Vous ne pouvez pas gagner. N'essayez même pas !
Article originel : You Can’t Win. Don’t Even Try!
Par James Corbett
The Corbett Report, 5.04.21
Imaginez que vous trouvez un prisonnier dans une cellule de prison non verrouillée. Confus, vous lui demandez pourquoi il est assis là alors que la porte de sa cellule n'est même pas verrouillée.
"Oh, c'est déverrouillé ? Je n'ai pas vérifié."
Vous lui assurez qu'elle n'est pas verrouillée et lui demandez à nouveau pourquoi il ne part pas.
"A quoi bon ? Ils vont probablement m'attraper avant que je ne sorte."
Vous regardez autour de vous, confus. Vous lui expliquez que ce n'est même pas une prison. On lui a simplement dit de porter une combinaison orange et de rester dans une pièce non verrouillée, mais il n'est pas obligé d'obéir. Tout ce qu'il a à faire est de partir.
"Même si je m'échappe, ils vont me retrouver et me ramener ici. Autant rester sur place."
Vous pensez que cette histoire est ridicule ? Bien sûr qu'elle l'est. Mais la situation qu'elle décrit n'est que trop vraie. En fait, les chercheurs connaissent depuis un demi-siècle le mécanisme par lequel on peut faire en sorte que les gens s'enferment effectivement dans leur propre prison mentale... et il n'a pas fallu longtemps aux agences de renseignement pour mettre ces recherches à profit.
Aujourd'hui, nous allons explorer l'histoire vraie et surprenante de la façon dont le public a été conditionné dans un (faux) sentiment d'impuissance, et - plus important encore - ce que vous pouvez faire pour briser ce conditionnement.
L'IMPUISSANCE APPRISE
Si l'histoire du prisonnier qui ne veut pas s'échapper de sa cellule déverrouillée vous paraît saugrenue, pensez à l'histoire de l'éléphant et de la corde. Une histoire encore plus courte :
En Inde, les maîtres éléphants entraînent souvent les éléphanteaux à être soumis en les enchaînant à un poteau. Ils se battront de toute leur volonté pour se libérer. Jour après jour, ils essaient, mais finissent par abandonner. Lorsque les éléphanteaux deviennent adultes, ils n'ont plus besoin de chaînes pour être attachés ; une simple corde fine suffit.
Si cela vous semble être une chose cruelle à faire à un éléphant, vous avez raison. Mais c'est aussi efficace. Des éléphants adultes, massifs et puissants, peuvent être maintenus en place avec une corde fine, simplement parce qu'ils ont été conditionnés depuis leur naissance à croire qu'ils ne peuvent pas se libérer de leur longe.
Mais comme beaucoup de choses qui sont évidentes pour ceux qui travaillent dans la nature, cette idée a dû être "redécouverte" en laboratoire par des étudiants diplômés en psychologie. Dans ce cas, Martin Seligman, psychologue à l'université de Pennsylvanie, a mené une série d'expériences à la fin des années 1960 qui ont essentiellement reproduit ce phénomène de l'éléphant et de la corde.
Intitulé "Learned Helplessness" (l'impuissance acquise), son article de 1972 décrivant cette recherche montrait comment Seligman et son équipe avaient soumis deux groupes de chiens à des chocs électriques douloureux.
Le premier groupe de chiens a été placé dans une "boîte navette" où ils pouvaient échapper aux chocs électriques en sautant par-dessus une petite barrière. Ces chiens ont vite appris que le franchissement de la barrière les protégeait des chocs et (comme on peut s'y attendre) franchissaient la barrière de plus en plus rapidement à chaque fois que l'expérience était réalisée, jusqu'à ce qu'ils puissent échapper complètement aux chocs.
Le deuxième groupe de chiens a été placé dans ce que Seligman a décrit comme un "hamac pavlovien", duquel ils ne pouvaient pas échapper aux chocs, même s'ils se débattaient. Ce groupe de chiens a réagi de manière complètement différente du groupe témoin lorsqu'il a été placé dans la boîte à navettes. Les deux tiers de ce groupe n'ont même pas essayé d'échapper aux chocs et n'ont donc jamais découvert qu'ils pouvaient les éviter complètement en traversant la barrière. Ils se sont simplement couchés, en gémissant, jusqu'à ce que les chocs cessent.
La leçon de cette expérience est apparemment simple : "Selon notre hypothèse, le chien n'essaie pas de s'échapper parce qu'il s'attend à ce qu'aucune réponse instrumentale ne produise la fin du choc." En d'autres termes, si vous voulez induire une impuissance totale chez un chien, conditionnez-le à croire que rien de ce qu'il fait ne fera entraînera de différence.
Mais, comme je l'ai noté dans ma vidéo sur Mouse Utopia and the Blackest Pill ("l'utopie des souris et la pilule la plus noire"), les expériences sur les animaux ne concernent jamais vraiment les animaux. Elles concernent les humains. Dans ce cas également, le but n'était pas d'apprendre à provoquer l'impuissance chez les chiens, mais d'apprendre comment cet état d'impuissance (alias dépression) est provoqué chez les humains.
À votre avis, combien de temps a-t-il fallu à la CIA pour commencer à utiliser les recherches de Seligman contre ses ennemis ? Si votre réponse est "trois décennies", vous avez gagné un prix !
Oui, au moment de la guerre (de) la terreur, les criminels en action utilisaient les expériences de Seligman comme guide pratique dans leur programme de torture illégal.
LA CIA ARRIVE
Selon un vieux conte populaire, il est possible de conjurer l'apparition de Mary Bloodsworth (alias "Bloody Mary") en scandant son nom devant un miroir dans une pièce éclairée à la bougie. Mais si vous voulez invoquer un vrai démon, c'est beaucoup plus simple que cela. Tout ce que vous avez à faire est de documenter un phénomène psychologique qui peut être utilisé comme une arme contre la population et, en un rien de temps, vous aurez la CIA à votre porte, un bloc-notes à la main. Demandez à Martin Seligman.
Ayant depuis longtemps abandonné la torture des animaux au profit de la compréhension de la dépression humaine, Seligman est devenu en 2001 le pionnier d'une nouvelle branche de la psychologie cognitive, la psychologie positive, qui vise à aider les gens à surmonter leur impuissance acquise (nous y reviendrons). Dans le cadre de ces travaux, Seligman a donné une conférence à la base navale de San Diego en mai 2002 sur la manière dont ses recherches pourraient aider le personnel étatsunien - selon ses propres termes - "à résister à la torture et à éviter un interrogatoire réussi par leurs ravisseurs".
Parmi la centaine de personnes présentes à cette conférence, il y avait un fan particulièrement enthousiaste du travail de Seligman : Le Dr Jim Mitchell, retraité de l'armée et psychologue qui avait passé un contrat pour fournir des services de formation à la CIA. Bien que Seligman n'en ait aucune idée à l'époque, Mitchell était - comme nous le savons maintenant - l'un des principaux architectes du programme illégal de torture de la CIA.
Naturellement, l'intérêt de Mitchell pour l'exposé de Seligman ne portait pas sur la manière dont il pouvait être appliqué pour aider le personnel étatsunien à surmonter l'impuissance acquise et à résister à la torture, mais plutôt sur la manière dont il pouvait être utilisé pour induire l'impuissance acquise chez une cible de la CIA et renforcer la torture. Comme l'a décrit le New York Times dans un rapport sur le sujet en 2009 :
Selon ses collègues, le Dr Mitchell pensait que le fait de provoquer une impuissance apprise chez un sujet d'Al-Qaïda interrogé pouvait garantir qu'il se plierait aux exigences de son ravisseur. De nombreux interrogateurs expérimentés n'étaient pas d'accord, affirmant qu'un prisonnier ainsi démoralisé dirait tout ce qu'il pensait que l'interrogateur attendait.
Comme on pouvait s'y attendre, Mitchell a obtenu gain de cause et, comme on pouvait s'y attendre également, les personnes soumises à ces techniques ont commencé à dire tout ce que leurs interrogateurs attendaient, exactement comme prévu. Mitchell et son collègue, le Dr Bruce Jessen, ont aidé à diriger l'"interrogatoire" de 2002 d'Abu Zubaydah - qui a été waterboardé 83 fois en suel mois [NdT : Les techniques de torture par l'eau sont des techniques de torture qui sont en général centrées sur l'idée de faire suffoquer la victime. Il s'agit de la « cure par l'eau », de la « baignoire » et du « simulacre de noyade »]- et du supposé "cerveau" du 11 septembre, Khalid Sheikh Mohammed (KSM), qui a "avoué" le complot du 11 septembre après avoir été waterboardé 183 fois et privé de sommeil pendant plus de six jours. Mitchell a même personnellement menacé d'égorger le fils de KSM au cours d'un interrogatoire.
Ces techniques étaient si efficaces que, non seulement elles ont produit le témoignage qui a constitué l'épine dorsale du rapport de la Commission sur le 11 septembre (et donc, à ce jour, l'épine dorsale de l'histoire officielle du 11 septembre), mais elles ont également amené KSM à avouer avoir ciblé une banque qui n'a été fondée qu'après son arrestation ! Vous parlez de résultats !
D'une certaine manière, les expériences de la CIA visant à induire l'impuissance apprise ont prouvé que Seligman avait découvert des informations valables sur un véritable phénomène psychologique. Il est certainement possible de créer les conditions pour briser la volonté d'une personne et lui faire avouer tout ce que ses tortionnaires veulent. Mais ce n'est absolument pas le but de la recherche sur l'impuissance apprise et il est important de noter que Seligman, pour sa part, n'a jamais su que sa recherche était utilisée par la CIA avant que le rapport du Sénat sur le programme de torture ne soit rendu public et qu'il a complètement dénoncé la perversion de sa recherche lorsqu'elle a été exposée.
BRISER LE CONDITIONNEMENT
De quelques expériences en laboratoire dans les années 1960 à un programme de torture illégal de la CIA quatre décennies plus tard, l'histoire de la recherche sur l'impuissance apprise est assez incroyable. Mais (heureusement pour nous) l'histoire ne s'arrête pas là.
Dans une version de l'expérience de Seligman, un groupe de chiens a reçu des leviers à pousser qui pouvaient empêcher les chocs de se produire, tandis qu'un autre groupe a reçu des leviers à pousser qui ne faisaient rien du tout. Comme on pouvait s'y attendre, lorsque les leviers ont été retirés, les chiens dont les leviers avaient fonctionné lors du premier tour de l'expérience ont tenté d'échapper aux chocs et ont finalement découvert qu'ils pouvaient sauter par-dessus la barrière pour s'en libérer ; les chiens dont les leviers n'avaient pas fonctionné se sont presque uniformément recroquevillés et ont accepté les chocs sans même tenter de s'échapper.
Les ingénieurs sociaux en herbe le savent déjà. C'est précisément la raison pour laquelle on nous demande de nous focaliser sur l'interminable cirque des (s)élections. Comme je l'ai souligné à maintes reprises, non seulement le concept d'"élire" des "représentants" pour imposer leur volonté à l'ensemble de la population d'un lieu géographique arbitraire est fondamentalement immoral, mais c'est aussi un moyen sûr d'induire une impuissance apprise dans la population.
Comme vous le savez maintenant, le jeu d'échecs politique en 2D qui est utilisé pour distraire le public ne change absolument rien au véritable agenda politique qui est fixé par les maîtres d'échecs en 3D. Et tout comme chaque enfant finit par découvrir que le volant de son jouet ne contrôle pas réellement la voiture, de même, même les étatistes les plus dévoués finissent par se rendre compte que leur bulletin de vote dans l'urne tous les quatre ans ne fait rien pour empêcher l'agenda mondialiste de se dérouler comme un cauchemar imparable.
Cette prise de conscience est démoralisante. C'est là tout le problème. Le message du système politique avec lequel nous avons grandi toute notre vie est : "Mettez les fainéants dehors tous les quatre ans si vous voulez. Cela n'a pas d'importance ! Cela ne change rien ! Vous n'avez aucun effet sur le système."
Malheureusement, trop souvent, les victimes de ce conditionnement se contentent d'intérioriser ce message et en restent là. Ce sont les personnes qui passent leur temps dans les forums en ligne et les sections de commentaires à prêcher que rien ne changera jamais, en abattant toute idée ou alternative proposée. Bien que l'examen critique des idées soit toujours important, les victimes de l'impuissance apprise ne réalisent pas qu'elles ont été enfermées dans une prison mentale par leurs anciens maîtres. Comme le prisonnier dans notre hypothétique cellule de prison non verrouillée, elles ont non seulement abandonné tout espoir de s'échapper, mais elles ont même renoncé à chercher une issue de secours.
Mais que se passerait-il si nous examinions les résultats de cette expérience de l'autre côté ? Et si, au lieu des contrôleurs potentiels de l'humanité, nous examinions ces résultats pour ce qu'ils peuvent nous apprendre sur la manière de responsabiliser le public et de dissiper l'impuissance acquise qui l'empêche de chercher de véritables solutions ?
C'est la question vers laquelle Seligman s'est tourné après la publication de ses résultats expérimentaux. Voyez-vous, il n'expérimentait pas sur les chiens parce qu'il était sadique. Il n'était pas non plus simplement intéressé par l'étude de l'impuissance acquise, que ce soit chez les chiens ou chez les humains.
Après avoir documenté le phénomène, il s'est rapidement intéressé à ce que l'on pouvait faire avec ces connaissances. Comme le documente Maria Konnikova dans son article sur la recherche paru dans le New Yorker en 2015 :
Mais Seligman ne s'est pas arrêté là dans ses recherches. Il avait dit à son superviseur qu'il ne croyait pas qu'il fallait causer de la souffrance à moins qu'elle n'ait une valeur inhérente qui permettrait d'améliorer les vies, tant canines qu'humaines. Lui et Maier [son collègue dans les expériences originales] ont donc cherché un moyen d'inverser l'effet de l'impuissance apprise chez les chiens. Ils ont découvert qu'une simple modification pouvait empêcher la passivité de se développer.
Lorsque les chercheurs ont d'abord placé tous les chiens dans la boîte navette, où le choc pouvait être contrôlé par un saut, et, ensuite seulement, dans le harnais inéluctable, l'effet du harnais a été brisé : désormais, même si les chiens étaient bombardés de chocs, ils n'abandonnaient pas. Ils ont continué à essayer de contrôler la situation, en appuyant sur les panneaux malgré l'absence de réaction. Et lorsqu'on les a de nouveau placés dans la boîte, ils ne se sont pas recroquevillés. Au contraire, ils ont immédiatement récupéré leur capacité à éviter les chocs.
L'un des principaux enseignements que l'on peut tirer de cette recherche est que, tout comme les gens peuvent être conditionnés à un état d'impuissance en étant soumis à des chocs incontrôlables, ils peuvent être "vaccinés" (pour utiliser une expression) contre ce sentiment d'impuissance en étant d'abord exposés à une situation où ils ont le contrôle.
Cela fait partie de la philosophie de base de ma série #SolutionsWatch. Il y a, certes, des choses qui échappent totalement à notre contrôle. Mais, parce qu'elles sont hors de contrôle, il n'y a absolument aucun intérêt à se concentrer sur elles.
Notre priorité doit être les choses qui sont sous notre contrôle. Où et comment nous vivons ; ce à quoi nous consacrons notre temps, notre argent et notre énergie ; avec qui nous passons notre temps ; comment nous fournissons le nécessaire à notre famille ; le type de communauté dans laquelle nous vivons : toutes ces choses sont, dans une certaine mesure, des choses sur lesquelles nous pouvons avoir une influence directe, et en exerçant cette influence (aussi minime soit-elle), nous nous entraînons à penser que notre situation n'est pas désespérée.
Le domaine de la psychologie positive vaut la peine d'être exploré. Ce faisant, nous pouvons acquérir des connaissances importantes sur nos propres processus cognitifs et devenir plus conscients des styles explicatifs que nous utilisons pour donner un sens au monde. Ce faisant, nous pouvons aussi mieux contrôler ces processus et désapprendre une vie entière d'impuissance acquise qui a poussé beaucoup de gens à abandonner tout espoir.
À tout le moins, cela peut nous aider à réaliser que la porte de notre cellule de prison mentale est déverrouillée. Tout ce que nous avons à faire est de sortir par la porte.
Publié à l'origine dans le cadre de la lettre d'information du Corbett Report.
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Version traduite provenant d'Off-Guardian.
Traduction SLT
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