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Nucléaire iranien: Les Etats-Unis et la France jouent "au bon et au mauvais flic" à Genève

par Sam La Touch 10 Novembre 2013, 14:06 Iran Genève Négociations USA France Kerry Fabius Nucléaire Articles de Sam La Touch

Nucléaire iranien: Les Etats-Unis et la France jouent "au bon et au mauvais flic" à Genève

Au moment où les négociations sur le nucléaire iranien ont été bloquées par la France, Russia Today au travers de l'interview du journaliste et analyste politique Robert Haneis, revient sur le balai qu'ont exécutés les représentations diplomatiques états-uniennes et françaises à Genève.

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Les Etats-Unis et la France jouent au « bon flic - mauvais flic » dans les pourparlers avec l'Iran sur son programme nucléaire, de sorte que la position de Washington sonnerait plus raisonnable, selon Robert Harneis, journaliste et analyste politique.

Six grandes puissances du monde et l'Iran sont en négociation à Genève sur le programme nucléaire très controversé de Téhéran.

Russia Today (RT) : La France semble être parmi les six grandes puissances présentes à Genève la plus sceptique sur l'issue des pourparlers. Qu'est-ce qui se cache derrière son scepticisme ?
Robert Harneis : Il est toujours un peu difficile de comprendre la position des Français ici . Ils semblent adopter constamment une position extrême. Il y a un certain nombre de raisons à cela. La première est qu'ils jouent au "bon flic - mauvais flic" avec les Etats-Unis. Obama est soudainement beaucoup plus raisonnable dans son attitude avec les Iraniens, et les Français sont là sur le côté et déclarent "Oh, vous ne devez pas accepter trop facilement , Israël doit être protégé", et ainsi de suite. Dans un sens, c'est, si vous voulez, jouer le jeu des Etats-Unis afin qu'elles puissent sembler plus raisonnables, tandis que les Français semblent plus déraisonnables.

Il y a un autre facteur, qui est l'énorme pression du lobby israélien aux USA. C'est assez méconnu mais il est assez considérable et de même en France.

RT : Le ministre français des Affaires étrangères a déclaré que la position d'Israël doit être prise en considération. Pourquoi une telle préoccupation pour Israël quand même Washington considère la condamnation de l'accord par Netanyahou comme "prématuré" ?
RH : Oui, c'est intéressant, n'est-ce pas, que M. Netanyahu ait déclaré que l'accord avait été conclu. Tout le monde dit qu'il ne l'a pas été. En tout les cas, je pense que la position des Français, consiste à dire des choses que les Etats-uniens ne veulent pas dire pour le moment. Je pense que c'est la base de leur stratagème, parce que franchement cette posture prise par le président français et le ministre français des Affaires étrangères donne à la France un air assez ridicule sur le front intérieur. Il y a beaucoup de critiques en France à l'égard de Laurent Fabius et de ses déclarations très agressives.

RT : Nous sommes habitués à ce que les États-Unis soient l'un des plus rudes adversaires de Téhéran. Pensez-vous que la position de Washington est véritablement en train de changer ?
RH : Eh bien, on voudrait l'espérer - disons - qu'il pourrait s'agir d'une véritable révolution diplomatique. Les Etats-Uniens depuis 1979, quand le drame de l'ambassade a eu lieu en Iran, ont eu le sentiment d'être légèrement ridiculisé, et ont encore cette obsession vengeresse lorsqu'ils doivent traiter avec la menace nucléaire iranienne.

Pour autant que l'on puisse dire et aussi loin que les services de sécurité états-uniens le disent eux-mêmes, il n'y a pas de menace nucléaire iranienne. Les Israéliens, d'autre part , ont 300 armes nucléaires. Donc, la situation est un peu absurde comme elle l'est souvent avec les politiques étrangères occidentales.

Et il y a des signes qu'Obama tente de mettre la politique étrangère états-unienne sur une voie différente. Pourquoi ne pas avoir des relations différentes avec l'Iran - c'est ce qui est demandé aux Etats-Unis, après tout ?

Pendant des années, avec la menace que faisait peser l'Union soviétique, les USA n'avaient aucune difficulté à négocier avec [ Mikhail ] Gorbatchev et des hommes beaucoup plus difficiles que lui. Alors, pourquoi ne pouvons-nous négocier avec les Iraniens ? Pourquoi devons-nous prendre cette position ridicule selon laquelle l'Iran ne pourrait pas avoir ce que la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis ont - c'est à dire la protection nucléaire. De plus, les Iraniens disent qu'ils ne la veulent pas de toute façon.

C'est donc une question difficile à régler. Mais il se pourrait qu'il y ait une véritable révolution en cours et que les Etats-Unis pourraient changer leur attitude car ils ont vraiment besoin de faire des affaires avec l'Iran.

RT: Enfin, quels est votre vision de l'avenir ? Est-ce que les parties concernées parviendront à surmonter leurs désaccords et trouver un accord dans un avenir proche ?

RH: Eh bien, si je dois me risquer à me prononcer, je dirais qu'il y aura un accord. Parce qu'ils sont, après tout, à la recherche d'un contrat de six mois, selon ce qu'ils avancent. Un accord en sursis, pour ainsi dire. Avec les problèmes de gazoducs en provenance d'Iran vers l'Europe, dont l'Europe a tant besoin pour son gazoduc Nabucco - l'Europe n'a en effet pas de gaz sans les Iraniens - Je pense qu'il y a une très forte probabilité qu'ils parviennent à un accord. Et ils aimeraient pouvoir retourner en Iran pour mettre en place et signer tous ces contrats pour la reconstruction de l'Iran. Donc, j'espère que c'est une vraie révolution .


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Article issu de Russia Today et traduit par Sam La Touch.

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