Coronavirus. La guerre d'information militaire britannique dirigée contre sa propre population (UK Column)

Coronavirus. La guerre d'information militaire britannique dirigée contre sa propre population
Article originel : Coronavirus. The British Military Information War Waged On Their Own Population
Par Mike Robinson
UK Column

Mercredi dernier, au cours du briefing quotidien du gouvernement britannique sur le Coronavirus, le chef de l'armée britannique, le général Sir Nick Carter, s'est vanté :

    Nous avons participé à l'unité de réaction rapide du Cabinet Office, notre 77e brigade aidant à réprimer les rumeurs de désinformation, mais aussi à contrer la désinformation. Entre trois et quatre mille de nos hommes ont été impliqués, avec environ vingt mille disponibles en permanence à un haut niveau de préparation.

Pour comprendre les implications de cette déclaration, nous devons remonter à 2018, lorsque Carter a prononcé un discours devant le Royal United Services Institute.

"Dans notre 77e brigade," a-t-il dit, "nous avons un talent remarquable en matière de médias sociaux, de conception de production et même de poésie arabe. Ce genre de compétences que nous ne pouvons pas nous permettre de conserver dans la composante régulière, mais elles nous permettent de fournir des capacités d'une manière beaucoup plus imaginative que ce que nous aurions pu faire par le passé".

77ème Brigade

Auparavant connue sous le nom de "Groupe d'assistance à la sécurité", la 77e brigade a été créée en 2015 dans le cadre de "Armée 2020". Le Groupe d'assistance à la sécurité a été créé suite à la fusion du Groupe des opérations médiatiques, du Groupe des opérations psychologiques 15, de l'équipe de renforcement des capacités de sécurité et du Groupe de stabilisation et de soutien militaire.

La 77e brigade est décrite sur son site web comme étant une brigade d'information et de sensibilisation. Mais qu'est-ce que cela signifie ? Encore le général Carter :

    Mais nous devons aussi continuer à améliorer notre capacité à combattre sur ce nouveau champ de bataille, et je pense qu'il est important que nous nous appuyions sur l'excellente base que nous avons créée pour la guerre de l'information grâce à notre 77e Brigade, qui nous donne maintenant la capacité de rivaliser dans la guerre des récits au niveau tactique. [Soulignez par nous]

C'est donc dans ce contexte qu'il convient de considérer les propos de Carter dans le cadre de l'émission télévisée de la semaine dernière. Carter a reconnu que l'armée britannique fait la guerre à une partie de sa propre population.

Une réponse rapide

Carter a mentionné qu'il travaillait avec l'unité de réponse rapide (RRU) du Cabinet Office. Créée en avril 2018 et également connue sous le nom de "fausse unité d'information", l'unité de réaction rapide a reçu un financement initial de six mois. Elle a rassemblé une "équipe d'analystes, de scientifiques et d'experts en médias et en numérique", armés de logiciels de pointe, pour "travailler 24 heures sur 24 à la surveillance des nouvelles de dernière minute et des discussions sur les médias sociaux".

Selon le chef du RRU, Alex Aiken :

    Le service de surveillance 24 heures sur 24 de l'unité a identifié plusieurs sujets de préoccupation pendant le pilote, allant de l'attaque aux armes chimiques en Syrie à des histoires nationales liées au NHS et à la criminalité.

    Par exemple, à la suite des attaques aériennes en Syrie, l'unité a constaté qu'un certain nombre de faux récits provenant de sources d'information alternatives gagnaient du terrain en ligne. Ces sources d'"alt-news" sont biaisées et s'appuient sur le sensationnalisme plutôt que sur les faits pour piquer l'intérêt des lecteurs.

    En raison du fonctionnement des algorithmes des moteurs de recherche, lorsque les gens recherchaient des informations sur les raids, ces sources peu fiables apparaissaient au-dessus des informations officielles du gouvernement britannique. En fait, aucune information gouvernementale n'apparaissait sur les 15 premières pages de résultats de Google. Nous savons que la recherche est un excellent indicateur d'intention. Elle peut refléter les préjugés des informations reçues d'ailleurs.

    L'unité a donc veillé à ce que les personnes utilisant des termes de recherche indiquant une partialité - comme "faux drapeau" - reçoivent des informations factuelles sur la réponse du Royaume-Uni. La RRU a amélioré le classement, passant de moins de 200 à la première place en quelques heures.

L'unité de réponse rapide a reçu un financement permanent en février 2019.

Trois mois après la création de l'Unité de réaction rapide, Theresa May a participé au sommet du G7 à Québec, au Canada.

Elle y a annoncé la mise en place d'un "nouveau mécanisme de réaction rapide", suite à la proposition de la Grande-Bretagne pour "une nouvelle approche plus formalisée pour lutter contre l'ingérence étrangère au sein du G7" lors de la réunion des ministres des affaires étrangères du G7 le mois précédent.

L'accord envoie "un message fort que l'ingérence de la Russie et d'autres États étrangers ne sera pas tolérée", a-t-elle déclaré.

"Le mécanisme de réaction rapide", a-t-elle poursuivi, "soutiendra la coopération en matière de prévention et de protection entre les pays du G7, ainsi que les réactions post-incident", notamment :

• l'attribution coordonnée des activités hostiles
• un travail commun pour affirmer un récit et une réponse communs

La réponse rapide du gouvernement britannique consiste donc à créer un accord international sur un récit commun (via le "mécanisme"), puis à mener une guerre de l'information contre son propre peuple pour s'assurer que le récit est protégé dans les médias (via l'"unité").

Fusion

Lors de son discours à l'occasion de la conférence RUSI 2018, Carter a expliqué le rôle de la presse grand public dans "la mise en place d'un débat public bien informé". Il a dit que la "guerre politique" était une guerre par d'autres moyens, et que pour gagner cette guerre, il faudrait une approche "fusionnelle".

Il fait ici référence à la doctrine de fusion, qui a été lancée sous le régime de Theresa May, dans le cadre de l'examen des capacités de sécurité nationale de 2015.

"De nombreuses capacités", a-t-il dit, "qui peuvent contribuer à la sécurité nationale se trouvent en dehors des départements traditionnels de sécurité nationale et nous avons donc besoin de partenariats plus solides au sein du gouvernement et avec le secteur privé et le tiers secteur".

Il n'est donc pas surprenant que l'unité de réaction rapide du Cabinet Office ne travaille pas seulement avec la 77e brigade de l'armée, mais qu'elle "dirige la "réfutation des faux récits" dans le cadre de l'unité ... qui implique également le Home Office, le DCMS, le numéro 10 et d'autres agences".

Le récit narratif sur le Coronavirus

Le général Carter a déclaré que sa 77e brigade "aide à réprimer les rumeurs de désinformation, mais aussi à contrer la désinformation".

Quelle malinformation et quelle désinformation la 77e brigade contribue-t-elle à étouffer ? Quelle part de la "désinformation" provient de la 77e brigade en premier lieu ?

Une partie du rôle de la 77e Brigade est :

    Surveiller et évaluer l'environnement de l'information dans les limites ou la zone opérationnelle

Ils ne se contentent pas de "contrer" la désinformation, mais observent également les médias sociaux, analysant la manière dont la désinformation, y compris la leur, se répand, et cartographiant l'internet et les réseaux de personnes partageant des contenus entre elles.

Pour ce faire, ils ont déployé des milliers de personnes, et des dizaines de milliers en réserve, non seulement au sein de la 77e brigade directement, mais aussi dans l'ensemble du gouvernement et du secteur tertiaire.

Traduction SLT

Contact : samlatouch@protonmail.com

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