L'Afrique et la Palestine sont les premières victimes de la politique transactionnelle de Trump
Article originel : Africa and Palestine are the first victims of Trump’s transactional politics
Middle Eat Monitor, 26.01.18
Traduction SLT
Les Palestiniens protestent contre la décision du président étatsunien Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme la capitale d'Israël dans la ville de Gaza le 8 janvier 2018 [Ashraf Amra/Apaimages].
Tout au long de sa campagne électorale présidentielle, Donald Trump a clairement indiqué qu'il avait l'intention de donner la priorité aux États-Unis dans sa politique et son économie. Sa politique "America First", qu'il doit élucider lors du Forum économique mondial (FEM) de cette année à Davos, en Suisse, a été qualifiée par de nombreux commentateurs 'd'une autre forme de politique transactionnelle".
Il s'agit d'une pratique politique dans laquelle les gouvernements s'engagent à faire des transactions réciproque les uns avec les autres sur un pied d'égalité, c'est-à-dire à faire de la politique. Le terme peut aussi désigner l'attitude commerciale des gouvernements en matière de dépenses nationales.
Trump a accusé les gouvernements étatsuniens précédents - en particulier celui de son prédécesseur, le président Barack Obama - d'avoir permis aux pays de tirer parti des États-Unis et de leur générosité. Il s'en prend par exemple à certains États membres de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN). Le dirigeant étatsunien les a accusés de manquer à leur engagement financier envers l'OTAN, laissant les États-Unis assumer la plus grande partie de la facture.
Il a adopté des positions similaires avec les pays pauvres qui dépendent de l'aide étatsunienne. Quelques jours après son entrée en fonction, il a indiqué que l'aide à certains pays en développement allait être réduite car il se concentre sur les besoins du peuple étatsunien. Selon Interaction, une alliance d'organisations non gouvernementales (ONG) basées aux Etats-Unis, "la capacité de fournir une assistance vitale et qui change la vie est primordiale pour les communautés pauvres et la réduction des programmes de l'USAID, qui incluent le soutien à l'aide alimentaire et nutritionnelle, l'éducation des jeunes enfants, le traitement des maladies contagieuses, la démocratie et la bonne gouvernance, entre autres domaines, vient à un moment où les besoins sont criants".
Les premières victimes de la politique transactionnelle de Trump ont été les pays africains et la Palestine. La décision des États-Unis de reconnaître Jérusalem comme la capitale d'Israël et de déplacer son ambassade de Tel-Aviv a surpris et irrité de nombreuses personnes à travers le monde. Malgré la politique qui entoure cette décision, il y a un sentiment général de lassitude face au conflit israélo-palestinien dans le monde entier, et beaucoup de gens aimeraient voir une solution pacifique dans cette région. L'annonce de Trump sur Jérusalem met en péril les rares perspectives de paix qui existaient, ajoutant à la frustration mondiale sur le sujet.
C'est pourquoi, lorsque l'ambassadeur du Yémen auprès des Nations unies, Khaled Hussein Alyemany, a présenté la résolution en qualifiant la décision étatsunienne sur Jérusalem de "nulle et non avenue" et en exhortant tous les "pays épris de paix" à voter en sa faveur, beaucoup ont répondu à l'appel. L'Assemblée générale des Nations Unies a dûment voté 128-9 avec 35 abstentions en faveur de la résolution. En dépit du fait que Trump menaçait de réduire le financement US à certains pays s'ils votaient en faveur de la résolution. L'ambassadrice étatsunienne auprès de l'ONU, Nikki Haley, a déclaré aux médias après le vote : "Le président a demandé un rapport sur les pays qui ont voté en faveur de la résolution" et elle a déclaré qu'elle "prendrait des noms".
Toutefois, de nombreux pays sont restés résolus même après de telles menaces. Le Botswana a été l'un des pays les plus éloquents en la matière. Dans une déclaration très ferme, le gouvernement de Gaborone a souligné que "le Botswana ne sera pas intimidé par de telles menaces et exercera son droit souverain et votera sur la base de ses principes de politique étrangère, qui affirment que Jérusalem est une question fondamentale du statut final, qui doit être résolue par le biais de négociations conformément aux résolutions pertinentes des Nations Unies". Selon le département d'État US, depuis 2004, le Botswana a reçu plus de 750 millions de dollars en soutien du Plan d'urgence du président des États-Unis pour la lutte contre le sida (PEPFAR) qui promeut des interventions durables, de haute qualité et rentables en matière de prévention, de traitement et de soins du VIH/sida.
La politique transactionnelle des querelles partisanes de Donald Trump a pris un nouveau tournant le 25 janvier au WEF de Davos. À la suite de sa rencontre avec le Premier ministre britannique Theresa May, entre autres, Trump a rencontré le Premier ministre d'Israël, Benjamin Netanyahu.
C'est au cours de cette réunion que Trump a annoncé que le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, avait manqué de respect au vice-président étatsunien Mike Pence lors de la visite de ce dernier dans la région cette semaine. Les Palestiniens ont boycotté une rencontre avec Pence et ont refusé toute autre interaction avec lui pendant sa visite.
La dénonciation d'Abbas par Trump a été suivie d'une autre bombe:"Jérusalem n'était pas au programme", a-t-il déclaré aux journalistes qui rivalisaient d'attention. Il a ensuite menacé le gouvernement palestinien de voir les États-Unis leur retirer leur aide financière. Abbas a répondu promptement à la menace de Trump. "Si Jérusalem n'est pas au programme," a déclaré le Président de l'Autorité Palestinienne"les Etats-Unis sont hors du programme."
On s'attend à ce que Donald Trump explique sa politique America First à l'élite mondiale réunie à Davos. De nombreux pays africains, y compris l'Afrique du Sud, ont juré de boycotter son discours, suggérant qu'il y a un défi croissant au style politique de Trump. Une telle défiance ouverte de la part de pays tels que l'Afrique du Sud, le Botswana et, en fait, le président de la Palestine contre un président en exercice des États-Unis aura de graves répercussions sur la position du pays dans le monde. La politique transactionnelle de Trump amènera certainement de nombreux pays pauvres à se tourner vers les nouvelles puissances émergentes pour obtenir de l'aide. Quel impact cela aura-t-il sur l'hégémonie étatsunienne dans les affaires mondiales ? Nous ne pouvons qu'attendre et voir ce qui va se passer.