Le départ du Qatar suggère que les Etats-Unis se préparent à la guerre (Arab News)

Le départ du Qatar suggère que les Etats-Unis se préparent à la guerre
Article originel : Retreat from Qatar suggests US is preparing for war
Par Abdulrahman Al-Rashed*
Middle East Monitor

 Au milieu de l'escalade des menaces et des attaques iraniennes visant les installations pétrolières saoudiennes, le transport maritime et un drone de 110 millions de dollars étatsuniens, on pourrait s'attendre à ce que les Etats-Unis renforcent leur présence militaire dans le Golfe.

Mais, non, bien au contraire. Dans le cadre d'une opération inopinée, que le Washington Post a été invité à observer, les États-Unis ont transféré cette semaine le centre de commandement et de contrôle de leurs opérations aériennes au Moyen-Orient de leur base établie de longue date au Qatar en Caroline du Sud. Le transfert du Centre d'opérations aériennes et spatiales combinées de l'US Air Force de la base aérienne d'Al-Udeid, dans le désert du Qatar, à la base aérienne de Shaw, constitue une "répétition générale", surtout après que les Iraniens aient réussi à pénétrer les défenses aériennes et à bombarder les installations publiques de traitement du pétrole Aramco à Abqaiq et Khurais, avec des missiles de croisière à bas vol et de drones.

Bien que le Washington Post ait souligné que les Etats-Unis souhaitent transférer progressivement le commandement du Qatar aux Etats-Unis, certains considèrent que cette décision s'inscrit dans le cadre d'une réduction progressive de la présence militaire étatsunienne au Qatar, à un moment où le Pentagone a augmenté ses déploiements à Bahreïn, aux Emirats arabes unis et en Arabie saoudite.

Qui devrait considérer cette évolution avec appréhension ? L'Arabie saoudite et les autres pays du Golfe, qui sont en pleine guerre officieuse avec l'Iran, ou le Qatar, qui a construit toutes ses politiques sur le siège des forces étatsuniennes dans la région et a, à cette fin, investi des sommes énormes pour inciter les Etatsuniens à rester ?

Doha a beaucoup investi dans Al-Udeid ces dernières années, dépensant jusqu'à 2 milliards de dollars pour rénover la base. Le Qatar est confronté à d'autres pays de la région, tels que l'Arabie saoudite, Bahreïn, les Émirats arabes unis, l'Égypte, la Jordanie et d'autres, uniquement parce qu'il estime que la présence militaire étasunienne le protégera des conséquences de ses actions.

    
Pour l'instant, la chose la plus importante pour la région est d'examiner la possibilité d'un retrait étatsunien sur la base du récit du transfert de son centre d'opérations du Qatar. Il y a deux questions fondamentales, du moins de mon point de vue. La première est que les Etatsuniens ne peuvent pas se retirer de cette région stratégiquement importante, qui est la clé énergétique du monde, y compris des concurrents étatsuniens comme la Chine. La grande puissance qui contrôle cette région contrôle pratiquement le marché mondial de l'énergie. Deuxièmement, une réduction de la présence militaire étatsunienne sera compensée par une augmentation des activités militaires iraniennes, avec des répercussions, notamment des dommages aux intérêts américains et alliés. De plus, un retrait signifierait l'échec du boycott économique qui est au cœur de la politique iranienne de la Maison-Blanche.

Le transfert expérimental par les Etatsuniens de leurs opérations de commandement et de contrôle aérien à partir du Qatar est susceptible de suggérer que, contrairement aux rumeurs, Washington se prépare à la perspective d'une guerre. Dans ce contexte, les Etats-Unis estiment qu'il est essentiel d'affiner leurs opérations aériennes à partir d'Al-Udeid, qu'ils craignent d'être la première cible en cas de conflit entre les Etats-Unis et l'Iran. Peu importe ce que la propagande iranienne continue de prétendre, à savoir que l'Iran est capable de détruire la puissance étatsunienne dans le Golfe, puisque la vérité est exactement le contraire.

Mais pourquoi Washington hésite-t-il alors ? Eh bien, cela reflète une logique politique selon laquelle il est préférable d'exercer une pression économique sur le régime iranien et de le forcer à battre en retraite, plutôt que de faire la guerre. La capacité des États-Unis à détruire les capacités de l'Iran est réelle et effrayante, mais c'est peut-être le dernier recours.

* Abdulrahman Al-Rashed est un chroniqueur chevronné. Il est l'ancien directeur général de la chaîne d'information Al Arabiya et ancien rédacteur en chef d'Asharq Al-Awsat. Twitter : @aalrashed

Traduction SLT

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