La conférence internationale Genève-2 sur la Syrie devrait avoir lieu en novembre. Cependant, les négociations pourraient être involontairement empêchées par les Américains qui sont tout aussi intéressés par le succès de la diplomatie que tous les autres acteurs de la crise syrienne, écrit le mardi 1er octobre le quotidien Rossiïskaïa gazeta.
Alors que pleuvent les communiqués sur le défaut de paiement imminent des USA, voire l'arrêt complet du travail du gouvernement américain, les déclarations du secrétaire d'Etat John Kerry disant que l'Amérique serait tout de même prête à déclarer la guerre à la Syrie en cas de besoin semblent de plus en plus étranges. Pourquoi ? Car attaquer Damas coûterait des dizaines de milliards de dollars au contribuable américain, alors même que Washington économise aujourd’hui chaque million pour boucher les brèches du budget.
En d'autres termes, le chef de la Maison blanche n'a certainement pas la tête à la Syrie à l'heure actuelle. Kerry passe donc au premier plan en termes de politique étrangère, avec pour objectif que la crise syrienne débouche sur une solution diplomatique. Et il semble y parvenir, en duo avec son homologue russe Sergueï Lavrov : vendredi dernier le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté une résolution sur la Syrie qui convient aussi bien à Moscou qu'à Washington.
Mais la partie que Kerry joue maintenant semble très floue et compliquée. De toute évidence, la conférence de paix Genève-2 est appelée à devenir le maillon suivant de la chaîne diplomatique. La Russie a rempli sa part des accords préalables : le gouvernement syrien est prêt à envoyer sa délégation aux négociations. En revanche, l'Amérique n'arrive pas à maîtriser ses "protégés".
Kerry a laissé entendre à plusieurs reprises qu'il pourrait, au moment voulu, faire s'assoir l'opposition syrienne à la table des négociations. En réalité, de plus en plus de sources syriennes rapportent qu'une véritable guerre a commencé entre les rebelles, qui se disputent les territoires contrôlés. Les unités d'Al-Qaïda connaissent le plus de succès, en combattant leurs alliés d'autrefois.
Il a notamment été annoncé que l'Etat islamique en Irak et au Levant (branche d'Al-Qaïda) avait déclaré la guerre à l'Armée syrienne libre (ASL) d’opposition. Par ailleurs, l'ASL est accusée de coopération avec les renseignements américains et allemands, d'accaparation de frets humanitaires et même d'aide à l'armée syrienne gouvernementale lors d'un combat.
A son tour, l'ASL a annoncé un début d'opération pour rétablir le contrôle de la province d'Alep. Toutefois, les observateurs du pays sont persuadés que les "modérés" n'ont pas la force de le faire. Dans les régions adjacentes à la frontière turco-syrienne les combats font rage entre divers groupes de l'opposition. On prédit l'établissement d’un contrôle d’Al-Qaïda sur les ressources pétrolières, agricoles et l’eau dans le nord de la Syrie. De plus, les membres d'Al-Qaïda ont commencé à intercepter de plus en plus souvent les livraisons d'armes prévues pour les révolutionnaires "modérés".
Si l'ASL perdait la bataille entre les rebelles, John Kerry n'aurait probablement personne à présenter pour Genève-2. Après tout, le département d'Etat américain n'a certainement pas l'intention de faire venir des membres d'Al-Qaïda pour négocier avec la délégation de Damas. Quant à l'opposition dite "extérieure", elle n'a pratiquement jamais disposé de leviers de pression pour influer sur les événements en Syrie.