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De Snowden au Russiagate - La CIA et les médias (Moon of Alabama)

par Moon of Alabama 26 Décembre 2017, 19:03 Russiagate CIA Médias Collaboration Influence USA Articles de Sam La Touch

De Snowden au Russiagate - La CIA et les médias
Article originel : From Snowden To Russia-gate - The CIA And The Media
Moon of Alabama


Traduction SLT

De Snowden au Russiagate - La CIA et les médias (Moon of Alabama)

La promotion du présumé piratage russe des élections étatsuniennes dans certains médias pourrait avoir pris de l'ampleur à la suite des tentatives réussies des services de renseignements étatsuniens de limiter la publication des fichiers de la NSA obtenus par Edward Snowden.

En mai 2013, Edward Snowden s'est enfui à Hongkong et a remis des documents internes de la National Security Agency (NSA) à quatre journalistes, Glenn Greenwald, Laura Poitras, et Ewen MacAskill du Guardian et séparément à Barton Gellman qui travaillait pour le Washington Post. Certains de ces documents ont été publiés par Glenn Greenwald dans le Guardian, d'autres par Barton Gellman dans le Washington Post. Plusieurs autres sites d'information internationaux ont publié du matériel supplémentaire, mais la masse de documents de la NSA que Snowden aurait acquis n'a jamais été divulguée.

En juillet 2013, le Guardian fut contraint par le gouvernement britannique de détruire sa copie des archives de Snowden.

En août 2013, Jeff Bezos a acheté le Washington Post pour environ 250 millions de dollars. En 2012, Bezos, le fondateur, plus grand actionnaire et PDG d'Amazon, avait déjà une coopération avec la CIA. Ensemble, ils ont investi dans une entreprise canadienne d'informatique. En mars 2013, Amazon a signé un accord de 600 millions de dollars pour fournir des services informatiques à la CIA.

En octobre 2013, Pierre Omidyar, propriétaire d'Ebay, fondait First Look Media et engageait Glenn Greenwald et Laura Poitras. L'investissement total prévu serait de 250 millions de dollars. Il a fallu attendre jusqu'en février 2014 pour que la nouvelle organisation lance son premier site, The Intercept. Il n'y avait que quelques articles de la NSA. The Intercept est un site plutôt médiocre. Sa gestion est dite chaotique. Il publie peu d'histoires d'intérêts et on pourrait se demander s'il a jamais été conçu pour être un média sérieux. Omidyar a travaillé avec le gouvernement étatsunien pour forcer le changement de régime en Ukraine. Il avait des liens étroits avec l'administration Obama.

Snowden avait des copies de quelque 20 000 à 58 000 dossiers de la NSA. Seuls 1 182 ont été publiés. Bezos et Omidyar ont évidemment aidé la NSA à garder plus de 95% des archives de Snowden à l'écart du public. Les dossiers de Snowden ont été pratiquement privatisés en mains dignes de confiance par des milliardaires de la Silicon Valley ayant des liens avec les divers services secrets et l'administration Obama.

La motivation des Bezos et d'Omidyar n'est pas claire. On estime que Bezos possède une fortune honteuse de 90 milliards de dollars. Le Washington Post, c'est de la monnaie pour lui. Omidyar a une fortune nette d'environ 9,3 milliards de dollars. Mais l'utilisation de milliardaires pour masquer ce qui est en fait des opérations de renseignement n'est pas nouvelle. La Fondation Ford a été pendant des décennies un paravent de la CIA, George Soros Open Society Fondation est l'une des principales opérations de "changement de régime", porté dans l'instigation des "révolutions de couleur".

Il aurait été raisonnable que la coopération entre ces milliardaires et les services de renseignement ait cessé après que les fuites de la NSA aient été sécurisées. Mais il semble que la coopération étroite des médias de Bezos et Omidyar avec la CIA et d'autres continue.

The Intercept a mis fin à une fuite de renseignements de la part d'une lanceure d'alerte, Realty Winner, qui avait fait confiance à ces journalistes pour la protéger. Il a sali le président syrien comme néo-nazi sur la base d'une mauvaise traduction (intentionnelle?) d'un de ses discours. Il a également embauché un partisan syrien de la CIA en Syrie favorable au "changement de régime par les djihadistes". Malgré sa prétention de "journalisme courageux et d'investigation", il ne s'écarte guère des politiques étatsuniennes.

Le Washington Post, qui a une portée beaucoup plus large, est le principal pourvoyeur de nouvelles sur le "Russiagate" et sur les allégations fausses de certaines parties de la communauté étatsunienne du renseignement et de la campagne Clinton, selon lesquelles la Russie a tenté d'influencer les élections étatsuniennes ou même "comploté" avec Trump.

Aujourd'hui encore, il a fournt deux articles et un éditorial qui ne contiennent aucune preuve factuelle des allégations anti-russes.

Au Kremlin, des polémiques créées de toute pièce se sont multipliées sur Internet pendant que Washington débattait sur le fait que des auteurs insinuaient qu'un écrivain anonyme, qui a publié quelques articles sur Counterpunch et ailleurs, faisait partie d'une opération russe. Ils ne fournissent aucune preuve à l'appui de cette allégation. Tout ce que l'auteur a écrit (voir la liste à la fin) était des trucs usuels, qui n'avait pas grand-chose à voir avec les élections étatsuniennes. Le débat se plonge ensuite dans diverses cyber-opérations contre la Russie dont l'administration Obama et Trump ont discuté.

Un second article dans le journal d'aujourd'hui est basé sur "un rapport classifié du GRU obtenu par le Washington Post." Il affirme que le GRU, le service de renseignement militaire russe, a lancé une opération sur les médias sociaux un jour après que le président ukrainien Viktor Ianoukovitch a été illégalement démis de ses fonctions dans le cadre d'une opération étatsunienne de changement de régime. Ce que l'article cite comme étant de prétendues marionnettes du GRU se lit comme un discours normal sur Internet de personnes opposées au changement de régime fasciste à Kiev. Le Washington Post n'explique pas qui lui a remis un prétendu rapport du GRU de 2014, qui l'a classé et comment, le cas échéant, il en a vérifié la véracité. Pour moi, les allégations qu'elle contient puent le mensonge.

Un éditorial du même Washington Post a une odeur similaire. Il est écrit par les larbins du renseignement Michael Morell et Mike Rogers. Morell espérait devenir le patron de la CIA sous la présidence de Hillary Clinton. L'éditorial (qui comprend un grave malentendu sur la "dissuasion") affirme que la Russie n'a jamais cessé ses cyberattaques contre les États-Unis :

    Les tactiques des opérations d'information de la Russie depuis les élections sont plus nombreuses que ce qui peut être énuméré ici. Mais pour se faire une idée de l'ampleur de l'activité russe, songez aux messages diffusés par les comptes du Kremlin sur Twitter, que les experts en cybersécurité et en désinformation ont suivis dans le cadre de l'Alliance pour la démocratie du German Marshall Fund.

L'auteur renvoie à cette page qui prétend répertorier les hashtags Twitter actuellement utilisés par les agents d'influence russes. Apparemment, le problème principal que les agents d'influence de la Russie promeuvent actuellement est "#merrychris Christmas".

De Snowden au Russiagate - La CIA et les médias (Moon of Alabama)

Lorsque les auteurs affirment que les opérations russes sont "plus nombreuses que celles qui peuvent être répertoriées ici", ils admettent pratiquement qu'ils n'ont même pas une seule opération plausible qu'ils pourraient citer. Il use d'opacification pour justifier leur appel à davantage de mesures politiques et militaires contre la Russie. Cela aussi pour détourner l'attention des véritables raisons pour lesquelles Clinton a perdu l'élection et pour introduire une nouvelle guerre froide au profit des producteurs d'armes et de l'influence étatsunienne en Europe.

Jusqu'à présent, aucune des histoires du Russiagate n'a fait l'objet d'un examen minutieux. Il n'y a pas de preuve du tout, ni de preuve raisonnable, que la Russie est intervenue dans les élections aux États-Unis ou ailleurs. Il n'y a aucune preuve de "collusion" avec la campagne Trump.

L'un des démystifications la plus complète des fausses allégations se trouve dans la récente London Review of Books: What We Don' t Talk about When We Talk about Russian Hacking. Consortium News a publié de nombreux articles sur la question ainsi que des analyses et des avertissements sur ce qui pourrait en découler. Beaucoup d'autres écrivains ont rattrapé et démystifié les diverses allégations fausses. The Nation dresse la liste de divers cas de faute professionnelle journalistique en ce qui concerne le Russiagate.

Les gens qui promeuvent l'absurdité de "l'influence russe" sont des agents politiques ou des pirates. Prenons l'exemple de Luke Harding du Guardian qui vient de publier un livre intitulé Collusion: Secret Meetings, Dirty Money, and How Russia Helped Donald Trump Win. Il a été confondu dans une interview de Real News (vidéo) sur le livre. L'intervieweur a souligné qu'il n'y a absolument aucune preuve dans le livre pour étayer ses affirmations. Lorsqu'on lui demande des preuves de ses allégations, Harding déclare défensivement qu'il ne fait que "raconter des histoires" - en d'autres termes : sa fiction. Harding plus tôt a écrit un livre sur Edward Snowden qui était un simulacre similaire. Julian Assange a considéré qu'il s'agissait "d'un travail de pirate au sens le plus pur du terme". Harding est aussi connu aussi comme un plagiaire. Lorsqu'il travaillait à Moscou, il a copié des histoires et des passages du défunt Exil, dirigé par Matt Taibbi et Mark Ames. The Guardian a dû publier des excuses.

Le gouvernement mexicain contrôle les médias en achetant une quantité énorme de publicité. Il garantit ainsi un revenu tant que sa ligne politique est respectée. Le gouvernement étatsunien a ses propres façons de contrôler les médias. Dans les années 1950-1970, la CIA a dirigé l'Opération Mockingbird, qui lui a permis de contrôler une grande partie de l'information et de l'opinion diffusée dans les médias étatsuniens. Pendant cette période, jusqu' à 400 journalistes du courant principal travaillaient pour la CIA.

La méthode de contrôle a probablement changé. Le traitement de l'affaire Snowden laisse supposer que la CIA incite les milliardaires à acheter des médias et à mettre en œuvre les politiques privilégiées de la CIA par leur intermédiaire. Nous ne savons pas ce que les milliardaires obtiennent pour leur service. La CIA a certainement de nombreuses façons de leur permettre d'obtenir des informations sur leur concurrence ou d'influencer la réglementation des affaires dans les pays étrangers. Une main lavera l'autre.

James Clapper en tant que directeur du renseignement national, John Brennan en tant que chef de la CIA et James Comey du FBI "a estimé" que la Russie a influencé l'élection présidentielle étatsunienne. On peut lire dans l'annexe B de leur rapport, que presque aucun rapport ne s'est donné la peine de mentionner :

    Les jugements ne visent pas à laisser entendre que nous avons des preuves qui montrent que quelque chose est un fait. Les évaluations sont fondées sur des informations recueillies, souvent incomplètes ou fragmentaires, ainsi que sur la logique, l'argumentation et des précédents.

Cette phrase est au cœur du Russiagate. Il y a beaucoup d'allégations, d'affirmations et de jugements, mais rien ne prouve que la prétendue influence russe ait réellement eu lieu.

C'est probablement en raison de l'influence indue des services de renseignement que les médias ont adopté la norme de l'annexe B pour eux-mêmes. En ce qui concerne la Russie (et d'autres questions) les allégations sont maintenant suffisantes - il n'est pas nécessaire d'enquêter, de trouver la vérité ou de vérifier les allégations.

Comment fonctionnera ce système si un accident se produit, qu'un avion est abattu et que le problème s'aggrave. Y aura-t-il encore des journalistes autorisés à poser de vraies questions dans les médias de masse ?

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