La Turquie rompt avec l'OTAN, refuse d'expulser des Russes
Article originel : turkey Breaks With NATO, Refuses To Expel Russians
Jim Carey
Geopolitical Alert
Traduction SLT
Suite à l'empoisonnement présumé de Sergei Skripal, un ancien agent double au Royaume-Uni, le 4 mars, plusieurs pays européens et les États-Unis ont commencé à expulser des diplomates russes de leur pays. Comme le Royaume-Uni et les États-Unis ont expulsé chacun des dizaines de diplomates, il va de soi que tous les autres pays de l'OTAN emboîteraient le pas.
Vous trouverez plus d'infographie sur le site de Statista.
Cependant, plusieurs membres de l'Union européenne n'ont pas encore suivi l'exemple de Londres. Un pays important de l'OTAN ne s'incline pas devant la russophobie occidentale : la Turquie.
En dépit des appels lancés par le Royaume-Uni pour que tous leurs alliés les soutiennent dans la "punition de la Russie", ils n'ont pas réussi à convaincre nombre de leurs collègues membres de l'UE, Israël et la Turquie de suivre leurs suggestions. Bien qu'il n'y ait pas grand-chose que Londres puisse faire à ses compatriotes européens et, évidemment, ils ne peuvent pas critiquer Israël ; la tension entre la Turquie et l'UE a atteint un point où il est à la mode de diaboliser Ankara.
Les États-Unis et le Royaume-Uni se tournent souvent vers la Turquie en raison de l'emplacement stratégique du pays et de leur contrôle de la deuxième plus grande armée de l'OTAN. Cependant, cela est devenu beaucoup plus difficile ces derniers mois en raison de la gouvernance de plus en plus autoritaire du pays, qui a conduit à l'arrestation d'employés occidentaux, à des enlèvements à l'échelle mondiale et à une violation flagrante du droit international.
Cette relation tendue entre la Turquie et l'UE a été pleinement mise en évidence hier lorsque le président turc Recep Erdogan a rencontré les dirigeants de l'UE au sujet des perspectives d'adhésion de son pays au bloc. Comme on pouvait s'y attendre, aucun nouveau résultat n'a été obtenu entre Bruxelles et Ankara. Cela permet à Erdogan de retourner en Turquie et de jouer la victime, probablement en prévision de cette annonce sur la Russie, qu'il qualifiera probablement de "représailles".
Les tensions entre l'OTAN et la Turquie ont également augmenté à la suite de la récente décision d'Ankara d'acheter des systèmes de missiles antiaériens S-400 de fabrication russe plutôt que des missiles Patriot étatsuniens. Selon la Turquie, la décision de cet achat était due à l'énorme quantité de bureaucratie autour de l'achat des systèmes Patriot (bien qu'ils aient pu éviter une erreur alors que les Patriots ont récemment montré qu'ils étaient inefficaces).
Les Turcs se sont également trouvés en conflit avec les États-Unis au sujet de leur soutien aux Kurdes dans le nord de la Syrie. Selon Ankara (et certains hauts responsables étatsuniens), les groupes kurdes syriens armés par les États-Unis ont des liens très publics avec le groupe terroriste, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Combinez tous ces facteurs et il ne devrait pas être surprenant d'entendre le vice-premier ministre turc, Bekir Bozdag, annoncer que "la Turquie n'envisage pas de prendre des décisions contre la Russie". Selon Bozdag, les crises actuelles dans les relations étatsuno-turques sont un facteur important dans leur décision de ne pas s'aliéner Moscou à un moment où "il y a une relation positive et bonne entre la Turquie et la Russie".
Alors que personne ne peut être sûr de ce qu'il faut croire venant des Turcs, Erdogan a également confirmé la décision de ne pas riposter contre la Russie bien qu'il "condamne ce qui s'est passé au Royaume-Uni et considère l'utilisation d'armes chimiques comme un crime contre l'humanité".