité de mettre un terme à ce type de situation, et une partie de ce que j'ai évoqué dans le livre est la limite de notre capacité de tirer un levier et de faire cesser les meurtres une fois qu'ils sont en cours.

À notre connaissance, c'est la seule fois qu'une grande organisation médiatique a directement demandé à un conseiller en politique étrangère de haut rang de l'administration Obama de s'approprier le soutien de la Maison-Blanche aux djihadistes en Syrie.

 

Bien que l'interview ait été publiée vendredi, son importance n'a pas été commentée dans les médias grand public durant la fin de semaine (peut-être de façon prévisible). Au lieu de cela, ce qui a circulé était un article de Newsweek se moquant des "théories de conspiration" entourant l'essor rapide de l'EI, y compris ce qui suit :

    Le président Donald Trump n'a pas fait grand-chose pour dissiper le mythe du soutien étatsunien direct à l'EI depuis son entrée en fonction. Lors de la campagne électorale de 2016, Trump a prétendu - sans fournir aucune preuve - que le président Obama et la secrétaire d'État Hillary Clinton ont cofondé le groupe et que l'EI "honore" l'ancien président.

 

Bien sûr, la vérité est un peu plus nuancée que cela, comme Trump lui-même semble le reconnaître ailleurs, et qui a finalement conduit le président à mettre fin au programme secret de changement de régime syrien de la CIA à l'été 2017, tout en se plaignant auprès des assistants de la brutalité choquante des "rebelles" formées par la CIA.

Pendant ce temps, les médias grand public se sont contentés de dire que l'héritage du président Obama est qu'il est "resté en dehors" de la Syrie, approuvant simplement un niveau négligeable d'aide aux rebelles dits "modérés" qui combattaient à la fois Assad et (soi-disant) État islamique. Lors d'entretiens antérieurs, Rhodes a lui-même tenté de dépeindre Obama comme étant sagement resté "à l'écart" en Syrie.

Mais comme nous l'avons souligné à maintes reprises au fil des ans, ce récit ignore et cherche à blanchir le plus grand programme secret de la CIA de l'histoire, lancé par Obama, qui a armé et financé une insurrection djihadiste visant à renverser Assad à raison d'un milliard de dollars par an (un quinzième du budget connu publiquement de la CIA d'après les documents divulgués par Edward Snowden révélés par le Washington Post).

Il ignore également le fait bien établi, documenté à la fois dans les rapports des services de renseignement étatsuniens et dans les séquences authentifiées du champ de bataille, que l'EI et l'armée syrienne libre (ASL) ont combattu conjointement sous une structure de commandement unique soutenue par les États-Unis pendant les premières années de la guerre en Syrie, et ce jusqu'en 2013, ce que confirme Joshua Landis, professeur à l'Université de l'Oklahoma, largement considéré comme le plus grand expert mondial sur la Syrie.

Des experts syriens, ainsi qu'un rapport du New York Times qui est largement passé inaperçu, ont vérifié les images ci-dessous de 2013 montrant l'ambassadeur étatsunien en Syrie, Robert Ford, travaillant en étroite collaboration avec un chef "rebelle" qui exerçait un commandement opérationnel sur des terroristes de l'EI connus (l'ambassadeur Ford a depuis lors reconnu la relation selon  McClatchy News) :

Cette dernière affirmation de Ben Rhodes qui n'est pas dans le déni sur les djihadistes armés par la Maison-Blanche en Syrie fait suite aux précédents reportages de Mehdi Hasan remontant à 2015.

En tant qu'hôte du Head to Head d'Al Jazeera, Hasan a demandé à l'ancien chef du renseignement du Pentagone sous Obama, le général Michael Flynn, qui est à blâmer pour la montée de l'EI ? (l'entrevue d'août 2015 fut réalisée bien avant que Flynn se joigne à la campagne de Trump).

Hasan a présenté à Flynn la note déclassifiée de 2012 de la Defense Intelligence Agency (DIA) révélant le soutien de Washington aux terroristes d'Al-Qaïda et de l'EI en Syrie afin de contrer à la fois Assad et l'Iran. Flynn a répondu à l'allégation de Hasan que c'était "une décision délibérée de soutenir une insurrection avec des salafistes, Al-Qaïda et les Frères musulmans....".

Peu après, le journaliste Glenn Greenwald de The Intercept, est apparu sur Democracy Now pour discuter du contenu choquant de l'interview de Flynn :

Il sera intéressant de savoir dans quelques années sur quel "récit" concernant l'héritage d'Obama dans le conflit syrien les historiens du futur choisiront de mettre l'accent.

...Obama, le président qui "est resté en marge" en Syrie ? Ou Obama, le président dont les décisions ont alimenté la montée en puissance de l'organisation terroriste la plus brutale que le monde ait jamais vue ?

Ci-dessous se trouve l'extrait en question couvrant la politique étrangère étatsunienne en Syrie sous Obama lors de l'interview sur The Intercept de 26 minutes de Ben Rhodes, conseiller adjoint d'Obama pour la sécurité nationale [c'est nous qui soulignons].

Mehdi Hasan : Mon invité d'aujourd'hui était aux côtés du président Obama à chaque étape de son mandat. Ben Rhodes a rejoint la campagne électorale d'Obama en 2007 en tant que rédacteur de discours de politique étrangère, alors qu'il n'avait que 29 ans, et est devenu conseiller adjoint en matière de sécurité nationale à la Maison-Blanche, qui était si proche intellectuellement et idéologiquement de son patron qu'il était souvent décrit comme étant en fusion mentale avec Obama.

Ben, qui travaille actuellement à la Fondation Obama, a écrit un nouveau livre, "The World as It Is : A Memoir of the Obama White House". Et plus tôt cette semaine, je l'ai interviewé au sujet du bilan plutôt controversé d'Obama en matière de politique étrangère....

...

MH : Mais Ben, voici ce que je ne comprends pas, si vous dites cela au sujet de l'Afghanistan et des conflits prolongés, et je ne suis pas en désaccord avec ce que vous dites. Comment expliquez-vous la Syrie ? Parce qu'on vous a beaucoup critiqué. J'ai écouté vos interviews lors de votre tournée concernant votre livre ; vous parlez dans le livre de la façon dont on vous a critiqué pour ne pas en faire assez sur la Syrie. Je me souviens d'un événement qui s'est déroulé à D.C. il y a quelques années, où des membres de l'opposition syrienne vous reprochaient de ne pas en faire assez lors d'un événement, et vous étiez souvent le visage public qui est venu défendre Obama. Je veux aller maintenant dans l'autre sens et dire : Êtes-vous intervenu trop souvent en Syrie ? Parce que la CIA a dépensé des centaines de millions de dollars pour financer et armer les rebelles anti-Assad, beaucoup de ces armes, comme vous le savez, se sont retrouvées entre les mains de groupes djihadistes, certains même entre les mains de l'EI. Vos critiques diraient que vous avez exacerbé cette guerre par procuration en Syrie ; vous avez prolongé le conflit en Syrie ; vous avez fini par soutenir les djihadistes.

Ben Rhodes : Eh bien, ce que j'essaie de faire dans le livre, c'est, vous savez, essentiellement soulever - toute la seconde hypothèse sur la Syrie tend à ne pas être ce que vous avez exprimé, Mehdi, mais l'idée que nous aurions dû prendre des mesures militaires.

MH : Oui.

BR : Ce que je fais dans le livre, c'est que j'essaie de regarder en arrière en 2011 et 2012, y a-t-il eu une fenêtre diplomatique que nous avons ratée ou que nous avons, d'une certaine façon, fermer en faisant  l'appel à Assad pour qu'il parte - ce qui, de toute évidence, devrait arriver, je crois qu'Assad a été un terrible leader pour la Syrie et a brutalisé son peuple - mais, vous savez, y avait-il une initiative diplomatique qui aurait pu être prise pour essayer d'éviter ou du moins minimiser l'étendue de la guerre civile ? Parce que, vous savez, ce qui a fini par se produire essentiellement, c'est que nous étions probablement trop optimistes, vous savez, après Moubarak et Ben Ali et éventuellement Saleh et Kadhafi, que vous auriez une situation où Assad partirait. Et, vous savez, nous n'avons pas tenu  suffisamment compte de l'aide qu'il allait recevoir de la Russie et de l'Iran, combinée à son propre nihilisme, et comment cela pourrait lui permettre de survivre. J'ai donc jeté un coup d'oeil sur cette occasion diplomatique potentiellement manquée.

Pour ce qui est de l'appui de l'opposition, vous savez, je ne sais pas si je nous donnerais autant de responsabilités. Il y a beaucoup de gens qui mettent des armes en Syrie, qui financent toutes sortes de -

MH : Oh, allez, mais vous coordonniez beaucoup de leurs armes. Vous savez, les États-Unis ont été fortement impliqués dans cette guerre avec les Saoudiens, les Qataris et les Turcs.

BR : Eh bien, j'allais dire : Turquie, Qatar, Arabie Saoudite.

MH : Vous y étiez aussi.

BR : Oui, mais le fait est qu'une fois que cela s'est transformé en une sorte de guerre civile à base sectaire avec différentes parties se battant pour leur survie, je pense que notre capacité à mettre un terme à ce type de situation, et une partie de ce que j'ai relaté dans le livre est la limite de notre capacité de tirer un levier et de faire cesser les meurtres qui étaient en cours.

C'est pourquoi je regarde toujours cette fenêtre d'ouverture initiale. Je décris aussi qu'il y avait une légère absurdité dans le fait que nous débattions des options pour fournir un soutien militaire à l'opposition au moment même où nous décidions de désigner al-Nosra, une grande partie de cette opposition, comme une organisation terroriste. Il y avait donc une sorte de schizophrénie inhérente à la politique étrangère des États-Unis qui a atteint un point culminant en Syrie.

MH : C'est un très bon mot, surtout pour décrire la politique syrienne (des USA)....

Traduction SLT

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