La chaîne d'Etat française a encore sévi pendant les fêtes de février. Durant toute cette semaine elle a consacré 5 reportages de quasi propagande envers le rôle de l'armée française, de ses paras, de ses opex, de sa mission "humanitaire" et "médicale" au Mali dans ces JT de 13h de la semaine. Ces 5 reportages s'intègrent dans le cadre d'une série intitulée "Les soldats du désert" qui semblent tout droit diligentés par les autorités françaises. On y montre la base de Gao et ses 1600 soldats, ses patrouilles au Mali et ses contrôles quasi coloniaux de la population, ses interrogatoires, voire l'enseignement des enfants, les soins médicaux apportés à la population (dans la plus pure tradition de l'oeuvre coloniale émancipatrice) dans le contexte de la lutte militaire française contre le terrorisme djihadiste dans le Sahel. Aucune critique sur l'opération Barkhane, sur l'opération Koufra, aucun rapport au contexte du soutien français aux djihadistes libyens anti-Kadhafi et de la responsabilité française dans la destruction de la Libye et de l'éruption et dissémination du terrorisme al-qaïdiste dans le Sahel. Aucune critique sur les échecs de la mission Barkhane, sur ses bavures, sur son embourbement et son manque d'efficacité dans la lutte contre le terrorisme. Le point de vue de la rédaction de France Télévisions se cale exclusivement sur le discours des militaires. Tout cela sur un fond de musique jazz à la Miles Davis. A ce niveau, cela ressemble à une opération médiatique de communication pour le ministère de la défense.
Qu'on en juge par les titres et les résumés des reportages (cliquez sur les liens pour visualiser les reportages) :
- Lundi 19.02.18 Feuilleton : les soldats du désert (1/5)
France 2 vous emmène cette semaine aux côtés des troupes françaises stationnées au Mali, dans le cadre de l'opération Barkhane. Cinq ans après le début de cette opération, 1 600 soldats français continuent de traquer les jihadistes en plein désert.
. Le lieutenant Yann est pilote au 5e régiment d'hélicoptère de combat. Il alterne missions et moments de récupération...en opération extérieureGao, une base militaire française au milieu du désert malien. Elle accueille jusqu'à 1 600 soldats français. Un camp retranché, protégé, où derrière les barbelés, une vie s'organise. Une vie en Opex,
- Mardi 20.02.18 Feuilleton : les soldats du désert (2/5)
France 2 part tout au long de la semaine à la rencontre des soldats de l'opération Barkhane.
Ce mardi 20 février, les soldats ont installé ce qu'ils nomment dans le jargon militaire une base opérationnelle. En clair, des blindés stationnés en plein désert. Les soldats français préparent leur mission. Ils vont travailler, mais aussi dormir sur place, sur des lits de camp à la belle étoile.
"Ça fait toujours plaisir de discuter avec eux"
Chaque combattant à un rôle précis à jouer. Première panne, les mécanos ont la pression. Un groupe part en reconnaissance. Pour certains, c'est la première mission, la première rencontre aussi avec des villageois. "Les individus ne sont pas tous amicaux", note un militaire. La situation se détend un peu, le lieutenant enlève son casque pour mettre tout le monde en confiance et dialoguer. Alors que certains militaires procèdent au contrôle d'un homme qui transporte des médicaments, un peu plus loin un jeune soldat s'improvise professeur de français. "Ça fait toujours plaisir de discuter avec eux", confie-t-il. Des moments de complicité rares, de quoi oublier les 40°C...
- Mercredi 21.02.18 Feuilleton : les soldats du désert (3/5)
au Mali. Ratisser des centaines de kilomètres dans le désert malien pour débusquer des terroristes, telle est la mission du capitaine Cédric. À bord d'un véhicule blindé, huit personnes pour un travail de fourmi. Le convoi interpelle une famille de nomades : derrière chaque berger peut se cacher un combattant. Sans surprise, ils découvrent un treillis et des rangers. L'homme s'exprime mal en français, l'interrogatoire est difficile. Un interprète arrive, en uniforme et le visage dissimulé pour sa sécurité. L'homme dit appartenir à un groupe armé autorisé. Son téléphone est saisi. Plus loin, un autre berger. Les jihadistes font souvent appel à eux comme informateurs. Le jeune garçon avait un miroir, moyen ancestral de communication, en jouant avec la lumière du soleil.aux côtés des soldats de la force BarkhaneFrance 2 vous emmène cette semaine
4 mois d'opération
Le groupe revient au camp. Charlie appartient au groupe de combat, son profil est original : il y a encore un an il passait son master 2 en fac de droit. La température dépasse les 40 degrés, la fatigue est lourde. Après cinq contrôles et des heures de patrouille, l'heure du repas arrive enfin. La France est dans tous les esprits : ces soldats passeront quatre mois en opération...
- Jeudi 22.03.18 Feuilleton : les soldats du désert (4/5)
au Mali. Après des contrôles effectués auprès de bergers, l'heure est au bilan. "On a trouvé un berger qui avait un téléphone sur lui. Sur ce téléphone, il y a une vidéo de propagande terroriste", explique un soldat. Cette vidéo est transmise aux services de renseignement. Il faut identifier l'homme filmé, la date de la vidéo et le lieu où elle a été tournée. A priori, la vidéo n'a pas été tournée au Mali, même si Daech est bien présent ici.l'opération BarkhaneFrance 2 vous emmène cette semaine aux côtés des soldats de
Une présence aussi à caractère humanitaire
Les Français ne sont pas au Mali uniquement pour la lutte antiterroriste. Une petite équipe quitte le camp au milieu du désert pour une mission à caractère humanitaire. Le médecin de la section multiplie les aides aux villageois en installant un cabinet de consultation au pied du blindé. Ces rencontres permettent de mieux connaître les villages et les mentalités.
- Vendredi 23,02,18 Feuilleton : les soldats du désert (5/5)
Les militaires ont peu dormi. Après la marche de nuit, les soldats ont changé de position. Des intrus auraient photographié le dispositif français, les hommes sont préoccupés. Pour avoir une vue d'ensemble, les militaires se dirigent prudemment vers une crête, un poste d'observation qui permet de déceler d'éventuels mouvements ennemis. Ils vont rester embusqués deux heures. Charlie se tient aussi en haut de la crête, toujours avec sa mitrailleuse. Les bancs de l'université lui semblent bien loin, et pourtant c'était l'année dernière. Aujourd'hui, l'ennemi reste invisible et la traque doit continuer.
Profiter des rares moments de détente
Nous quittons le groupe de combat qui va poursuivre sa mission dans le désert pendant encore trois semaines. Un vol d'une heure en hélicoptère, direction Gao, la base arrière des militaires. Moins d'un millier d'hommes sont stationnés sur la base, beaucoup sont en opération. Des parachutistes se préparent pour un exercice de tir. Les ennemis sont mobiles, rapides. Ils évitent souvent l'affrontement direct. Ici, ce n'est pas une guerre conventionnelle. Après le dîner, les militaires se retrouvent parfois ici : un lieu de convivialité. Une seule bière est autorisée. Nombre de soldats ont déjà vécu des expériences marquantes. Les militaires français sont au Mali depuis cinq ans. La relève des hommes est en cours. Eux rentreront bientôt à la maison. L'opération Barkhane, elle, continue.
Rappelons que la chaîne d'Etat France 2 filiale de France Télévisions est coutumière des reportages de propagande envers l'armée française. Cette série de reportages sur l'armée française n'est que l'extension d'un précédent reportage de France 2 sur la même thématique déjà diffusée en décembre 2017 au moment des fêtes de noël:
- Retour sur le reportage apologétique de France 2 sur l'occupation militaire française au Mali au nom de la lutte contre le terrorisme
Voici quelques informations permettant de pondérer le reportage apologétique de France Télévisions sur l'armée française au Mali. Pour sortir de la propagande :
- Le Monde « La France doit rompre avec la rhétorique martiale qui prévaut au Sahel »
« Nous avons gagné cette guerre », déclarait en septembre 2013 à Bamako un François Hollande triomphant au terme d’une intervention militaire française menée au pas de course pour déloger les mouvements djihadistes au Mali. Quatre ans plus tard, dans une région sahélienne à la dérive, les mots de l’ancien président de la République résonnent de façon tragique. Le Mali a sombré dans un état de délitement inquiétant. Au nord, les groupes politico-militaires se disputent toujours le contrôle des territoires et des trafics. Au centre, l’Etat a reculé dans les zones rurales où prospèrent milices communautaires, bandes criminelles et insurgés se revendiquant du djihad. Pis, débordant du territoire malien, les violences touchent désormais les pays voisins, Burkina Faso et Niger en particulier."
- Mali : les militaires français de la force Barkhane accusés de bavure (Afrik.com)
- Mali : la Minusma enquête sur la mort d’un enfant, possible bavure de Barkhane (JAI)
- Bavure : la France en cause dans la mort de 11 otages d’un groupe djihadiste au Mali (Russia Today)
- Françafrique. Le « chaos constructif » s’étend dans le Sahel (Orient XXI)
- Barkhane : chronique d’un naufrage annoncé (BdA)
Rappelons que la chaîne d'Etat refuse quasiment d'évoquer les crimes de guerre commis par la coalition saoudienne depuis 3 ans dans ses bombardements ininterrompus du Yémen soutenus par la France, Israël, les USA et la Grande-Bretagne pour faire l'apologie du régime saoudien :
- Les JTs de France TV continuent d'ignorer les crimes de guerre saoudien au Yemen et semblent adopter le point de vue du régime saoudien
- Les JTs de France 2 font-ils de la propagande pour le régime criminel saoudien ?
- Médias. La purge saoudienne effectuée par le prince Bin Salman telle que traitée par le journal de France 2 au JT de 13h
Cette semaine (19.02.18 au 23.02.18), si les JT de France 2 ont évoqué les bombardements syriens sur les djihadistes syriens de la Ghouta, rien n'a été évoqué des bombardements saoudiens sans discontinuer sur le peuple yéménite.
Rappelons qu'au contraire, les JTs de France 2 prennent systématiquement la défense des rebelles syriens (dont bon nombre sont ou ont été affiliés à Al Qaïda à Alep et à la Ghouta orientale) :
- Les JTs de France 2 traitent-ils de manière privilégiée les informations quand les quartiers tenus par des djihadistes sont bombardés par le régime syrien ?
- La rédaction de France 2 ménage-t-elle les djihadistes affiliés à Al Qaïda dans son traitement médiatique de la lutte contre le terrorisme en Syrie ?
Ainsi selon Moon of Alabama. "La zone (de la Ghouta Est) est occupée par des Takfiris de trois groupes. Jaish al-Islam est sous le contrôle du clan Salafi Alloush et est financé par des "dons" wahhabites d'Arabie Saoudite et du Koweït. Al-Qaida en Syrie (alias le Front Al Nosra) et son groupe allié Faylaq al-Rahman ont également des contingents importants à la Ghouta-Est. En 2015, ces terroristes ont publié une vidéo montrant leurs tentatives d'abattre un avion de ligne civil qui venait de décoller de l'aéroport de Damas. Ils conduisirent des civils captifs, de croyance alaouite, autour de la ville pour se protéger des bombardements. Les trois groupes se sont affrontés à maintes reprises et ce sont les habitants de Ghouta-Est qui en ont le plus souffert."
Le double discours des médias atlantistes selon Consortium News, porte atteinte aux droits humains: "Selon Jonathan Marshall, l'indignation sélective à l'égard des souffrances des civils en Syrie, qui majore les abus du gouvernement syrien tout en minimisant les effets des frappes aériennes de la coalition dirigée par les États-Unis, mine la légitimité du plaidoyer en faveur des droits humains. Peu de choses menacent davantage la légitimité du plaidoyer en faveur des droits humains que les partisans qui l'invoquent de manière sélective pour promouvoir une partie dans un conflit violent. C'est pourquoi les personnes réellement préoccupées par le sort des victimes de la guerre devraient être troublées par la dernière campagne d'indignation sélective à la suite des bombardements perpétrés par le gouvernement syrien contre la Ghouta Est, une banlieue de Damas".
Ce double discours de France 2 filiale de France Télévisions pourrait laisser à penser que la chaîne d'Etat traîte les informations selon la doxa et les lignes politiques définies par les autorités politiques françaises : soutien à l'Arabie saoudite dans sa guerre au Yémen, soutien aux rebelles djihadistes d'Al Qaïda à Alep et à la Ghouta, Cela pose la question de l'indépendance de France Télévisions par rapport au "Château" mais aussi la question de sa déontologie et de son éthique. Traitement de l'information qui peut également s'accompagner de fake news pour justifier les interventions militaires françaises en Libye même 5 ans plus tard :
- [Exclusif] Le documentaire "Tuez Kadhafi !" revient sur les fake news diffusées par les médias français et atlantistes pour légitimer la guerre contre la Libye de Kadhafi (Vidéos)
Attention, ce reportage produit pour partie par France Télévisions n'a pas encore été diffusé en France.
- Gros déballage sur la désinformation médiatique française durant la guerre en Libye sur Europe 1. Selon un prof de Science Po : "Une fake news : c'est une fausse information qui n'est pas cautionnée par les autorités" (Vidéo)
- Libye. Benghazi. Radio Sarkozy ment, France TV désinforme
- Retranscription intégrale de l'échange entre Pujadas et Sarkozy sur la Libye dans 'Emission Politique' sur France 2 (vidéo)
- Salon Le rapport du Parlement britannique détaille comment la guerre de 2011 de l'OTAN en Libye fut basée sur des mensonges
- Sarkozy-Khadafi - l'enquête hors-norme et les dessous de la diabolisation de Kadhafi dans la presse française (Vidéos)
Rappelons ce que disait Nicolas Hervé, ingénieur de recherche à l’Ina et titulaire d’un doctorat de l’université Paris-Sud Orsay, dans cette même émission d'Europe 1 :
Nicolas Hervé : "...c'est surtout que la presse a de moins en moins les moyens de faire son travail correctement et quand on est sur un théâtre de guerre comme la Libye où en gros c'est l'armée et donc l'Etat qui contrôle l'information qui est diffusée, etc. La manière dont les informations vont être remontées à la population française alors que le pays est en guerre, etc, le gouvernement va naturellement déformer l'information, la faire paraître sous un beau jour, etc. Après la question est de savoir dans quelle mesure est-ce que les journalistes sont conscients ou pas du fait qu'ils relayent une parole officielle sans chercher à en savoir plus ou même à masquer un certain nombre de choses, ça c'est un autre débat. Et on arrive, si l'on parle des médias traditionnels, sur les questions du pouvoir des médias, de qui sont les actionnaires des médias, quelles sont les velléités qu'il y a derrière et ces questions là. Mais ça c'est des questions qui sont différentes de la notion de fake news mais qui ne sont pas complètement décorrélées parce que effectivement la confiance dans la manière dont les médias traitent l'information cela va avoir aussi une influence sur ce que l'on va pouvoir percevoir à côté..."
France 2, une chaîne de propagande au service de l'Etat français et de ses actions militaires en Afrique, en Syrie, au Yémen, en Arabie saoudite et ailleurs ?
Lire également :
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- Après le quasi-blackout sur la guerre saoudo-occidentale au Yémen, les JT de 20h de France 2, France 3 et TF1 font le blackout total sur la conférence de Sotchi organisée par la Russie.