L'Afrique, nouveau terrain de jeu des Navy Seals
par Avic
Samedi dernier, le 5 Octobre, deux raids sont menés simultanément par les forces spéciales américaines, l'un en Libye et l'autre en Somalie. Celui de Libye a abouti à la capture d'un certain Abou Anas Al-Libi, 49 ans, qualifié de « figure importante d'al-Qaïda », soupçonné d'avoir été l'instigateur des attentats de Nairobi et Dar Es-Salaam en 1998. Pendant 15 ans, on nous avait vendu un autre instigateur pour ces attentats, Oussama Ben Laden lui-même. Au bout de 15 ans ils se sont rendus compte de leur erreur qu'ils viennent apparemment de réparer. Cette fois ce devrait être le bon, qui se trouve en ce moment, selon un porte-parole du Pentagone, « en lieu sûr, à l'extérieur du territoire libyen », en attendant son départ probable pour Guantanamo, à moins qu'il n'y soit déjà. Cela voudrait-il dire qu'au Pakistan, ils ont tué un presque innocent, Oussama Ben Laden qui, du coup, n'est plus responsable d'attentats puisque, rappelons-le il n'est pas, non plus, impliqué officiellement dans les attentats du 9/11.
Le deuxième raid se passe en Somalie. On s'y attendait, bien sûr. La question était juste de savoir sous quelle forme allait se manifester l'intervention des Etats-Unis en Somalie après l'attaque du centre commercial de Westgate à Nairobi dont on pouvait se douter qu'elle n'avait pas été faite de manière gratuite. L'opération menée en Somalie, visait donc l'élimination d'un important chef des shebabs, groupe responsable de l'attaque. En fait, on ne sait pas qui est visé exactement. On parle de l'émir des Shebabs ou, vaguement, d'un de leurs chefs. Selon les déclarations des shebabs, reprises par des sites somaliens, les Navy Seals ont débarqué de deux embarcations provenant d'un bateau situé au large. Après plus d'une heure d'échange de tir, le commando, soutenu par des hélicoptères, s'est retiré précipitamment après avoir causé un mort chez les shebabs. Retrait précipité veut dire, en langage normal, fuite, débandade, échec en tout cas. Les Shebabs avaient, en effet, appelé du renfort et, à la fin des combats, ils ont exhibé beaucoup de matériel abandonné sur place par le commando.
Où sont donc passés les drones d'Obama ? Il nous avait habitué à éliminer les chefs ''terroristes'' à partir du ciel. Pourquoi les Etats-Unis risquent-ils la vie ou la capture d'un de leurs hommes en envoyant un commando sur le terrain ? On se rappelle que la France avait perdu ainsi un homme lors d'une opération spéciale. Peut-être voulaient-ils montrer qu'ils feraient mieux que les français. Ou peut-être tout cela n'avait pour objectif que d'être spectaculaire, hollywoodien, de manière à masquer tous les autres déboires intérieurs et extérieurs de l'administration Obama. Les deux opérations simultanées semblent aller dans ce sens. Quelle qu'en soit la raison, il serait étonnant que les Etats-Unis en restent là. Déjà les médias sont en train de relayer et amplifier le message sur la montée du danger terroriste pour l'Afrique de l'Est et pour le monde. Avec AQMI au Sahel, Shebabs à l'est et Al-Qaïda partout, la chasse est ouverte en Afrique. Les motifs ne manquent pas. On a vu qu'en Libye, le même jour, un commando est venu mettre la main sur un nouvel instigateur d'un attentat qui date de 15 ans. D'autres instigateurs de ces mêmes attentats attendent leur tour à des milliers de kilomètres de là et ne le savent pas.
Mais tout compte fait, on peut être reconnaissant à Obama d'avoir utilisé ses Navy Seals plutôt que ses drones. Ceux qu'on qualifie d'élite de la Marine américaine font finalement moins de dégâts, sauf peut-être dans leurs propres rangs comme à Abbottabad au Pakistan lors de la fameuse mission destinée à clore le contentieux Ben Laden. Et les survivants de ces dégâts collatéraux ne sont pas à l'abri d'accidents ultérieurs d'hélicoptère. Pour un chef terroriste tué, six Navy seals et plus disparaissent. Est-ce vraiment rentable ?