Le drame Khashoggi - Un accord a été conclu, mais tiendra-t-il la route ? (Moon of Alabama)

Le drame Khashoggi - Un accord a été conclu, mais tiendra-t-il la route ?
Article originel : Khashoggi Drama - A Deal Has Been Made But Will It Hold?
Moon of Alabama

Un accord préliminaire a été conclu entre le président turc Erdogan et le clan al-Saoud en Arabie saoudite. Le cas de Jamal Khashoggi, tué à Istanbul par les gardes du corps du prince clown saoudien Mohammad bin Salman, sera clos pour le moment.

Au cours des 36 dernières heures, depuis que le discours d'Erdogan a prouvé la culpabilité saoudienne, il n'y a plus eu de fuites préjudiciables de la part des sources turques habituelles sur cette affaire.

Lors d'une table ronde lors de la conférence des investisseurs qui s'est tenue hier à Riyad, Mohammad bin Salman a dénoncé le "crime odieux" commis contre Jamal Khashoggi. Il a salué les "relations inébranlables" avec la Turquie et a salué la durabilité économique du Qatar.

Les commentaires sont arrivés après un appel téléphonique entre MbS et Erdogan.

Les négociations se sont avérées difficiles. Le roi saoudien a envoyé le gouverneur de La Mecque et de Médine pour faire un marché :

    "Le prince Khalid al-Faisal est rentré d'Ankara avec un message sombre pour la famille royale. "Il est vraiment difficile de s'en sortir", a déclaré le prince Khalid à ses proches après son retour, s'est rappelé cette semaine l'un de ces membres de la famille. "Ça l'a vraiment perturbé."

Les premières rumeurs parlaient d'une offre saoudienne de 5 milliards de dollars pour enterrer l'affaire. Ce n'était pas suffisant.

Lundi, le New York Times a rapporté qu'Erdogan a démenti qu'il allait conclure un accord de ce genre :

    Une personne proche de M. Erdogan a raconté qu'un envoyé saoudien, le prince Khaled bin Faisal, avait offert à la Turquie une série d'incitations à abandonner l'affaire, notamment une aide financière et des investissements pour aider l'économie turque en difficulté et la levée de l'embargo saoudien sur le Qatar, un allié turc. M. Erdogan a dit à ses associés qu'il avait rejeté avec colère l'offre comme "un pot-de-vin politique", a déclaré cette personne.

La source actuelle d'argent d'Erdogan est le Qatar, qui est sous blocus par l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. Mettre fin à la crise au Qatar n'est qu'une des conditions qu'il a posées aux Saoudiens. Il y a d'autres questions liées à la Syrie et plus généralement aux Frères musulmans.

La partie turque dispose encore de l'influence nécessaire pour "ajuster" tout accord et garantir que les Saoudiens s'y tiennent. Les enregistrements du meurtre de Khashoggi, audio et vidéo, n'ont pas été publiés. L'ancien ambassadeur britannique Craig Murray rapporte :

    Je n'ai pas vu la vidéo de l'intérieur du consulat, mais on m'a montré des photos qui peuvent provenir d'une vidéo. La chose la plus importante à dire est qu'elles ne proviennent pas d'une caméra à position fixe et qu'elles semblent à première vue compatibles avec l'idée qu'elles été prises par un appareil amené par la victime. On ne me les a montrées que brièvement. Je n'ai pas entendu l'enregistrement audio.

Si les Saoudiens essaient de tricher en s'éloignant de l'accord, les photos et les cassettes audio pourraient encore être publiées. Elles prouveraient que MbS lui-même était très impliqué dans l'assassinat.

Les États-Unis ont donné l'impulsion finale pour qu'une entente soit conclue. La bourreau de torture en chef de la CIA, Gina Haspel, a été envoyée pour montrer ses atouts à Erdogan.  Murray écrit :

    Le dossier de Haspel était très simple. Elle a pris avec elle des renseignements qu'elle a interceptés et qui montrent prétendument une corruption massive au niveau des cadres supérieurs dans le projet du canal d'Istanbul, et a suggéré qu'Erdogan pourrait ne pas trouver une bonne chose que les agences de renseignement commencent à rendre publiques toutes les informations qu'elles détiennent.

    Je ne sais pas si Erdogan s'est retenu dans son discours d'hier à la suite de l'intervention de Haspel.

Haspel a écouté la bande audio et l'a trouvée " convaincante".

Plus de détails sur l'affaire :

    Elijah J. Magnier @ejmalrai - 14:32 utc 24 oct 2018
    Détails sur l'affaire #Khashoggi :

    Nouvelles provenant de #Turquie que le président @RT_Erdogan est encore chaud sur l'affaire, présentant une large liste de demandes à #SaudiArabia et la #USA, y compris la compensation pour la dévaluation de la livre turque et le soutien au #Qatar et #Egypte MB + MB

    La Turquie a reçu Khaled al-Faysal 4 fois et a accepté d'investir 30 milliards de dollars dans le pays. De plus, il y a des dizaines de Fethullah Gülen dans #SaudiArabia que #Riyadh devra "traiter" pour faire plaisir à #Ankara.

Le prince Turki bin Faisal, qui était à la tête des services secrets saoudiens et parrain de Khashoggi, affirme que la famille s'en tiendra à MbS quoi qu'il arrive. Il affirme que les sujets royaux en Arabie Saoudite soutiennent leur souverain. D'autres rapports en provenance d'Arabie saoudite me laissent douter de cette affirmation, même si la réintroduction d'une prime annuelle aux fonctionnaires saoudiens peut avoir calmé certaines personnes.

Aujourd'hui, la question de Khashoggi n'est plus en première page des médias étatsuniens. Les bombes d'amateurs envoyées hier à plusieurs politiciens démocrates ont transformé le cycle des nouvelles en un nouveau sujet. Est-ce un hasard ?

Erdogan voudrait toujours que Mohammad bin Salman soit expulsé du trône. La pression étatsunienne a peut-être empêché cela pour l'instant, mais MbS a été réduit à sa plus simple expression. Le Congrès demandera une réunion d'information par Haspel et la bande audio pourrait fuiter. Cela continuera à faire pression sur la question et, espérons-le, mettra fin au soutien des États-Unis à l'horrible guerre contre le Yémen que les Saoudiens et les Émirats arabes unis mènent avec l'aide considérable des Britanniques et des États-Unis.

La Turquie aura également formulé des exigences à l'égard des États-Unis. Erdogan veut que les États-Unis mettent fin à la protection des forces kurdes en Syrie. Des rebelles soutenus par la Turquie ont récemment attaqué un avant-poste étatsunien à Manbij. L'affrontement s'est rapidement terminé sans faire de victimes, mais il montre que le conflit couve toujours. Quels biscuits la Maison-Blanche lui a-t-elle offertes ?

Il est probable qu'il y ait une entente et elle pourrait même tenir. Nous devrons attendre d'autres fuites pour en savoir plus.

Mais les questions stratégiques qui ont été mises en lumière dans l'affaire Khashoggi n'ont pas disparu. MbS n'est pas fiable et représente un danger pour les intérêts étatsuniens. Il voudra se venger des dégâts qu'Erdogan lui a causés. Il attendra une opportunité pour riposter.

Traduction SLT avec DeepL.com

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