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Centrafrique: derrière l'humanitaire, préparer le futur Journal de Bangui Par Fabrice Aubert
L'intervention française, débattue au Parlement, a aussi pour objectif de défendre globalement la place et l'influence de la France en Afrique. Et donc ses intérêts économiques.
Pourquoi la France intervient-elle en Centrafrique ?
Cinq jours après le feu vert de l'intervention de l'Onu, le gouvernement informera, comme le prévoit la Constitution, le Parlement mardi 10 décembre lors d'un débat qui n’était suivi d'aucun vote. L'opposition étant favorable à l'opération Sangaris, il n’y a pas eu de polémique. Il est vrai que l'objectif premier, demandé par les autorités centrafricaines elles-mêmes et validé par l'Onu, est louable : il s'agit de rétablir la sécurité dans un pays tombé dans l'anarchie. Sur ce point, ce serait même plutôt contraint et forcé que François Hollande a endossé l'uniforme du "gendarme français". "Comme souvent, la France, qui est la seule puissance occidentale à disposer de bases militaires sur le continent, se substitue et pallie la faiblesse des armées du pays en question et celles des armées régionales africaines censées justement intervenir. Mais qui sont dans les faits incapables de stabiliser une situation", rappelait la semaine dernière Antoine Glaser, spécialiste des questions africaines.
Ressources limitées
Et contrairement à d'autres fois par le passé, il est difficile d'affirmer que cet objectif "officiel" sert à masquer une raison moins avouable, en l'occurrence celle de la défense directe des intérêts français. A la différence, par exemple, du Niger, où les mines d'uranium sont exploitées par Areva, les ressources naturelles de la Centrafrique sont plutôt limitées, même au niveau des diamants. Résultat: peu d'entreprises françaises sont présentes dans le pays. Selon les derniers chiffres, à peine 200 expatriés étaient ainsi référencés fin novembre -beaucoup d'autres sont il est vrai partis depuis le coup d'Etat de mars dernier, à l'origine du chaos actuel.
En revanche, et personne ne s'en cache, il est clair qu'il s'agit aussi d'une manière de se montrer et d'assurer une présence, non pas en Centrafrique, mais en Afrique en général. Le but est simple: profiter de la croissance du continent, qui progresse beaucoup plus vite qu'en Europe. Et donc défendre indirectement les intérêts français dans les années à venir. "Si on veut être présent en Afrique, qui est le continent du futur, y compris pour nous, il faut bien sûr, quand c'est difficile, que l'on soit aussi présent", a d'ailleurs admis sans sourciller Laurent Fabius sur France-Inter lorsqu'on lui demandait quels étaient les "intérêts défendus" lors de cette opération.
La Chine en marche
Or, ces dernières années, la France a reculé et perdu des "parts des marchés" face à l'arrivée, entre autres, de la Chine, et un degré moindre, de l'Inde, dans son ancien "pré-carré". Mercredi dernier, Nicole Bricq, la ministre du Commerce extérieur, estimait que cette "part de marché avait été divisée par deux en 20 ans dans les pays d'Afrique francophone". "Sur ce point, il est symptomatique que la conférence franco-africaine de l'Elysée, programmée sur les questions de paix et de sécurité, se soit doublée d'un forum économique organisé par le Medef et Bercy souligne Antoine Glaser. "En fait, quand la France est contrainte de jouer au gendarme, on découvre que les pays émergents ont, eux, déjà posé leurs pions dans ce qui est considéré comme un nouvel eldorado", déplore-t-il.
La relance économique en Centrafrique c’est maintenant !