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La dangereuse bromance de Macron avec Trump (Sputniknews)

par Finian Cunningham 26 Avril 2018, 11:17 Macron Trump Romance Bromance Laquais Impérialisme Soumission USA France Articles de Sam La Touch

La dangereuse bromance de Macron avec Trump
Article originel : Macron's Dangerous Trump Bromance
Par Finian Cunningham
Sputniknews

La dangereuse bromance de Macron avec Trump (Sputniknews)

    Toutes les poignées de main, les câlins entre Trump et Macron cette semaine ont été faits pour le show. Et non parce que deux mâles étaient cordiaux et affectueux.

Non, l'embarras vient du fait que le leader français est un caniche pathétique pour le tyran de la Maison-Blanche.

Le "moment des pellicules" a peut-être été le plus révélateur. À un moment donné, dans le Bureau ovale, le président étatsunien s'est interrompu au milieu d'une phrase pour se pencher vers son homologue français et il a commencé à toiletter son col en déclarant qu'il enlevait les "pellicules". Macron semblait infaillible et continuait à sourire.

C'est ce que Trump a déclaré ensuite qui a été révélateur. "Nous voulons qu'il soit parfait... Il est parfait."

 Le lapsus freudien de l'Etatsunien signifiait que le président français n'est guère plus qu'un chiffre, un larbin, un parfait petit caniche pour Washington. Il fait ce qu'on lui dit.

Au cours de la visite d'État de trois jours, Donald Trump et Emmanuel Macron ont donné l'impression d'être les meilleurs amis, d'être égaux. C'est certainement ce que le leader français s'efforçait d'atteindre. Pour être considéré comme le meilleur allié européen des Etats-Unis, et l'homme politique européen qui comprend le mieux Trump, qui gère le mieux l'Etatsunien dissident.

De cette façon, Macron vise à rendre "la France à nouveau grande" ; pour qu'elle soit considérée comme une puissance mondiale revitalisée sur un pied d'égalité avec les Etats-Unis. Depuis que Macron a été élu président en mai dernier, son objectif déclaré a été de restaurer la France en tant que grande puissance.

Cela a semblé être mis en oeuvre cette semaine. Macron est le premier dirigeant international à être accueilli par Trump lors d'une visite officielle d'État. La "relation spéciale" britannique avec Washington a été éclipsée ; et la chancelière allemande Angela Merkel, qui suit la visite de Macron vendredi, n'a droit qu'à une réunion de travail d'une journée à la Maison-Blanche.

Mais l'optique de bonhomie et de "romance" mise à part, les prétentions de Macron de se tenir aux côtés de Trump en tant que "leader de la liberté mondiale" sont exagérées.

La preuve en est venue lorsque Macron s'est effondré devant l'antagonisme de Trump au sujet de l'accord nucléaire iranien. Sauver cet accord en gardant Trump à bord était censé être la mission principale de Macron à Washington.
La veille de l'arrivée de Macron, il a donné une interview à Fox News affirmant qu'"il n'y avait pas de plan B" à l'accord nucléaire iranien signé en 2015 par les Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne, l'Allemagne, la Russie et la Chine.

 Macron a été présenté comme le leader européen qui persuaderait Trump de s'en tenir à l'accord nucléaire. Mais cette semaine, malgré tous les applaudissements de "mon ami Emmanuel", Trump maintient un mépris agressif pour l'accord avec l'Iran, laissant entendre qu'il est prêt à le mettre au rebut le mois prochain.

Et quelle a été la réponse de Macron ? Il a déclaré que la France travaillait maintenant avec les Etats-Unis pour "renégocier un nouvel accord" avec l'Iran.

Tant pis pour le Macron qui a tenu tête à Trump.

L'Iran déclare qu'il n'y aura pas de renégociation du Plan d'action global conjoint (JCPOA), comme on l'appelle formellement. Le JCPOA a été ratifié par le Conseil de sécurité de l'ONU après que l'Iran et les six puissances mondiales l'aient signé en juillet 2015.

La Russie et la Chine ont également déclaré qu'il ne peut y avoir de retour en arrière sur l'accord. Les Européens le disaient aussi - au moins jusqu'à cette semaine avant le revirement embarrassant de Macron. Il sera très intéressant de voir ce que Merkel aura à dire à ce sujet lorsqu'elle arrivera à Washington plus tard cette semaine.

Ce que la rencontre entre Trump et Macron montre cette semaine, c'est que le président français n'est rien de plus qu'un chien de poche. Il a peut-être été régalé avec pompe et cérémonie, et avec une rhétorique florissante sur la représentation de "l'allié le plus ancien des Etats-Unis". Mais dans la pratique, tout le spectacle de deux leaders forts qui se tiennent côte à côte est de l'imagerie publique démodée.

Cependant, c'est ce qui fait de Macron un accessoire particulièrement dangereux pour Trump. L'homme politique français est évidemment prêt à battre en retrait pour se plier aux exigences de Washington.
La présomption de Macron de diriger l'Europe est une illusion pernicieuse. Certains médias l'ont même qualifié de "souffleur de Trump" - laissant entendre que le jeune président français a une influence à la Svengali sur l'Etatsunien plus âgé.

Dans les jours avant que les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France aient effectué leur barrage de missiles illégaux contre la Syrie le 14 avril, c'est vers Macron que Trump s'est tourné pour obtenir des conseils sur les mesures à prendre.

Macron aurait informé Trump sur le "renseignement français" au sujet de l'atrocité présumée des armes chimiques le 7 avril à Douma, près de Damas. Macron aurait également cajolé Trump pour ordonner les frappes militaires une semaine plus tard.

Il est maintenant clair que l'incident des armes chimiques du 7 avril était une provocation sous faux drapeau organisée par des militants soutenus par l'Occident.

En d'autres termes, l'"intelligence" française était soit défectueuse, soit plus probablement une fabrication. Mais le résultat a été que les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France ont commis un grave crime de guerre en attaquant la Syrie.
C'est pourquoi Emmanuel Macron devrait nous donner la chair de poule. Il est prêt à dire n'importe quoi pour se faire gratifier du président étatsunien afin de gonfler sa réputation mondiale et celle de sa nation coloniale passée. Tout le langage corporel d'effusion est celui d'un homme aspirant à devenir un homme d'État sur la scène mondiale.

Macron, comme son "papa" étatsunien, prend sur lui de déchirer unilatéralement un traité international avec l'Iran que d'autres puissances mondiales et l'ONU ont déjà finalisé.

Afin de justifier cette mauvaise foi outrageante et ce recul, Macron donne foi à la calomnie de Trump sur le fait que l'Iran est un commanditaire du terrorisme, déstabilisant la région et développant illégalement des missiles balistiques. Macron dit qu'un "nouvel accord" avec l'Iran devra être conclu, ce qui réduira la présence iranienne en Syrie, prétendument au Yémen et au Moyen-Orient.

Le "Trump Whisperer" ("le souffleur de Trump") n'est pas un leader européen indépendant et doté de principes. C'est un carriériste ambitieux qui est prêt à jouer selon les pires instincts et l'ignorance de Trump. Même si cela signifie inciter à plus de guerre en Syrie et au Moyen-Orient.

*  Finian Cunningham a beaucoup écrit sur les affaires internationales, avec des articles publiés en plusieurs langues. Il est titulaire d'une maîtrise en chimie agricole et a travaillé comme rédacteur scientifique pour la Royal Society of Chemistry de Cambridge, en Angleterre, avant de poursuivre une carrière dans le journalisme de presse. Il est aussi musicien et auteur-compositeur. Pendant près de 20 ans, il a travaillé comme rédacteur et écrivain dans de grandes organisations de médias d'information, dont The Mirror, Irish Times et Independent.

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