Article publié le 28.09.13 sur SLT. MAJ le 21 aout 2016 suite à la reconnaissance par le chef de l'Etat français, François Hollande, de la "répression" "tragique" au Cameroun lors d'une conférence de presse à Yahoundé en compagnie de Paul Biya, le 3 juillet 2015; articles, commentaires et vidéo de la conférence de presse en fin d'article.
Article publié le 28.09.13 sur SLT
Cet article a été refusé sur Agoravox. L'omerta française se poursuit !
- "Pierre Messmer a eu un parcours sans tâche" Jean-Pierre Chevènement, ancien ministre de la Défense de François Mitterrand, propos tenu en aout 2007 à ses funérailles.
- "Je déni absolument que des forces françaises aient participé en quoi que ce soit à des assassinats au Cameroun et tout cela n'est que de la pure invention". François Fillon, Premier Minisitre de Sarkozy II en 2009.
- Réponse au Parlement du ministère des affaires étrangères sous la férule de Laurent Fabius (MAE de Fraçois Hollande) : "La période évoquée appartient à l'Histoire et aux historiens à qui il appartient désormais d'exploiter les archives rendues disponibles pour apporter leur éclairage sur la période."
Le 13 septembre 1958, le roman noir des crimes de la France au Cameroun, allait se poursuivre avec la décapitation de l’ensemble du leadership politique de l’UPC (Union des Populations des Cameroun) en commençant par la figure historique du mouvement d'indépendance Ruben Um Nyobé puis les assassinats politique par l'Etat français se poursuivront avec Roland Félix Moumié, Ossendé Afana, Ernest Ouandié. L'année 1958 vient de marquer l'arrivée du général De Gaulle au pouvoir par un "coup d'état" ou "putsch démocratique" dans le contexte des "évènements d'Algérie". Dès lors, le président de la République française devient chef des armées et n'a de compte à rendre à personne. Il mène avec son Etat-major seul les guerres dans l'ombre (au Biafra de 1 à 2 millions de morts , au Cameroun de 40.000 à des centaines de milliers de morts,...) sans que le Parlement n'ait à se prononcer. La France entre dans un régime constitutionnel évocateur d'une monarchie républicaine ou d'une semi-dictature. Le Parlement et donc les concitoyens et les médias sont dépossédés de la politique étrangère et de l'éxécutif.
Les massacres dirigés par l'Etat français et leurs tirailleurs camerounais depuis la IVème République (sous Mitterrand, Defferre, Messmer and co) vont s'intensifier dans tout le Cameroun et passer aux massacres à grande échelle particulièrement en pays Bassa et Bamiléké où de nombreux résistants ont trouvé refuge. Pierre Messmer, Haut commissaire fraîchement renommé par De Gaulle puis promu en 1960 au rang de Ministre des Armées, utilisera les grands moyens : massacres de masse, ratissage, assassinats, décapitations, bombardements, napalm, camps de concentration et torture systématisé sont abondamment usité pour parvenir au "nettoyage" des régions indépendantistes du Cameroun où l'UPC (parti politique indépendantiste au Cameroun) a son fief.
La France, le Cameroun et le napalm (voir le reportage intitulé "Autopsie d'une indépendance auCameroun) de France 5 à 42'30 "le napalm c'est pas important" dixit Messmer)
Extermination au napalm des populations de l’Ouest et de la Sanaga maritime par l’armée française.
C'est aussi l'expérimentation de la guerre psychologique et révolutionnaire par l'armée française au Cameroun qui évoluera vers la "guerre totale" inspirée des méthodes nazis.
Le Canard Enchaîné 27 avril 2011 Une guerre française au Cameroun cachée pendant quarante ans
Références nazies A l'approche de l'indépendance promise en 1960 par de Gaulle, la France met en place une administration néocoloniale. On installe ainsi le président Amadou Ahidjo, et l'on dote le pays d'une Constitution sur mesure, assortie d'accords secrets d'assistance militaire. Les conseillers du Président sont nommés par les Français. Au nombre desquels Samuel Kamé, qui avoue son admiration pour les régimes fascistes et cite volontiers Hitler et Goebbels. C'est avec ces alliés que Paris prépare son ultime opération avant de retirer le gros de ses troupes : la liquidation de l'UPC, qui persiste à combattre pour une authentique indépendance.
Camps à l'allemande Depuis la fin 1959, les opérations antiguérilla se sont intensifiées. La torture n'a plus pour seul but de faire parler les chefs maquisards, elle devient systématique à l'égard des opposants. Gégène, baignoire, balançoire, importées d'"Indo" ou d'Algérie, sont pratiquées dans tous les postes de police. Des prisonniers sont jetés vivants dans les chutes d'eau de la rivière Metchié. L'un deux, en tombant entraînera d'ailleurs dans la mort un gendarme français. Des camps de concentrations sont édifiés. Ancien haut-commissaire (il sera plus tard ambassadeur, puis maire de Cannes), Maurice Delaunay évoque, dans ses Mémoires, celui de Bangou : "J'avais été prisonnier en Allemagne, je savais comment ça se passait ! J'avais fait un camp avec des barbelés, des miradors". Il abrite 700 à 800 détenus, gardés par des gendarmes français et camerounais.
L'année 1960 est terrible. "Je décide d'entreprendre une véritable reconquête", écrit le Premier ministre, Michel Debré. Une note secrète (mars 1960) de l'état-major, dirigé par le général Max Briand, recommande d'"annihiler les groupes terroristes...et leurs sympathisants", ce qui autorise les massacres de masse. Briand a rapporté cette riche idée : exposer les têtes coupées des rebelles sur la place publique. L'ouest du pays est bombardé. Des centaines de milliers de personnes sont déplacées dans "des villages de regroupement". En octobre, le SDECE (future DGSE) repère le chef de l'UPC, Felix Moumié, à Genève et le fait assassiner (empoisonnement) par son agent William Bechtel."
Officiellement le chiffre de 40.000 morts a été avancé même si le premier Ministre François Fillon déni l'existence de la guerre française au Cameroun, officieusement certains avancent un bilan de centaines de milliers de morts (selon un collectif d'historiens franco-camerounais : Kamerun) voir de millions.
"Kamerun ! Une guerre cachée aux origines de la Françafrique
Le ministère français des Affaires étrangères a profité de l'été pour répondre - en toute discrétion - à la question d'un député français à propos de la guerre du Cameroun. Comme le pouvoir sarkoziste avant lui, le pouvoir hollandiste crache à la figure des Camerounais (et des Français) qui aimeraient voir les autorités françaises reconnaître les pages les plus sombres de leur histoire coloniale. Les services du ministère des Affaires étrangères entretiennent en effet le traditionnel black out en expliquant, une fois de plus (et dans un style quasi orwellien), que "la période évoquée appartient à l'Histoire et aux historiens à qui il appartient [...d'] apporter leur éclairage sur la période" (sic)...
Nous avons l'honneur d'informer le ministère des Affaires étrangères qu'il existe des dizaines de livres et d'articles réalisés par les historiens sur la "période" en question. Est-ce parce qu'ils prouvent tous que la France a commis des atrocités à cette époque que les services de M. Fabius font semblant d'ignorer ces travaux? http://questions.assemblee-nationale.fr/q14/14-31918QE.htm "
Le Monde du 23 juin 2008 Comment le Cameroun est passé de la colonisation à la dictature
"La France choisit le futur président Ahidjo, non sans avoir tout fait pour écraser le principal parti d'indépendance, l'UPC (Union des populations du Cameroun)... La répression contre l'UPC est d'une extrême violence : tortures, assassinats, exposition des têtes coupées des victimes, bombardements...Epaulées par l'armée française, les forces camerounaises appliquent ses méthodes. Dix années de terreur et des centaines de milliers de morts seront nécessaires pour venir à bout de l'opposition. Aujourd'hui, Paul Biya, héritier du régime Ahidjo, conservce le soutien de la France".
Résultat des courses, après plus de 15 ans de guerre menée par la France et ses tirailleurs camerounais (de 1956 à 1971) contre la résistance, un régime totalitaire néo-colonial est toujours en place et est soutenu par l'Etat français dans la plus grande indifférence de ses concitoyens sous-informés par des médias qui marchent au pas. Les élections sont truquées, la classe politique est complètement corrompue, l'opposition laminée, paupérisation et absence réel de contrôle national de l'économie font les beaux jours des multinationales, des banques et des ONGs françaises dans la grande tradition françafricaine.
Le Monde 4 otobre 2011 La guerre coloniale du Cameroun a bien eu lieu "Avant et après la proclamation officielle de l'indépendance de ce pays, le 1er janvier 1960, Paris a tout essayé pour briser les mouvements qui, portés principalement par l'Union des populations du Cameroun (UPC), réclamaient une indépendance réelle respectant la souveraineté populaire. Dans ce territoire placé sous la tutelle de l'ONU en 1946 - mais administré par la France et le Royaume-Uni -, la IVe République, sous les ordres de François Mitterrand, Gaston Defferre ou Pierre Messmer, a déclenché une véritable guerre au milieu des années 1950. Bâillonnement de l'opposition, création de milices sanguinaires, torture à grande échelle, déplacement des populations, guerre psychologique, assassinats : les méthodes de la "guerre révolutionnaire" - et parfois les hommes chargés de les appliquer - sont les mêmes que celles mises en oeuvre au même moment en Algérie. La Ve République du général de Gaulle a poursuivi la même politique de répression après l'"indépendance" confiée au candidat choisi par Paris, le président Ahmadou Ahidjo. En accentuant encore la guerre à l'ouest du pays à l'aide de bombardements intensifs, qui mirent à feu et à sang toute la région "bamiléké". Combien de morts ce terrible conflit a-t-il provoquées ? De 61 000 à 76 000, comme l'estimait l'ambassade du Royaume-Uni en 1964 ? 120 000, comme le rapportait deux ans plus tôt André Blanchet, alors journaliste au Monde ? Davantage, comme l'affirment certains commentateurs ?
Dénoncée depuis des décennies et aujourd'hui largement documentée, cette guerre reste un tabou français. Le mot lui-même, pourtant utilisé à l'époque par les militaires pour décrire leur action, est banni du vocabulaire officiel, qui ne retient que les mots de "troubles", d'"émeutes", de "guerre civile" et, parfois, d'affrontements "ethniques". En 1972, la France de Pompidou interdisait Main basse sur le Cameroun (éd. Maspero), l'essai de l'écrivain camerounais Mongo Beti, qui dénonçait déjà ces atrocités et la responsabilité de Paris. On retrouve cette négation, officiellement exprimée, dans la bouche de François Fillon en mai 2009. Interrogé sur ces "événements" et, notamment, sur l'"assassinat par l'armée française de certains nationalistes camerounais", le premier ministre osa dire que "tout cela" relevait "de la pure invention". L'armée française a pourtant, d'après ses propres archives, assassiné Ruben Um Nyobé, secrétaire général et leader charismatique de l'UPC, en septembre 1958. Ses services secrets ont, comme l'ont avoué plusieurs de leurs responsables, fait empoisonner à Genève Félix-Roland Moumié, président de l'UPC, en octobre 1960. L'aviation française a, toujours d'après les archives françaises, tiré à l'ouest du Cameroun des centaines de milliers de cartouches entre décembre 1959 et septembre 1960... Que M. Fillon aille vérifier par lui-même : les archives françaises regorgent de "pures inventions" de ce type.
Si, encore aujourd'hui, le gouvernement français ment aussi effrontément, c'est parce que ce passé reste d'une actualité brûlante. M. Biya, formé à l'Ecole nationale de la France d'outre-mer au moment où la répression battait son plein au Cameroun, avant d'entrer au cabinet d'Ahidjo, de devenir son secrétaire général puis son premier ministre, est toujours au pouvoir aujourd'hui. Soutenu à bout de bras par la France malgré une répression aussi sournoise que permanente des mouvements populaires, il a autoritairement modifié la Constitution camerounaise en 2008 pour briguer un nouveau septennat. Au même moment, alors que la jeunesse camerounaise se soulevait contre ce coup d'Etat constitutionnel et contre la misère entretenue par le régime, son armée et sa police noyaient la révolte dans le sang, faisant plus d'une centaine de morts. Sans aucune réaction ou presque de la communauté internationale. "
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Rue 89 Cameroun 1955-1962 : la guerre cachée de la France en Afrique
« Kamerun ! Une guerre cachée aux origines de la Françafrique (1948-1971) » de Thomas Deltombe, Manuel Domergue et Jacob Tatsitsa, confronte des dizaines de témoins retrouvés dans les deux camps et des milliers de pages d’archives (diplomatiques et militaires) pour arriver à une conclusion limpide : la France a fait la guerre au Cameroun pendant sept ans. Une guerre totale, pour reprendre l’expression des théoriciens de la doctrine de la guerre révolutionnaire (DGR), radicale et sans merci.
Le déni du Premier Ministre François Fillon sur la guerre française au Cameroun
Cameroun, autopsie d'une indépendance
Ambroise Kom: "J'ai enjambé des cadavres!"
Kamerun ! Histoire interdite.
Colonel Mang : "Ou vous faisiez des prisonniers ou ...vous n'en faisiez pas"
Le massacre des Bamilékés par l'armée française
MAJ le 21 aout 2016.
Le 3 juillet 2015 lors d'une conférence de presse, François Hollande a reconnu une "répression" "tragique" de l'Etat français au Cameroun mais n'a prononcé ni excuses, ni promis de réparation. Ces déclarations ont été faites à Yahoundé dans un contexte de rapprochement de l'Etat français et camerounais dans une volonté évidente de la part de François Hollande de plébisciter les multinationales françaises au Cameroun dans la digne tradition françafricaine.
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