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Centrafrique. Cinq questions autour de Sangaris

par Sam La Touch 14 Décembre 2013, 23:12 Articles de Sam La Touch Centrafrique France François Hollande Armée française Sangaris

Centrafrique. Cinq questions autour de Sangaris

Le déploiement des forces françaises en Centrafrique s'accompagne d'une polémique au sein même du gouvernement et de l'Etat-major.

La première question qui revient sur toutes les lèvres est de savoir si le renforcement des troupes françaises a diminué les massacres entre les communautés chrétiennes et musulmanes ou si au contraire cela a contribué à les renforcer. Il a été évoqué des représailles des communautés chrétiennes sur les musulmans depuis une semaine et des massacres en retour des troupes de la Séléka sur des civils.

La deuxième question porte sur la distorsion des évènements tels que vécus à l'Elysée et à l'Etat-major.
Le 12 décembre, François Hollande tout en appelant à la prudence constatait que la situation s'apaisait en RCA (Le Monde 12.12.13 Centrafrique : "La situation est progressivement sécurisée", selon Hollande) tandis que le lendemain le ministre de la Défense, Le Drian, déclarait que "la spirale de l'affrontement s'est aggravée". Il faut dire qu'en l'espace d'une journée ont été rapportés des massacres visant la communauté musulmane. En l'espace d'une soirée du jeudi au vendredi : dix personnes de confession musulmanes ont été tuées à Bangui (Centrafrique : nouvelle journée de violences jeudi à Bangui, 10 civils musulmans tués par lynchage) tandis que 27 autres musulmans ont été assassinés par une milice dans un village centrafricain (L'attaque d'une milice en République centrafricaine tue 27 personnes ). L'ONU estime le nombre de personnes tuées rien qu'à Bangui, toutes communautés confondues (chrétiens et musulmans), à 600 depuis une semaine tandis que l'armée française et la Croix-Rouge l'estime à des milliers dans tout le pays selon Le Canard Enchaîné (Carnage en Centrafrique. Des "milliers" de morts...).

La troisième question concerne le financement de la mission française en RCA. Selon Le Canard Enchaîné (11.12.13), contrairement à ce qui a été évoqué par l'Elysée, l'essentiel de l'intervention militaire sera financée par l'Etat français.
"Le 7 décembre, lors de son entretien télévisé, François Hollande a cru bon d'affirmer que l'intervention en Centrafrique ne devrait "rien coûter à la France". Faux, il aurait dû s'informer avant de jouer les chefs de guerre économes. Son ministre de la Défense était sans doute prêt à lui donner des leçons de comptabilité internationale. Et un général le confirme "La dimension opérationnelle en Centrafrique reste de la seule responsabilité humaine et financière de la France".

La quatrième question a trait aux effectifs déployés en Centrafrique : le nombre de 1600 serait selon l'Etat-major largement insuffisant pour remplir la mission qui est impartie à l'armée française sur un territoire grand comme une fois et demie la France. L'Etat-major français envisage qu'il en faudra au moins le double d'effectifs de soldats français sur le terrain et cela d'autant plus que les troupes africaines sur le terrain sont sous-équipées et non formés à ce type d'opération. Soit une recolonisation programmée de l'espace centrafricain par l'armée française tout en sachant que des bases militaires mobiles ont déjà été déployées au Cameroun qui n'avait jusqu'alors pas encore de véritables bases militaires.

La cinquième question porte sur la durée de l'intervention. Le "chef de guerre" François Hollande affirme que les forces armées françaises seront reparties avant 6 mois alors qu'il prévoit d'organiser en RCA des élections en 2015. De l'avis de l'Etat-major, les troupes françaises sont là pour rester longtemps.

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