Le pétrolier britannique Soco est accusée par WWF, de par ses projets d'exploration pétrolière, de vouloir polluer et de violer les droits de l'homme dans le Parc de Virunga l'un des plus anciens parcs naturels d'Afrique, classé au Patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1979.
Le Fonds mondial pour la nature (WWF) a déposé plainte (PDF en anglais), lundi 7 octobre, contre la compagnie pétrolière anglaise Soco auprès de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) pour "violation des normes de responsabilité sociale des entreprises internationales". "Les activités d'exploration pétrolière de Soco dans et aux abords du parc national des Virunga violent les directives de l'OCDE concernant l'environnement et les droits de l'homme".
Malgré les mises en garde du gouvernement britannique et de l'Union européenne, Soco continue à vouloir explorer le pétrole dans le parc de Virunga situé dans le Kivu en RDC suite au permis fourni par le gouvernement congolais. L’ordonnance présidentielle accordant l’exploration et la production du pétrole dans le bloc 5 du rift albertin Est de la RDC à l’entreprise SOCO internationale avait été signée par le Chef de l’Etat en juin 2010.
"Mais depuis la promulgation de cette ordonnance présidentielle, l’exploration et l’exploitation du pétrole dans le parc national des Virunga butent à des résistances de l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN), des élus locaux et des ONG environnementales.« Les activités pétrolières [dans ce parc] entrent en conflit avec la loi forestière qui interdit toute activité humaine dans une aire protégée », a affirmé un activiste des droits de l’homme, craignant que ces activités ne viennent notamment polluer le lac Edouard, qui traverse ce parc." (Radio Okapi)
Selon WWF, "Il y a de sérieuses craintes que le pétrole n'attire encore davantage de groupes armés et n'alimente les conflits. Soco n'a pas démontré qu'elle avait pris ce risque en compte comme elle aurait dû le faire".
La filiale congolaise de Soco – domiciliée aux îles Caïmans – détient une concession dénommée "bloc 5" de 7 500 km2 dont plus de la moitié se trouve à l'intérieur des Virunga. Selon Le Monde, "Le bloc 5 traverse le lac Edouard sur lequel travaillent environ 27 000 pêcheurs. Des tentatives d'intimidation des communautés locales, dont plusieurs se sont regroupées pour demander au gouvernement de mettre fin au projet, ont été relatées."
Le risque de destruction de l'écosystème et surtout d'élimination des populations civiles de la région par des rebelles ou des forces loyalistes téléguidés ou assistés logistiquement par des firmes internationales, n'est pas à négliger. On se souvient de l'aide logistique apportée directement aux forces loyalistes par l'entreprise canadienne Anvil Mining pour assurer la sécurité de sa zone de prospection et du massacre qui s'en était suivi (Des victimes congolaises du massacre de Kilwa réclament justice à la Cour suprême du Canada ). On se souvient aussi du rôle louche de la firme britannique Afrimex qui versait des impôts aux rebelles pour mieux soutirer à vil prix le Coltan dans le Nord et le Sud Kivu. (Global Witness)
Faudra-t-il ajouter l'entreprise Soco à la liste des 80 entreprises (dont une majorité de firmes anglo-saxonnes et belges) accusées par l'ONU en 2003 de participer au pillage de la RDC ?
Lire sur le blog de SLT :
- RDC : des millions de morts, un conflit oublié !