Le département d'État US reçoit 100 millions de dollars de l'Arabie saoudite le jour même où Pompeo arrive pour discuter de la disparition de Khashoggi (Southfront)

Le département d'État US reçoit 100 millions de dollars de l'Arabie saoudite le jour même où Pompeo arrive pour discuter de la disparition de Khashoggi
Article originel : US State Department Gets $100 Mln From Saudi Arabia On Same Day When Popmeo Arrives To Discuss Khashoggi Disappearance
South Front

Pompeo et Bin Salman (c) Leah Millis/AP

La controverse autour de la disparition du journaliste saoudien Jamal Khashoggi continue de se développer.

Au cours de l'été 2018, l'Arabie saoudite a promis à l'administration Trump 100 millions de dollars pour la stabilisation des zones libérées de l'EI en Syrie. Coïncidence, cet argent a été transféré au département d'État US le 16 octobre, au moment même où le secrétaire d'État US Mike Pompeo atterrissait à Riyad pour discuter avec le prince héritier Mohammed bin Salman du journaliste disparu.

"Ce n'est pas une coïncidence", a déclaré un responsable étatsunien anonyme impliqué dans la politique syrienne, cité par le NYT.

Le même jour, le président étatsunien Donald Trump a déclaré dans une interview : "Nous y revoilà avec votre vous êtes coupable jusqu'à preuve du contraire."

En outre, ABC a rapporté que, selon un responsable turc anonyme, Mike Pompeo aurait entendu un enregistrement audio du meurtre de Khashoggi dans le consulat saoudien. Il aurait également reçu une transcription des enregistrements.

Le département d'État a nié que Pompeo ait entendu l'enregistrement, bien qu'il n'ait pas indiqué si une transcription lui avait été remise. "Le secrétaire en a parlé hier. Il n'a pas entendu d'enregistrement", a déclaré la porte-parole Heather Nauert. Lui-même a nié avoir entendu une cassette sur son vol de retour d'Istanbul.

Mike Pompeo a également rencontré le président turc Recep Taiyyp Erdogan pour tenter de résoudre la question de la disparition et du meurtre présumé du journaliste. On ne sait pas exactement de quoi il s'agit. Cependant, le NYT a rapporté qu'après avoir rencontré les responsables turcs, Pompeo a déclaré à plusieurs reprises que l'administration Trump retenait son jugement jusqu'à ce qu'elle ait vu les résultats des enquêtes turques et saoudiennes. "Il est raisonnable de leur donner quelques jours pour bien faire les choses", a-t-il dit.

Il a également réduit les attentes selon lesquelles les États-Unis pourraient punir l'Arabie saoudite.

"Je pense qu'il est important que chacun garde à l'esprit que nous avons beaucoup de relations importantes, des relations financières entre les entreprises étatsuniennes et saoudiennes, des relations gouvernementales, des choses sur lesquelles nous travaillons partout dans le monde", a-t-il déclaré à des journalistes dans son avion après avoir quitté Ankara. "Nous devons juste nous assurer d'en tenir compte à l'approche des décisions que prendra le gouvernement des États-Unis lorsque nous aurons tous les faits."

Ce serait un désastre si la vérité sur l'assassinat de Khashoggi était officiellement révélée, car les Etats-Unis devraient prendre des mesures contre le Royaume. Si, à la suite de la réunion, la Turquie change sa rhétorique, cela pourrait être dû à une promesse étatsuniennee de suppression des droits de douane ou d'autres mesures de relance économique ou d'aide en ce qui concerne la question kurde en Syrie.

Brett McGurk, l'envoyé des États-Unis auprès de la coalition contre l'État islamique, a rejeté l'idée que la visite de Pompeo et le versement des fonds étaient liés. "Le transfert spécifique de fonds est en cours depuis longtemps et n'a rien à voir avec d'autres événements ou la visite de la secrétaire, a-t-il déclaré.

Toutefois, le représentant anonyme cité par NYT a déclaré que le processus de paiement avait été imprévisible.

Après le retour d'Arabie Saoudite de Pompéo le 18 octobre, Donald Trump a admis que Khashoggi était mort. Il a ajouté que les conséquences devraient être "très graves". "Eh bien, ça devra être très sévère", a dit Trump aux journalistes. "Je veux dire, c'est mauvais, un mauvais truc, mais on verra ce qui se passera."

Son aveu que Khashoggi est probablement mort est basé sur des sources de renseignements. "C'est basé sur tout - l'intelligence venant de tous les côtés," a-t-il dit.

Steven Mnuchin, le secrétaire au Trésor étatsunien, s'est également joint à une liste de plus en plus longue de chefs d'entreprise et de fonctionnaires pour se retirer de la conférence sur l'initiative Future Investment Initiative la semaine prochaine à Riyadh. Il s'est retiré avec le soutien de Trump.

Cela marque une reconnaissance au sein de la Maison-Blanche de la pression mondiale contre l'Arabie saoudite.

Le vice-président étatsunien Mike Pence s'inquiétait également de la possibilité que l'Arabie saoudite ait, en fait, tué Jamal. "Si ce qui a été allégué s'est produit... cela doit être condamné. Si un journaliste perdait par la violence, c'est une menace pour une presse libre et indépendante dans le monde entier et il y aura des conséquences", selon ses propos cités par le Financial Times.

Le président russe Vladimir Poutine a déclaré qu'il n'y a aucune raison de déclasser les relations avec le Royaume s'il n'y a aucune preuve claire que l'Arabie saoudite a tué Khashoggi. "Autant que je sache, le journaliste qui a disparu vivait aux USA. Il ne vivait pas en Russie. A cet égard, les Etats-Unis ont une certaine responsabilité. Que puis-je dire d'autre ?" a déclaré Poutine. "Si quelqu'un sait ce qui se passe et qu'il y a eu un meurtre, j'espère que des preuves sont fournies. Et en fonction de cela, nous prendrons des décisions."

Le 17 octobre, la recherche finale de preuves médico-légales s'est achevée au consulat d'Arabie saoudite. La chaîne d'information CNN Turk a rapporté que les enquêteurs ont trouvé du matériel génétique sur l'un ou les deux sites et qu'ils veulent maintenant obtenir des échantillons de la famille de Khashoggi pour voir s'il y a une correspondance. Les autorités turques affirment que Khashoggi a été torturé et tué par une équipe de citoyens saoudiens.

ABC a également cité Turan Kislakci, qui est un ami proche de Jamal. Selon lui, des responsables turcs lui ont dit que Khashoggi était mort. "Ils ont dit : "Nous avons de l'audio là-dessus. Nous connaissons tous les détails de ce qui s'est passé", a déclaré Kislakci. "Ils ont dit : "Nous avons pu y accéder le premier jour, et nous avons d'autres preuves à ce sujet."

En ce qui concerne les suspects de l'enquête, un journal turc a révélé des photos de Maher Abdulaziz Mutreb entrant dans le consulat saoudien quelques heures avant que Khashoggi n'y entre lui-même. Mutred est un associé connu du prince Mohammed bin Salman, avec de nombreuses photos les montrant ensemble, publiées initialement par le NYT. Le prince héritier maintient toujours qu'il n'avait connaissance d'aucun plan pour capturer, torturer ou tuer le journaliste.

Un autre suspect, Mashal Saad al-Bostani, un lieutenant de 31 ans des Forces aériennes royales saoudiennes, est mort dans un accident de voiture le 18 octobre, selon le média turque Yeni Safak. Les sources non nommées n'ont pas divulgué de renseignements supplémentaires. Les détails concernant l'incident de la circulation à Riyad et son rôle dans la disparition de Khashoggi ne sont pas encore clairs.

Le Daily Hurriyet a également rapporté que la prochaine personne qui meurt dans un incident suspect pourrait être le consul Mohammad al-Otaibi à Istanbul, en Arabie Saoudite. D'après ce média, le prince héritier "ferait tout pour se débarrasser des preuves."

Yeni Safak a également rapporté que la cassette que les autorités turques ont en leur possession contient un échantillon clair de la voix d'al-Otaibi, censée dire aux enquêteurs de "le faire ailleurs ou je serai en danger". On lui a dit de ne pas parler s'il veut vivre à son retour dans le Royaume.

Traduction SLT

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