MAJ 3.08.19 à 19h55 : changement du titre
Suite à l'affaire Geneviève Legay - cette femme de 73 ans blessée grièvement à la tête après une charge policière le 23 mars lors d'une manifestation des "gilets jaunes" - Macron, quelques heures avant la conférence de presse du parquet, le 25.03.19 avait affirmé que Geneviève Legay « n’[avait] pas été en contact avec les forces de l’ordre » dans le journal Nice-Matin, n'hésitant pas avec le ton condescendant qu'on lui connaît à aller jusqu'à sermonner la victime.
Le jour même, le 25.03.19 et quelques heures après, le procureur disculpait la police de toute manoeuvre malveillante et affirmait qu'elle que Geneviève Legay n'avait pas été touchée par la police, Or il s'est avéré après enquête qu'elle avait bien été victime d'une charge policière. Le policier qui l'a poussée a d'ailleurs dit en être "sincèrement désolé" amenant ainsi le procureur de Nice a revenir sur ses propos et à déclarer qu'il avait disculpé la police pour ne pas embarrasser le président de la République. On croit rêver, un procureur aurait couvert par un mensonge les propos erronés du président ?
Me Arié Alimi, avocat de Geneviève Legay L'avocat de Geneviève Legay, la manifestante "gilet jaune" blessée ce samedi matin à Nice, annonce qu'il va déposer plainte pour "violences volontaires" contre la police et contre le préfet des Alpes-Maritimes
Lorsque Macron s'exprime de la sorte le 25.03.19, avant même la conférence du Parquet, on est en droit de se demander si il ne s'agit pas d'une manoeuvre visant à influencer la justice. En tous les cas quand on ne sait pas, il vaut mieux se taire, son discours apparaissant, après-coup, comme mensonger.
Mais suite à de nombreuses affaires concernant la politique étrangère : assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, ventes d'armes en Arabie saoudite dans la guerre au Yémen et découvertes d'armes françaises en Libye, on est en droit de se demander si des membres du gouvernement ne lui emboîtent pas le pas.
Par exemple, son ministre des affaires étrangères qui se vante ouvertement d'être le ministre qui a vendu le plus de Rafale, a prétendu lors de l'affaire Khashoggi - journaliste saoudien assassiné dans des conditions atroces, le 2.10.18, par les autorités de son pays dans le consulat saoudien d'Istanbul en Turquie - ne pas avoir reçu les preuves audios de l'assassinat enregistré par les services turques. Il avait déclaré le 12.11.18 dans une interview accordée à France 2 que la France ne possédait aucun enregistrement lié à l'assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, à sa connaissance, ce qui contredisait les déclarations du camp turc.
Les autorités turques affirmaient lui avoir envoyées ainsi qu'à d'autres secrétaires d'état ou présidents d'autres pays, qui pour l'essentiel reconnaissaient l'avoir reçu. Ainsi, le premier ministre canadien Justin Trudeau, a été le premier chef d'État occidental à reconnaître publiquement que son pays avait effectivement reçu les enregistrements en question, après qu'Erdogan eut annoncé qu'il les avait remis aux États occidentaux. Trump a reconnu avoir reçu l'enregistrement. : "Nous avons l'enregistrement, je ne veux pas l'écouter […] car c'est un enregistrement de souffrance", a-t-il déclaré. "J'ai été intégralement briefé, il n'y a aucune raison pour que je l'écoute", a-t-il ajouté. "Je sais exactement ce qu'il s'est passé […] c'était très violent, très brutal et horrible".
Les propos de réfutation de Le Drian ont entraîné la fureur d'Ankara. La Turquie a qualifié les déclarations françaises au sujet des enregistrements de Khashoggi d'"inacceptables" : "La partie turque a qualifié d'irrecevable la déclaration du ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian sur les enregistrements de Khashoggi. "Nous trouvons inacceptable qu'il accuse le président Erdogan de " jouer à des jeux politiques ", a déclaré à l'AFP Fahrettin Altun, directeur de la communication de la présidence turque."N'oublions pas que cette affaire aurait déjà été étouffée sans les efforts déterminés de la Turquie", a souligné Altun, ajoutant que les commentaires ne "reflètent pas les faits".
Selon Mediapart, des diplomates et des agents du renseignement ont contredit le ministre : "Le 12 novembre 2018, le ministre des affaires étrangères français a affirmé ne pas avoir eu connaissance des preuves fournies par la Turquie concernant l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi par des tueurs saoudiens. Sept diplomates et agents du renseignement français contredisent le ministre."
Toujours au sujet de l'Arabie saoudite, les autorités françaises qui sont de grosses pourvoyeuses en armes, se sont retrouvées fortement dépourvues lorsqu'un petit consortium de journalistes de Disclose (associés à The Intercept, France info, Arte et Mediapart) a révélé, le 15.04.19, des informations confidentielles issues de la DIrection du renseignement militaire (DRM), portant sur les ventes d'armes massives de la France aux autorités saoudiennes. L'Arabie saoudite est à la tête d'une coalition qui mène une sale guerre au Yémen que certains considèrent comme relevant du génocide. Les journalistes qui ont fait ces révélations ont fortement embarrassé le gouvernement français et ont été convoqués par la DGSI.
Lire : - Disclose Cartographie d'un mensonge d'Etat
Pourtant, la veille trois jours après la publication des documents de la DRM sur internet, la ministre de la Défense a déclaré main sur le coeur qu'il n'y avait pas de preuves que les armes françaises faisaient des victimes parmi les civils au Yémen : "La ministre française des Armées, Florence Parly, a déclaré jeudi ne pas avoir "d'éléments de preuve" montrant que des armes de fabrication française utilisées par l'Arabie saoudite auraient fait des victimes civiles dans la guerre au Yémen..." (AFP, 18.04.19).
Un discours mensonger ? En tous les cas il n'est pas sans rappeler les propos qu'elle avait tenus au micro de France Inter le 20.01.19 en déclarant « Je n’ai pas connaissance du fait que des armes [françaises] soient utilisées directement dans ce conflit. »
L'Obs après les révélations de Disclose avait posé clairement la question d'un mensonge d'Etat.
S'agit-il d'un double mensonge d'Etat ? Le premier en janvier contredit par les révélations le 15 avril 2019 d'un rapport de la Direction du renseignement militaire (DRM) de 2018 (que Macron, Parly et Le Drian avait en leur possession depuis le 3.10.18 selon L'Obs et Valeurs Actuelles) concernant la présence d'armes françaises aux mains des Saoudiens au Yémen ; le second d'avril contredit par les informations sur le terrain ?
Concernant les propos de Parly de janvier 2019, voici ce qu'en écrit L'Obs (c'est nous qui soulignons) : " Le nouveau média d’investigation Disclose, partenaire de France Info, Mediapart, The Intercept, Konbini et Arte, a mis en ligne ce lundi 15 avril les résultats de l’analyse d’une note confidentielle du renseignement militaire français de l’automne 2018. Un document qui confirme l’implication d’équipements français dans les combats au Yémen, et leurs conséquences sur les populations. Ce rapport classé « Confidentiel Défense » de la Direction du renseignement militaire (DRM) et intitulé « Yémen - situation sécuritaire » a été transmis à Emmanuel Macron, Florence Parly, mais aussi à Matignon et au ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, à l’automne 2018." Il vient confirmer la présence d’armes et d’équipements français au cœur de ce conflit qui oppose les houtis, rebelles yéménites chiites, au pouvoir yéménite soutenu par une coalition de pays arabes menée par l’Arabie saoudite depuis cinq ans."
Concernant les propos de Parly mi avril, L'Obs poursuit (c'est nous qui soulignons) "Aucune arme française ne serait directement utilisée dans le conflit ? La note de la DRM en fait pourtant la liste : chars Leclerc, obus flèches, Mirage 2000-9, radar Cobra, blindés Aravis, hélicoptères Cougar et Dauphin, canons Caesar… Terre, mer, air : qu’elles aient été vendues à l’Arabie saoudite ou aux Emirats arabes unis, elles sont présentes partout. Et représenteraient même une menace pour les civils yéménites. Une carte de la DRM intitulée « Population sous la menace des bombes » précise en effet que des territoires habités se trouvent dans les cercles de portée de 48 canons Caesar saoudiens. La DRM précise dans une note que ces canons « appuient les troupes loyalistes et les forces armées saoudiennes dans leur progression en territoire yéménite ». En d’autres termes, ils bombardent le Yémen. Croisant les données de l’ONG Acled concernant des morts civiles par tirs d’artillerie, Disclose est parvenu à déterminer qu’entre mars 2016 et décembre 2018, 35 civils sont morts au cours de 52 bombardements localisés dans le champ d’action de ces canons Caesars."
Valeurs Actuelles, sans détour titre le 15.04.19 : "Armes françaises au Yémen : le mensonge de Florence Parly" : " "Contrairement à ce qu'a plusieurs fois affirmé la ministre des Armées, des armes françaises vendues à l’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis sont utilisées dans le conflit qui oppose les deux pays aux rebelles houthis, au Yémen. C’est ce qu’établit un rapport du renseignement militaire français...
...Quand Florence Parly mentait aux Français
À plusieurs reprises, Florence Parly avait pourtant nié ce qu'indique le rapport, comme le 30 octobre dernier, lorsqu'elle avait affirmé sur BFM TV qu' « à [sa] connaissance, les armes qui ont été vendues récemment ne sont pas utilisées contre les populations civiles ». Le rapport lui avait pourtant été remis, comme à Jean-Yves Le Drian et Emmanuel Macron, lors du conseil de défense restreint consacré à la guerre au Yémen qui s'était tenu quelques semaines plus tôt à l'Élysée, le 3 octobre 2018."
Canons Caesar à la frontière entre l'Arabie saoudite et le Yémen. Cette vidéo a été réalisée par des soldats saoudiens en poste à Najran, avant d'être publiée sur leurs comptes Twitter. Nous avons pu localiser leur position grâce à des images satellitaires.
Décidément, la ministre de la défense n'a pas fini d'avaler les couleuvres de la real politik cynique voulue par le chef de l'Etat et ses prédécesseurs. Ainsi en Libye, on a retrouvé aux mains des troupes du maréchal Haftar (Armée nationale libyenne : ANL) en guerre contre le gouvernement libyen reconnu par l'ONU (Gouvernement d'union national : GNA), des missiles appartenant à la France.
- Libye : les missiles découverts sur une base pro-Haftar "appartiennent" à la France (AFP)
Les autorités françaises ayant reconnu le gouvernement en place en Libye (GNA), se sont retrouvées encore une fois fort embarrassées, d'autant plus qu'elles ont contribué à son avènement. Comment peut-on reconnaître le gouvernement libyen en place (GNA) et soutenir militairement et logistiquement les troupes du maréchal Haftar (ANL) qui le combattent ?
Florence Parly a dû donc encore une fois résoudre la quadrature du cercle pour sauver l'honneur sur un plan national et surtout international. Un communiqué du ministère de la défense a été publié le 10.07.19. Dans un article intitulé "une persistance gênante en Libye", publié le 17.07.19. le Canard enchaîné a qualifié certains des propos du communiqué de mensongers déclarant que ce texte contient "une série de gros mensonges" :
"Bon gré, mal gré, Florence Parly a dû réagir, et un communiqué extravagant de son ministère de Armées a été publié, le 10 juillet. Que ce texte, béni par la ministre, contienne une série de gros mensonges n'est guère surprenant, mais que l'on y découvre des arguments d'une stupidité crasse n'est pas à l'honneur de ceux qui l'ont rendu public."
Exemples : "Ces munitions (on n'ose pas écrire "missiles") endommagées et hors d'usage (...) étaient temporairement (sic) stockées dans un dépôt (resic) en vue de leur destruction." Tant qu'à prendre les Français et les journalistes pour des imbéciles, mieux vaudrait monter un peu d'imagination. Tout est faux : ces 4 missiles (prix officiel : 175.000 dollars pièce) étaient encore emballées dans leur conteneur d'origine. Et le "dépôt" où les ont découverts les forces gouvernementales libyennes est tout bonnement la base de Gharayan, à quelques 60km de Tripoli, c'est à dire la base de départ de l'offensive du maréchal Haftar. "
Autre affirmation discutable : "Ces armes (que l'on vient de déclarer hors d'usage") n'ont pas été transférées à des forces locales". Et voilà l'armée du maréchal qualifiée de "force locale"..." (Canard enchaîné, 17.07.19).
Sur ce sujet lire également :
- "Une présence française gênante en Libye". Un officier confirme qu'une centaine de commandos de la DGSE ont parfois participé à la guerre civile (Canard enchaîné)
- La France n'est pas partie prenante militairement en Libye, dit Parly (Reuters)
- Libye: Les militaires français étaient engagés contre Daech (Reuters)
- Missiles de la France en Libye. Tripoli hausse le ton et exige des explications (ALT)
- Libye : « Que la France ne viole pas l’embargo sur les armes, ce n’est pas crédible » (Jeune Afrique)
- La France devient une autre voie pour que les missiles étatsuniens atteignent les rebelles libyens (Ask Truth24)
- L'hypocrisie franco-russe envers l'offensive du général étatsuno-libyen, Haftar, sur Tripoli
Certes, il s'agit de quelques exemples malheureux qui n'engagent pas l'ensemble du gouvernement mais cela commence à faire beaucoup pour la Macronie. Qui ment un jour, ment toujours ?
Et nous ne reviendrons pas sur l'Affaire Benalla où les errements de l'Elysée ont amené certains médias à les qualifier de "mensonge d'Etat", ni sur l'affaire Zineb Redouane et encore moins sur l'affaire Steve Maia Caniço ou sur les fake news macronistes à propos du mouvement des "gilets jaunes" lancées malencontreusement par le ministre de l'intérieur et bien d'autres.
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