Tout au long de cet été nous revenons sur les histoires françafricaines occultées de la mémoire collective par le magistère intellectuel, médiatique et politique français. Peu abordée par les médias, par les universitaires, par les historiens, par les politiques cette histoire de prédation (néo)coloniale se poursuit dans l'ombre pour mieux se répéter. L'amnésie cultivée par nombre de médias amenant à sa reconduction, permet aux réseaux françafricains de grenouiller en Afrique et de piller le pré-carré francophone africain. Actuellement, comme par le passé, le magistère intellectuel, médiatique et politique allèguent que les réseaux françafricains ont disparu face à la poussée de l'Américafrique, de l'Israélafrique, de la Chinafrique, de la Russafrique et de la Mafiafrique... En fait, il n'en est rien, les réseaux se transforment et s'adaptent. Ils ont maintenant le soutien renforcé de l'armée française qui par ses actions et son occupation de nombreux pays en Afrique permet aux multinationales d'obtenir de grands contrats comme en Côte d'Ivoire ou en Libye pour Total par exemple. Les interventions guerrières ont pour rôle de remplacer les dirigeants africains rétifs et d'installer des néogouverneurs plus favorables aux intérêts économiques français même si cela se fait au prix de crimes contre l'humanitlé comme au Cameroun (1956-1971), au Rwanda (1994), en Côte d'Ivoire (2011), en Libye (2011), ou en Centrafrique (2014). Ces autocrates made in France sont occultés par le magistère qui déroule tapis rouge aux despotes, aux dynasties installées par Paris dans ses anciennes colonies.
Episode 4 : L'Etat français sous Mitterrand a soutenu et collaboré avec un régime génocidaire au Rwanda en 1994
Pour cet épisode 4 de l'histoire Françafricaine de la Vème République nous revenons sur le soutien apporté par l'Etat français sous François MItterrand - avec comme secrétaire général de l'Elysée Hubert Vedrine dans un gouvernement de cohabitation ayant un rôle limité en terme exécutif - au régime génocidaire rwandais en 1994. Ce soutien fut militaire, politique et financier avant, pendant et après le génocide. La France post-Mitterrand refusera de créer une commission d'enquête parlementaire (dont on connaît les effets limités à en voir l'Affaire Benalla ou bien la commission d'enquête parlementaire française sur la collaboration entre Lafarge et le groupe terroriste à caractère génocidaire de l'Etat islamique en Syrie qui n'a rien donné avant que le quotidien Le Monde publie un article qui entraînera l'ouverture d'une enquête judiciaire et une mise en examen des dirigeants de la multinationale) mais une simple mission d'information parlementaire en 1998 qui conclura à une "erreur d'évaluation" mais révélera que la France a formé et soutenu l'armée rwandaise avant le génocide au Rwanda faisant passé son contingent de 5000 hommes à 50.000 hommes. Nous apprendrons également que le gouvernement rwandais qui allait présider le génocide fut formé à l'ambassade de France à Kigal, le 8 avril 1994i, enfin que les militaires françaises ont collaboré avec les génocidaires en déroute en favorisant leur exfiltration dans l'ex-Zaïre de Mobutu, à la fin de son règne dictatorial soutenu et porté à bout de bras par la France.
Selon Le Canard enchaîné, un ancien gendarme de l'Elysée est allé soutenir les troupes du régime génocidaire rwandais en 1994.
- Complicité française dans le génocide au Rwanda : "un Barril de poison nommé Rwanda" (Canard Enchaîné)
MAJ le 25.10.18 Génocide des Tutsis au Rwanda La vidéo qui accable l’armée française
Mediapart rend publique une vidéo filmée à l’été 1994 par des militaires français, qui jette une lumière crue sur la passivité de l’armée pendant l’un des événements les plus embarrassants pour la France dans le dossier rwandais : le massacre de Bisesero.
De nos jours, le nouveau chef de guerre français, Emmanuel Macron, a choisi, après la démission de son chef d'Etat-major des armées, Pierre De Villiers, de le remplacer par le général Lecointre, qui fut impliqué au sein du RPMIA dans l'intervention militaire française au Rwanda lors de l'opération Turquoise.
Jacques Morel dans les colonnes de l'Humanité évoquait sa collaboration avec les génocidaires rwandais lors de l'opération turquoise en 1994 : "François Lecointre était affecté au groupement Nord Turquoise, où il était responsable du secteur de la commune de Gisovu. Responsable des troupes, il collaborait avec le directeur de l’usine à thé, Alfred Musema, un des organisateurs du génocide dans la région de Bisesero. Nous en avons des preuves. Au moment de son procès au Tribunal pénal international pour le Rwanda (Tpir), où il a été condamné à perpétuité pour génocide, une pièce à conviction déposée par sa défense est une lettre du capitaine Lecointre adressée à Musema. Dans cette missive datée du 18 juillet 1994, il l’informe qu’il va changer de secteur et qu’il laisse la région à un subordonné. Ce document montre que leurs relations étaient cordiales. Au lieu d’enquêter et de l’arrêter, Lecointre a collaboré avec lui. Ce ne sont pas les seuls éléments. Dans une lettre rédigée dans l’Ancre d’or datée du 18 juillet, le capitaine évoque les sauvetages d’enfants tutsis cachés chez des Hutus. Il y décrit des opérations de sauvetage qui se déroulaient la nuit, sans lampe, pour ne pas être repérés par les miliciens, qui, dit-il, « poursuivent leurs patrouilles de nuit ». Preuve que les Français ont laissé les miliciens opérer librement dans la zone « humanitaire sûre » décrétée par l’Hexagone début juillet. Cette zone humanitaire était sûre pour les miliciens, car ils pouvaient continuer à opérer sans être attaqués par le Front patriotique rwandais (FPR). De fait, le nouveau chef d’état-major défendait les auteurs du génocide rwandais." (L'Humanité Jacques Morel : « Le nouveau chef d’état-major défendait les auteurs du génocide rwandais »)
Mais il semble qu'aux dernières nouvelles les gouvernements Macron et Kagamé pourraient trouver un terrain d'entente sur le dos des victimes du génocide des Tutsis au Rwanda et se rapprocher en vue de laisser à une ministre rwandaise le soin de diriger l'Organisation internationale de la francophonie. Un lot de consolation ? Où le dictateur Kagamé, accusé de crimes contre l'humanité en RDC, trouverait des petits arrangements avec le chef de guerre Macron sur le dos de la vérité ?
Une implication française qui touche de nombreux leaders des grands partis politiques de 1994 ; P.S et RPR.
Lire :
- Complicité financière française durant le génocide au Rwanda : BNP, Banque de France, CCR et Nicolas Sarkozy...
- Génocide rwandais : la Justice française ouvre une information judiciaire contre BNP Paribas (Russia Today)
- Génocide rwandais : une plainte déposée contre BNP Paribas (France inter)
- François Léotard, ministre de la Défense lors du génocide rwandais (RFI)
- Alain Juppé et le génocide des Tutsis au Rwanda (JAI)
- Concordances humanitaires et génocidaires, Bernard Kouchner au Rwanda
- Bernard Kouchner à l’épreuve du feu, le 15 mai 1994
- Hubert Védrine, gardien de l’Inavouable
- Après la diatribe de François Hollande contre la Turquie au sujet du génocide arménien, à quand la reconnaissance par "le chef de guerre" français de l'implication française dans le génocide au Rwanda ?
Lire également :
- Le PS déprogramme un colloque sur le génocide au Rwanda à l’Assemblée (Mediapart)
- Le Canard enchaîné Implication française dans le génocide au Rwanda. Une vérité au compte-gouttes
- Génocide au Rwanda. Bernard Kouchner évoque la complicité de l'armée française sur la RTL.be (vidéo)
- Survie Implication française dans le génocide au Rwanda. Document 17 : Lettre du Président rwandais Théodore Sindikubwabo au Président français François Mitterrand, 22 mai 1994
- L'implication française dans le génocide au Rwanda (Survie)
- Complicité française dans le génocide au Rwanda : "un Barril de poison nommé Rwanda" (Canard Enchaîné)
- Kouchner : La France a "commis une très lourde faute" politique au Rwanda (AFP)
- Génocide des Tutsis au Rwanda : à l’ONU, la France appelée à clarifier son rôle (JAI)
- Complicité française dans le génocide au Rwanda. EELV demande la levée du secret défense
- France- Rwanda : Paul Barril, au cœur des accusations de complicité de génocide (Libération)
- Rwanda : la France complice du génocide (Afriques en Lutte)
- Un nouveau rapport associe la France au génocide rwandais (New York Times)
- Rwanda, la France a livré des armes pendant le génocide (Mondafrique)
- Génocide au Rwanda. Selon le Canard enchaîné, les notes de la DGSE et de la DRM mettent en cause des militaires français dans l'attentat contre le président Habyarimana (Vidéo)
- Rwanda : The Bloody Tricolor (BBC)
- Rwanda : un officier français témoigne du rôle trouble de l'opération Turquoise (Afrikarabia)
Prochain épisode : Histoires françafricaines (5). L'intervention de l'Etat français pour destituer le Président Laurent Gbagbo : répression et massacres de masse
Les articles du blog subissent encore les fourches caudines de la censure cachée via leur déréférencement par des moteurs de recherche tels que Yahoo, Qwant, Bing, Duckduckgo... Pour en avoir le coeur net, tapez le titre de cet article dans ces moteurs de recherche (plus de 24h après sa publication). Si vous appréciez notre blog et notre dénonciation du (néo)colonialisme, de l'impérialisme et du racisme, soutenez-le, faites le connaître ! Merci.
- Contrairement à Google, Yahoo & Co boycottent et censurent les articles de SLT en les déréférençant complètement !
- Censure sur SLT : Les moteurs de recherche Yahoo, Bing et Duckduckgo déréférencent la quasi-totalité des articles du blog SLT !