Netanyahu demande aux Arabes de "faire avancer l'intérêt commun de la guerre contre l'Iran" (Moon of Alabama)

Netanyahu demande aux Arabes de "faire avancer l'intérêt commun de la guerre contre l'Iran".
Article originel : Netanyahoo Asks Arabs to "Advance The Common Interest Of War With Iran"
Moon of Alabama

Les États-Unis avaient appelé à une réunion anti-iranienne de haut niveau en Pologne. Le but de la réunion était d'amener ses alliés et ses caniches à s'aligner sur le programme des États-Unis concernant l'Iran et de les inciter au moins à imposer des sanctions plus sévères. Mais les Européens ont refusé.

Le département d'État a ensuite modifié l'ordre du jour :

    "L'idée était d'avoir une conférence ministérielle, et de briser notre isolement diplomatique sur l'Iran", a déclaré une personne familière avec l'organisation de l'événement. "Au départ, il s'agissait d'une conférence iranienne déguisée, mais elle a probablement été forcée d'adopter maintenant un contenu plus actuel sur le Moyen-Orient élargi."

    La personne a ajouté : "Ils ont changé d'orientation et ont été contraints de se contenter du contenu sur la Syrie et le Yémen en particulier".

La réunion a eu lieu aujourd'hui, mais les puissances européennes ne sont pas tombées dans le piège. Elles veulent conserver l'accord nucléaire avec l'Iran :

    Même la Pologne a déclaré mardi qu'elle n'était pas d'accord avec l'approche étatsunienne à l'égard de l'Iran. Le ministre des Affaires étrangères Jacek Czaputowicz a déclaré aux journalistes que le pacte nucléaire était précieux et a exprimé l'espoir que la conférence pourrait aider les participants à trouver un terrain d'entente.

    Alors que la délégation étastunienne comprend le vice-président Mike Pence, le secrétaire d'État Mike Pompeo et le conseiller principal de la Maison-Blanche Jared Kushner, d'autres acteurs importants ont refusé de participer ou envoient des délégations de bas niveau. La chef de la politique étrangère de l'UE, Federica Mogherini, a déclaré qu'elle avait d'autres engagements.

L'Allemagne et la France n'ont envoyé que du personnel de niveau inférieur. Le ministre britannique des Affaires étrangères ne participera qu'à une session parallèle sur le Yémen.

Le département d'État s'est donné beaucoup de mal pour masquer l'objectif réel de la conférence. Son communiqué de presse d'aujourd'hui déclare :

    L'ordre du jour est vaste et comprendra un examen des efforts déployés par l'Administration pour promouvoir une paix globale et durable entre Israël et les Palestiniens, ainsi qu'un débat sur les moyens de faire face aux crises humanitaires régionales en cours. Le secrétaire fera le point sur la situation en Syrie et discutera d'autres priorités des États-Unis dans la région, notamment des préoccupations concernant les activités destructrices de l'Iran.

    Des séances en petits groupes permettront aux ministres de se concentrer sur des sujets de préoccupation précis comme la mise au point et la prolifération des missiles, la cybersécurité et les nouvelles menaces, le terrorisme et le financement illicite.

Cet effort du département d'État pour cacher quelque peu le véritable ordre du jour a été saboté lorsque le premier ministre d'Israël est arrivé et a expliqué clairement en quoi consistait la réunion :

    Je vais à une réunion avec 60 ministres des Affaires étrangères de pays du monde entier contre l'Iran. Ce qui est important à propos de cette réunion - et cette réunion n'est pas secrète, parce qu'il y en a beaucoup - c'est qu'il s'agit d'une réunion ouverte avec des représentants des principaux pays arabes, qui s'assoient avec Israël afin de promouvoir l'intérêt commun d'une guerre avec l'Iran."

[Mise à jour 15h40]

La déclaration a maintenant été changée en "lutte contre l'Iran". Mais ce n'est pas ce que Netanyahu a déclaré à Varsovie et il y a une vidéo pour le prouver. Il y avait aussi des témoins :

    Aron Heller @aronhellerap 18:44 utc - 13 fév 2019

    Est-ce que @netanyahu a vraiment dit "guerre" avec l'Iran ? J'étais là et le mot était "milchama" = guerre.

[Fin de la mise à jour]

Pourquoi Netanyahu fait-il cela ?

Aucun autre pays, sauf peut-être les États-Unis, n'a intérêt à faire une guerre contre l'Iran. Certainement pas les pays arabes près du golfe Persique. En cas de guerre, ils sont tous extrêmement vulnérables aux représailles iraniennes. Leurs installations pétrolières et gazières seraient en grand danger. Les usines de dessalement qui fournissent leur eau potable sont toutes à proximité des missiles iraniens.

En prétendant que la conférence vise à faire la guerre contre l'Iran, Netanyahu n'embarrasse pas seulement le département d'État et le secrétaire d'État Mike Pompeo. Il rend également extrêmement difficile pour les autres participants de justifier leur présence. Les Arabes seront particulièrement furieux qu'ils soient montrés dans une alliance aussi ouverte avec Israël et son hostilité contre l'Iran. Comploter avec Israël dans le noir, c'est bien. Mais il est difficile de vendre à leur peuple le fait d'être publiquement associé à un Israël en guerre. Il ne serait pas surprenant de voir certains d'entre eux partir.

L'ensemble de la conférence est un objectif personnel pour l'administration de Trump. Au lieu de montrer son unité avec ses alliés, elle ne fait maintenant que démontrer la profondeur de leur désaccord. La déclaration de Netanyahu pourrait l'aider à gagner des voix lors des prochaines élections en Israël. Mais l'alliance espérée avec les Arabes du Golfe est maintenant aussi loin qu'elle ne l'a jamais été.