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La boucherie du régime néocolonial français au Cameroun de 1955 à 1971 et ses conséquences aujourd'hui (Vidéos)

par SLT 10 Novembre 2019, 18:01 Cameroun Armée française Crimes contre l'humanité Françafrique De Gaulle Collaboration Dictature Assassinats néocolonialisme Torture Ahidjo Biya Moumié Um Nyobé France Articles de Sam La Touch

La boucherie du régime néocolonial français au Cameroun de 1955 à 1971 et ses conséquences aujourd'hui (Vidéos)

La boucherie de la France au Cameroun (1955-1962)
Par David Servenay
Mondafrique / L'Obs

Une chronique de David Servenay publiée le 1er janvier 2011 dans l’Obs

C’était la guerre. Une guerre avec des dizaines de milliers de morts, à 5 000 km de la métropole, loin du regard d’une opinion fascinée par les « événements » d’Algérie. Et pourtant, cette vraie boucherie s’inscrit dans la lignée des pires conflits coloniaux, Algérie et Indochine.

Aujourd’hui encore, peu de Français savent que leur armée fut engagée sept ans au Cameroun, de 1955 à 1962, pour éradiquer l’UPC, un mouvement « rebelle ». Sept années de guerre totale.

Une patiente et longue enquête menée par un groupe de journalistes et d’historiens franco-camerounais devait tenter de faire sauter le couvercle.
« Kamerun ! Une guerre cachée aux origines de la Françafrique (1948-1971) » de Thomas Deltombe, Manuel Domergue et Jacob Tatsisa.

Les trois auteurs confrontent des dizaines de témoins retrouvés dans les deux camps et des milliers de pages d’archives (diplomatiques et militaires) pour arriver à une conclusion limpide : la France a fait la guerre au Cameroun pendant sept ans.

Une guerre totale, pour reprendre l’expression des théoriciens de la doctrine de la guerre révolutionnaire (DGR), radicale et sans merci. La fameuse guerre des cœurs et des esprits, avec l’arsenal d’un exceptionnel dispositif de renseignement fondé sur :

  • le regroupement forcé de villages,
  • le quadrillage de la population,
  • l’action psychologique à grande échelle,
  • la chasse aux maquis clandestins,
  • l’exécution ciblée des dirigeants de la rébellion,
  • la torture érigée en arme de terreur massive.
Bilan : de 20 000 à 120 000 morts

Au Cameroun, pas une famille qui n’ait échappé à cette violence, surtout en Sanaga maritime (entre Douala et Yaoundé) et en pays Bamiléké (dans l’ouest). A l’époque, chacun est sommé de choisir son camp :

  • soit celui des rebelles de l’UPC, Union des populations du Cameroun, mouvement réclamant l’indépendance du territoire à partir de 1948 ;
  • soit celui de la France, administrateur de cet état sous tutelle des Nations unies, qui tient à garder le contrôle de son pré-carré.

Le conflit éclate au printemps 1955 par des émeutes dans les grandes villes. Sévèrement réprimées, elles poussent les militants de l’UPC à prendre le chemin de la clandestinité.

Décembre 57 : Paris décide de déployer la zone de pacification du Cameroun (Zopac), réplique du dispositif de la bataille d’Alger conduite par Massu, mais dans un cadre rural. Un certain Pierre Messmer, Haut-commissaire du territoire, est à la manœuvre. En métropole, personne n’est au courant, décrypte Manuel Domergue. (Voir la vidéo)

Ce silence s’explique en grande partie par l’absence de curiosité de la presse, le manque d’études historiques (à part celles d’Achille Mbembe et les livres de l’écrivain Mongo Beti), mais surtout par la propagande intense des autorités françaises pour couvrir les exactions commises par des unités militaires souvent composées de supplétifs tchadiens, congolais, sénégalais…

S’il est délicat d’établir un bilan précis des victimes de ce conflit, les auteurs livrent une fourchette d’estimations :

  • 20 000 morts pour la seule année 1960, selon le général Max Briand, chef des opérations militaires ;
  • 20 000 à 100 000 morts entre décembre 1959 et juillet 1961, selon la revue Réalités ;
  • 61 300 à 76 300 civils tués de 1956 à 1964, selon les archives britanniques citées par l’historienne Meredith Terretta ;
  • 120 000 morts pour les trois années d’insurrection en pays Bamiléké, selon André Blanchet, journaliste au Monde citant une source anonyme.

On est donc loin d’un « génocide » tel que le relaient de nombreuses voix militantes sur le Web. Au passage, le lecteur apprendra que l’ouvrage terrifiant et exagéré attribué à un certain Max Bardet est vraisemblablement l’œuvre de Constantin Melnik, ancien patron des services secrets à Matignon sous Michel Debré. Pour autant, ce bilan reste très lourd pour une population estimée à 3 millions de personnes.

La torture, outil de guerre banalisé

Cette grande « efficacité » à éradiquer les maquisards réfugiés dans les forêts montagneuses du pays Bamiléké tient à l’expérience des soldats qui mènent cette « pacification ». Anciens d’Indochine et d’Algérie, ils maîtrisent à la perfection les leçons du colonel Charles Lacheroy, le théoricien de la DGR. Souvent, ils ont aussi servi sous les ordres des colonels Bigeard et Trinquier, maîtres d’œuvre de la bataille d’Alger.

Au Cameroun, ils adaptent leur savoir-faire en généralisant :

  • les assassinats ciblés des dirigeants de la rébellion (un peu comme le plan Phoenix mené par la CIA au Vietnam dans les années 1967-1972) ;
  • la torture des opposants pour forcer la conversion des rebelles et faire basculer les civils par la terreur.

Ce dernier volet est particulièrement développé, au point que des fonctionnaires français – un juge ou un sous-préfet qui témoignent pour la première fois dans cet ouvrage – tenteront en vain d’en freiner l’usage. (Voir la vidéo)

Au bout des 650 pages de ce récit captivant, on comprend mieux comment les régimes du pré-carré africain (dont le Cameroun, affirment les auteurs, fut le laboratoire) s’appuient sur des structures sécuritaires très solides.

Entièrement basées sur le renseignement, hyper centralisées autour du chef de l’Etat (le président Ahidjo fut un modèle du genre), elles permettent de contrôler la vie politique et de museler tout opposant.

 

Cameroun: Autopsie d'une pseudo independance Une video sur les annees de repression vecues au Cameroun durant les independances. Cette video detaille les annees noires de l'histoire du Cameroun, les annees du maquis, de la repression, de l'UPC, de la mort des leaders de l'UPC, et du genocide en pays Bamileke et Bassa.

Kamerun ! Histoire interdite C'est une guerre secrète. 15 ans, des dizaines de milliers de morts et une dictature en héritage. Mais ni les livres d'histoire français ni les livres d'histoire camerounais n'en parlent. Après le chef d'œuvre de Mongo Beti, Main basse sur le Cameroun, Kamerun ! relate cette terrible guerre de décolonisation.

Le Monde du 23 juin 2008 Comment le Cameroun est passé de la colonisation à la dictature
"La France choisit le futur président Ahidjo, non sans avoir tout fait pour écraser le principal parti d'indépendance, l'UPC (Union des populations du Cameroun)... La répression contre l'UPC est d'une extrême violence : tortures, assassinats, exposition des têtes coupées des victimes, bombardements...Epaulées par l'armée française, les forces camerounaises appliquent ses méthodes. Dix années de terreur et des centaines de milliers de morts seront nécessaires pour venir à bout de l'opposition. Aujourd'hui, Paul Biya, héritier du régime Ahidjo, conservce le soutien de la France".

Lire aussi (actualité récente) :
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Amnesty dénonce les «chambres de torture secrètes au Cameroun» et la présence de militaires français et étatsuniens sur les centres de détention
- Le chef de guerre Macron complice de crimes de guerre au Cameroun ?
- Amnesty international Cameroun : Torture, le rapport qui accuse l’armée camerounaise.
- Françafrique. Ségolène Royal soutient le dictateur Paul Biya candidat pour la sixième fois aux présidentielles camerounaises.
- « Les années Biya ont fait des Camerounais un peuple qui meurt en silence » (Le Monde)
- Françafrique. La mémoire étouffée du Cameroun (Mediapart)
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- En recevant le président du Sénat camerounais, l'Etat français réaffirme son soutien à la dictature camerounaise qu'il a installée
- Conférence de presse : Hollande reconnaît la "répression" "tragique" effectuée par la France au Cameroun
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- Boko Haram : Le Canard Enchaîné confirme que François Hollande ménage toujours les financiers du djihad
- La France valide la fraude électorale de Biya (Coupsfrancs.com)
- Françafrique : Soutien formel de la Macronie à la tyrannie de Paul Biya au Cameroun (CL2P)
- Françafrique/Validation des mascarades politiques: Les vraies raisons de la visite au Cameroun de Le Drian (Cameroon Voice)
- Rencontre de Macron et du dictateur camerounais à Lyon (Survie)
- Jean Yves Le Drian (I), celui qui chuchote à l’oreille des dictateurs (Mondafrique)
- Le Drian en visite dans la dictature françafricaine du Cameroun les 23 et 24 octobre 2019
- Cameroun : « Soutien constant de la France » (Survie)
- La France reconnaît avoir instauré un "système" recourant à la "torture" pendant la guerre d'Algérie
- Macron's Watch n°2. Mépris, Aliénation et Crimes de guerre
Amnesty International Cameroun : Torture, le rapport qui accuse l’armée camerounaise. Le rapport qui accuse l’armée camerounaise de torture en complicité avec les troupes françaises et américaines...

Chambres de Torture Secrètes au Cameroun: Salak. Dans un rapport paru jeudi 20.07.17, Amnesty International (AI) a dénoncé la détention au secret et la torture par les forces de sécurité camerounaises des prisonniers soupçonnés de faire partie du groupe armé tel que Boko Haram. Amnesty international notait également la présence de militaires français et étatsuniens sur une base utilisée comme centre de détention à Salak, dans le nord du pays. Au moins 130 hommes et jeunes hommes sont portés disparus depuis 2014 et au moins une centaine ont été tenus au secret et torturés en toute impunité. Amnesty international évoque des "crimes de guerre".

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