Sputniknews a publié un article intitulé "US, UK Financing 54 Militia Groups in Syria Despite Trump Vow to ‘Get Out’" ("Les États-Unis et le Royaume-Uni financent 54 groupes de militants en Syrie malgré le vœu de Trump de "partir") reprenant l'article publié par The American Conservative ("Les affiliés d'Al-Qaïda se battent-ils aux côtés des rebelles étatsuniens dans le sud de la Syrie ?") faisant état des liens et du financement par la coalition occidentale des groupes militants affiliés à Al Qaïda notamment à sa filiale Al Norsa rebaptisée HTS. Par contre, Sputniknews passe sous silence la description dans l'article publié par The American Conservative des liens directs d'Israël avec Al Nosra et même l'EI dans le sud de la Syrie.
Voici les informations de l'article de The American Conservative qui n'ont pas été reprises par Sputniknews de manière étonnante :
" Le général Ahmad al-Issa de l'AAS, commandant de la ligne de front à Deraa, affirme que le MOC est une opération dirigée par les États-Unis qui contrôle les mouvements des "terroristes" du Front Sud et est fortement influencé par les objectifs stratégiques d'Israël dans le sud de la Syrie, dont l'un est de prendre le contrôle de ses zones frontalières pour créer un "tampon" à l'intérieur des territoires syriens.
Comment le sait-il ? Issa déclare que ses informations proviennent d'un échantillon représentatif de sources, y compris des militants réconciliés/capturés et des renseignements provenant du MOC lui-même. Le général cite le propre règlement du MOC pour les militants comme un exemple de sa centralité israélienne : "D'abord, ne jamais menacer ou approcher une frontière israélienne de quelque façon que ce soit. Deuxièmement, protéger les frontières avec le Golan (occupé par Israël) pour que personne ne puisse entrer en Israël."...
C'est pourquoi le Front Al-Nosra n'apparaît pas sur les cartes étatsuniennes.
Dans une interview accordée la semaine dernière, le président syrien Bachar al-Assad a attribué la rupture soudaine des efforts de réconciliation du Sud à "l'ingérence israélienne et étatsunienne", qui, selon lui, "exerce des pressions sur les terroristes dans cette région afin d'empêcher tout compromis ou résolution pacifique".
Aujourd'hui, la zone frontalière israélienne avec la Syrie est parsemée de campements d'al-Nosra et de l'EI, qu'Israël préfère clairement à l'armée syrienne et à ses alliés iraniens et du Hezbollah. Le Wall Street Journal a même rapporté l'année dernière qu'Israël fournissait secrètement des fonds pour les salaires, la nourriture, le carburant et les munitions aux militants de l'autre côté de sa frontière.
Début juin, deux anciens membres islamistes de l'ASL (dont un ancien combattant d'al-Nosra) à Beit Jinn - une zone stratégique limitrophe de la Syrie, du Liban et d'Israël - m'ont dit qu'Israël payait les salaires de leur milice depuis un an avant qu'un accord de réconciliation ne soit conclu avec le gouvernement syrien. "Chaque mois, Israël nous envoyait 200 000 dollars pour continuer à nous battre", a révélé l'un d'entre eux. "Nos dirigeants suivaient les pays extérieurs. Nous avons été soutenus par le MOC, ils ont continué à nous soutenir jusqu'à la dernière minute," a-t-il déclaré.
Plus tôt dans la journée, dans le village de Hadar, dans le Golan syrien, des membres de la communauté druze ont décrit une attaque sanglante d'al Nosra en novembre dernier qui a tué 17 personnes : "Tous les gens ici ont vu comment Israël a aidé les terroristes d'al Nosra ce jour-là. Ils les ont couverts de tirs réels depuis le sommet des collines pour aider al-Nosra à prendre le contrôle de Hadar. Et à la fin des combats, Israël accueille les combattants blessés d'al Nosra et leur fournit des services médicaux", a déclaré Marwan Tawil, un professeur d'anglais local.
"La ligne de cessez-le-feu (frontière syro-israélienne) s'étend sur 65 kilomètres entre ici et la Jordanie, et seule cette zone est sous le contrôle de l'AAS", explique le maire de Hadar. "Soixante kilomètres sont sous le contrôle d'al Nosra et d'Israël et seuls les cinq autres sont sous l'AAS."
Israël est tellement attaché à maintenir la Syrie et ses alliés à l'écart de ses frontières qu'il a activement soutenu Al-Qaïda et d'autres extrémistes dans le théâtre sud de la Syrie. Comme l'a expliqué le ministre israélien de la Défense Moshe Ya'alon en 2016, "En Syrie, si le choix est entre l'Iran et l'État islamique, je choisis l'État islamique". Pour justifier leurs interventions dans la bataille à venir, les États-Unis et Israël prétendent que les forces iraniennes et du Hezbollah sont présentes dans le sud, mais sur le terrain à Deraa et Quneitra, on ne voit ni l'un ni l'autre.
De multiples sources le confirment à Deraa, et insistent sur le fait qu'il n'y a qu'une poignée de conseillers du Hezbollah - et non des combattants - dans tout le gouvernorat.
Alors pourquoi cette pirouette ? "Il s'agit d'un effort de diplomatie publique pour faire croire que l'Occident a forcé l'Iran et le Hezbollah à quitter le Sud", explique le général Issa.
Les États-Unis, Israël et leurs alliés ne peuvent pas gagner cette bataille du Sud. Ils ne peuvent que prolonger l'insécurité pendant un certain temps avant que l'AAS ne décide de lancer une campagne militaire contre les plus de 54 groupes de militants et al-Nosra qui occupent le sud de la Syrie. Le résultat final sera probablement un règlement négocié parsemé de quelques "batailles douces" pour éjecter les militants les plus durs.
Comme me l'a dit un soldat de l'AAS sur la scène de Deraa : "Cinquante-quatre factions dans une petite zone montrent plus de faiblesse que de force". Et leur coopération avec le Front al-Nosra ne fait que rendre les cibles sur leur dos encore plus grandes..."
A vrai dire la seule mention de Sputniknews eu égard à Israël est celle-ci : "Bien que le président étatsunien Donald Trump ait juré "je veux partir" de Syrie pour "ramener nos troupes à la maison" il y a quelques mois, un nouveau rapport indique que les militaires étatsuniens et une cohorte d'alliés, dont Israël, la Grande-Bretagne, la France, la Jordanie et "certains États du Golfe Persique" soutiennent toujours quelque 54 groupes militants en Syrie".
Un peu court ?
S'agit-il d'un oubli de Sputniknews, ou bien l'agence de presse d'Etat russe a-t-elle considéré que ces informations étaient su depuis longtemps ou invalides ou bien les a-t-elle occultées dans un contexte de rapprochement et d'accord officieux entre la Russie et Israël en Syrie ?