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L’Organisation internationale de la francophonie (OIF) est une institution dont les membres (des États ou gouvernements participants) partagent ou ont en commun la langue française et certaines valeurs. Elle regroupe 77 pays ou gouvernements (57 membres de plein exercice et 20 observateurs), principalement issus d'anciens protectorats ou colonies françaises, soit plus de 890 millions d’habitants répartis sur les cinq continents. Le français d'Afrique est le nom générique des variétés de français parlées par environ 115 millions d'Africains dans 31 pays d'Afrique francophone. Son essor et son rayonnement est en grande partie liée à l'importance de la colonisation française en Afrique qui lui permet d'avoir une basse cour acquise à sa cause sur le plan international et aussi économique. Bien qu'elle prône ailleurs les valeurs dites francophones notamment, la diversité culturelle, la paix, la gouvernance démocratique, la consolidation de l'Etat de droit, la protection de l'environnement, en Afrique elle est devenue un repère pour les pires dictateurs de la planète. L’OIF prétend contribuer à la prévention des conflits au sein de l’espace francophone, favoriser la consolidation de l’état de droit et de la démocratie, et agir pour la promotion et l’effectivité des droist de l'homme dans l’espace francophone. Il semble que cela soit l'envers de ces lignes directrices qui prévalent au sein de l'OIF en Afrique. Un récent article de Kouamé évoquait le fait qu'en 20 ans, 70 % des coups d'Etat en Afrique l'était dans un pays francophone (La malédiction de la francophonie en Afrique : en 20 ans sur 37 coups d'Etat, près de 70% ont eu lieu dans les pays francophones). Une tradition francophone ?
Son Secrétaire général, Abdou Diouf, ancien président du Sénégal, a été mis en cause concernant des crimes contre l'humanité commis par les troupes militaires sénégalaises sous sa responsabilité dans la région de Casamance selon un rapport d'Amnesty international [1]. Un collectif de la région de Casamance a porté l'affaire devant la juridiction de la Cour Pénale Internationale en l'accusant de crimes contre l'humanité et de "génocide" devant les exactions massives commises par l'armée et couvertes par Abdiou Diouf durant son règne au Sénégal.
" Crime contre l’humanité et génocide en Casamance. Ce sont les principaux chefs d’accusation que le Mouvement des forces démocratiques de la Casamance fait planer sur la tête de l’ancien président de la République du Sénégal. Des faits pour lesquels Abdou Diouf devrait répondre devant la Cour pénale internationale. C’est, du reste, ce que révèle un communiqué du responsable du Cercle des universitaires et intellectuels du Mfdc. Si l’on en croit Ameth Apakéna Diémé, la procédure a déjà été déclenchée au niveau de cette juridiction internationale. Le conseiller politique du secrétaire général du Mfdc, Mamadou Nkrumah Sané, reproche au patron de la Francophonie d’avoir favorisé la création d’un ‘escadron de la mort’ parmi les soldats de l’Etat. Et cela, souligne-t-il, ‘contrairement à Abdoulaye Wade qui a su imposer au sein de l’armée sénégalaise la diminution des exactions physiques et arbitraires contre les civils casamançais’."[2]
Cela n'a pas empêché le président de la République française, Nicolas Sarkozy, de le soutenir de manière exclusive à tout autre candidat en 2010. Il a été réélu à l'unanimité en 2010. Il fut le seul candidat en lice. A l'occasion de sa réélection, le président français Nicolas Sarkozy lui a réaffirmé son soutien et a salué "son autorité sur la scène mondiale". Visiblement les accusations de crimes contre l'humanité n'embarrassent pas l'OIF bien au contraire, pas plus que les dirigeants français au plus haut niveau. Et pour cause...
Près de 50% des pays d'Afrique francophone sont des dictatures (ou démocratures : dictatures déguisées en démocratie derrière des élections truquées) dont bon nombre des dictateurs ou potentats ont été installés ou soutenus par Paris.
Citons parmi ces pays :
- Algérie : la junte militaire est au pouvoir après avoir annulé les élections démocratiques remportés par le Font Islamique du Salut. L'instrumentalisation du FIS a permis à cette junte de se maintenir au pouvoir avec le soutien de la communauté internationale.
- Burkina Faso. Le dictateur Blaise Compaoré y règne depuis 1987 après avoir fait assassiner son prédécesseur Thomas Sankara avec le soutien des Etats-Unis et de la France.[3-6]
- Cameroun. Le dictateur Paul Biya y règne depuis 1982. Il a suivi Ahidjo lui-même installé par l'armée et l'Etat français après que la République française ait organisé la répression sanglante des indépendantistes dans les années soixante et soixante-dix.
"La France choisit le futur président Ahidjo, non sans avoir tout fait pour écraser le principal parti d'indépendance, l'UPC (Union des populations du Cameroun)... La répression contre l'UPC est d'une extrême violence : tortures, assassinats, exposition des têtes coupées des victimes, bombardements...Epaulées par l'armée française, les forces camerounaises appliquent ses méthodes. Dix années de terreur et des centaines de milliers de morts seront nécessaires pour venir à bout de l'opposition. Aujourd'hui, Paul Biya, héritier du régime Ahidjo, conservce le soutien de la France".(Le Monde[7])
- Centrafrique. Le précédent dictateur Bozizé mis en place avec l'aide française a été chassé par la rébellion du Séléka qui a installé au pouvoir le nouveau dictateur, Djotodia, adoubé et soutenu par l'Elysée après avoir lâché le précédent dictateur. Le président François Hollande a donné l'ordre à l'armée française de laisser faire la rébellion [8].
"La prise de contrôle de Bangui par les rebelles de la Séléka, avec le soutien de la France et des Etats-Unis, représente la toute dernière étape d’une recolonisation qui est en cours en Afrique de la part des puissances impérialistes qui sont arrivées sur le devant de la scène grâce à la guerre en Libye. Ceci témoigne du caractère réactionnaire de la politique fondée sur l’ethnie de certaines factions bourgeoises et petites bourgeoises en Afrique et qui sont en permanence manipulées par les puissances impérialistes dans un contexte d’appauvrissement des travailleurs et des masses rurales."[9]
- République du Congo-Brazzaville : Le dictateur Sassou Nguesso a été réinstallé au pouvoir en 1997 par l'Elysée, Elf et l'Etat-major au prix d'une terrible guerre civile qui a fait 100.000 morts passés sous silence par les médias français [10-13]. Selon les déclarations du PDF d'Elf , Loïc Le Floch Pringent, Elf finançait toutes les partis en guerre en réservant la majorité de son aide logistique et financière au clan de Sassou Nguesso qui avait promis de brader le pétrole de son pays au prix le plus bas.
- Djibouti. Le dictateur Omar Guelleh est en place depuis 1999 et livre son territoire aux troupes françaises et US qui apportent la stabilité de son règne totalitaire.
- Egypte : une dictature dirigée pendant 30 ans par Moubarak avec le soutien de la France et des Etats-Unis. Suite à l'élection démocratique des frères musulmans, après son renversement par la société civile en 2011, l'armée est revenue au pouvoir deux ans plus tard par un coup d'Etat soutenu par les USA et Isaël. Le général Al-Sissi est le nouvel homme fort du pouvoir [14-16].
- Gabon. Une dictature de père en fils. Du père Omar Bongo placé à la tête de l'Etat par De Gaulle et Foccart et remplacé à sa mort par Ali Bongo après des élections truquées avalisées par Paris.[17]. Michel de Bonnecorse, le monsieur Afrique de Chirac à la "cellule africaine" de l'Elysée, déclare dans le reportage de Benquet "Françafrique ou la raison d'Etat" que les élections présidentielles du 30 aout 2009 qui ont porté Ali Bongo au pouvoir ont été truquées. Pis, il déclare que les résultats ont été inversés avec la bénédiction de Paris avec 42% pour le principal opposant et 37% pour Ali Bongo. Ceci est confirmé dans le reportage par l'ancien chef des services secrets français. Il déclare que l'AFP est aussi au courant "On a les vrais chiffres et on n'est pas les seulsmême l'Agence France Presse locale les a. Personne ne les dit. Cela me révolte"[18].
- Madagascar.Le président actuel est arrivé au pouvoir en 2009 à la suite d'un putsch soutenu par Paris pour favoriser l'éviction de l'ancien président élu démocratiquement Marc Ravalomanana [19].
- Maroc. Une monachie françafricaine contrôlée par la France dans son ex-colonie. Un roi dévoué aux intérêts français. Le principal opposant démocratique Ben Barka a été assassiné le 29 octobre 1965 après avoir été enlevé boulevard Saint-Germain à Paris (devant la brasserie Lipp), puis secrètement assassiné avec le soutien des services Français.
- Tchad : une dictature qui voit le règne d'Idris Déby porté au pouvoir par les services français et soutenus depuis lors par l'Etat français. Idriss Déby a été sauvé in extremis d'une rébellion en 2008 grâce à l'intervention de l'armée française sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Il en a profté pour liquider l'opposition démocratique de son pays dont le principal opposant Ibni Oumar Mahamat Saleh [20].
- Togo : comme au Gabon, le dictateur, un ancien tirailleur togolais au service de l'armée française, Eyadéma a été mis en place par De gaulle et Foccart après avoir fait assassiner avec l'aide de l'ancienne puissance coloniale le président Sylvanius Olympio élu démocratiquement.Son fils Faure a été mis au pouvoir à la suite d'élections truquées et d'une répression sanglante des manifestations de la société civile. Il se maintient en usant des mêmes procédés françafricains que son père avec le plein soutien de la République française.
Rappelons aussi la situation coloniale de deux autres pays :
- Côte d'Ivoire. Suite à des élections contestées et truquées dans le nord du pays (comme cela se fait à l'UMP) en 2010, Alassane Ouattarra a été placé à la tête de l'Etat ivoirien par l'armée française au terme d'une terrible guerre soutenue par Paris qui a aboutit au renversement du président Laurent Gbagbo [21-22].
- Mali. Le pays est actuellement occupé par l'armée française. La France y a organisé des élections démocratiques. Le pouvoir en place, l'armée nationale dépendent complètement des décisions et des orientations prises par l'Etat français.
1. Amnesty International Sénégal. Mettre fin à l'impunité : une occasion unique à ne pas manquer.
2. Walfadjri Accusé de génocide en Casamance : Plainte contre Abdou Diouf devant la Cpi
3. L'Humanité 14 juin 2013 Lettre ouverte aux parlementaires français concernant l'assassinat de Thomas Sankara
4.Thomas Sankara webinfo Assassinat de Thomas Sankara : des témoignages d’un documentaire de la RAI 3 mettent en cause, la France, la CIA et Blaise Compaoré
5. Afriscoop aout 2009 La CIA et la France indexées dans l’assassinat du « Père de la révolution burkinabé »
6. JAI 10 aout 2009 Assassinat de Sankara : un documentaire évoque la CIA
7. Le Monde du 23 juin 2008 Comment le Cameroun est passé de la colonisation à la dictature
8. WSWS 3 avril 2013 Les dirigeants pro-français du coup d’Etat en Centrafrique jettent au rebut les accords pétroliers avec la Chine.
9. MR Pourquoi l’impérialisme français a lâché Bozizé, son dictateur du Centrafrique, son homme de paille ?
10. Fédération des Congolais de la Diaspora Sassou Nguesso ou l'irrésistible ascension d'un pion de la Françafrique
11. Survie 7 février 2012 Denis Sassou Nguesso à Paris : les dictateurs sont toujours les bienvenus à l’Élysée
12. Slate Afrique 8 février 2012 Congo-Brazza, bastion de la Françafrique
13. Parti De Gauche avril 2013 Le tyran Sassou Nguesso reçu par le chef de la Françafrique normale
14. Global Research The Pentagon was behind Egypt’s Military Coup
15. WSWS Violent clashes spread in Egypt as US backs army coup
16. Monde du7 juillet 2013 Egypte : un coup d'Etat planifié par les militaires ?
17 WSWS Le président gabonais Omar Bongo (1935-2009)
18. Reportage de Patrick Benquet (Vidéo) Françafrique ou la raison d'Etat
19. Blog SLT Madagascar: la France a évincé l'ex-président Ravalomanana en 2009 (Ratsiraka)
20. Africatime Le dictateur Déby soutenu par Hollande réprime au Tchad
21. RAI 3 (vidéo) La télévision italienne dénonce les crimes de la France en Côte d'Ivoire
22. Le Nouveau Courrier Avec la complicité de la France, Ouattara et Compaoré impliqués dans un trafic d'armes illégal