La France n'entend pas réexaminer ses ventes d'armes à la coalition saoudienne au Yémen: sources
Article originel : No sign of France reviewing weapons sales to Saudi-led Yemen coalition: sources
Par John Irish
Reuters
Traduction SLT
PARIS (Reuters) - La France n' a montré aucun signe concret de réduction ou de suspension des ventes d'armes à une coalition dirigée par l'Arabie saoudite malgré les avertissements selon lesquels certaines de ses armes pourraient être utilisées dans la guerre au Yémen, selon des sources informées de la question vendredi.
Le royaume saoudien est à la tête d'une coalition formée en 2015 pour combattre le groupe Houthi aligné sur l'Iran qui contrôle la majeure partie du nord du Yémen et la capitale Sanaa, dans une guerre qui a tué plus de 10 000 personnes et déplacé plus de 3 millions d'autres.
L'administration française dirigée par le président Emmanuel Macron a été critiquée en particulier par les groupes de défense des droits de l'homme pour son soutien aux actions du royaume et pour avoir permis que les armes qu'il a vendues à Riyad soient utilisées dans le cadre de ses opérations au Yémen.
"On veut montrer que la France fait quelque chose. Il déclate que certaines livraisons ont été suspendues dans le passé, mais il n' y a rien à prouver", a déclaré une source proche du sujet.
Deux autres sources ont fait écho à ces commentaires.
Selon des responsables du précédent gouvernement français et des diplomates, Jean-Marc Ayrault, ministre des Affaires étrangères de 2016 à 2017, avait déjà prévenu dans une lettre officielle adressée au Premier ministre de l'époque d'une possible escalade au Yémen et des conséquences de la vente d'armes aux parties impliquées dans le conflit.
D'autres États européens ont commencé à limiter les liens militaires avec la coalition dirigée par les Saoudiens. La Norvège a suspendu ses ventes aux Émirats arabes unis et l'Allemagne, dans le cadre d'un accord créant un nouveau gouvernement, prévoit de ne pas fournir d'armes à quiconque qui est directement impliqué au Yémen.
"Les réserves des Allemands semblent mettre les Français mal à l'aise", a déclaré un ancien haut fonctionnaire du gouvernement.
"NOUS NE VENDONS PAS D'ARMES DE TOUTE FAÇON"
Si Paris entretient de bonnes relations avec l'Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis, elle est de plus en plus préoccupée par l'aggravation de la situation humanitaire; en décembre, Macron a appelé à la "levée complète" du blocus au Yémen.
Le ministère français des Affaires étrangères a refusé de commenter.
Une source diplomatique française a indiqué que Paris a appliqué des contrôles à l'exportation en examinant les accords au cas par cas et en tenant compte, entre autres, de la nature des matériaux, de l'utilisateur final, des droits de l'homme et de la situation régionale.
"Bien sûr, tout ce qui peut affecter la sécurité des civils est l'un des critères qui nous amènent à autoriser ou non ces exportations ", a déclaré la source.
Il a refusé de dire si les ventes à la coalition dirigée par les Saoudiens avaient été suspendues.
"On nous dit qu'il y a un examen plus attentif des exportations françaises d'armements à destination de la coalition, mais il n' y a aucune information sur la suspension ou l'annulation de contrats", a déclaré une deuxième source.
Parmi les ventes d'armes de la France à l'Arabie saoudite figurait un contrat de 3 milliards de dollars à l'armée libanaise, qui s'est effondré, mais qui a été en partie détourné par Riyad.
En novembre, la France a conclu un contrat pour des navires de guerre avec les Émirats arabes unis.
Vendredi, la ministre de la Défense Florence Parly a cherché à minimiser le rôle de son pays et n'a pas déclaré si Paris allait revoir sa position.
"Qui aurait pu imaginer l'issue de ce conflit au Yémen?" a-t-elle déclaré à France Inter. L'utilisation des armes, une fois livrées, est normalement limitée, mais les conflits peuvent évoluer", a-t-elle déclaré.
La France, a-t-elle dit, ne vendait pas "d'armes de toute façon".
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