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Françafrique un jour, Françafrique toujours... (L'Autre Afrique)

par L'Autre Afrique 21 Décembre 2013, 07:17 France Françafrique François Hollande Côte d'Ivoire Centrafrique Mali Libye Uranium

Françafrique un jour, Françafrique toujours... (L'Autre Afrique)

Côte d’Ivoire, Libye, Mali, Centrafrique…histoire sans fin.

Toujours ensablé au Mali, aux prises avec un gouvernement ultra-fragile, au regain d’activités des guérillas terroristes à Gao, à Tombouctou et aux velléités réaffirmées des touaregs pour l’indépendance… voilà que le président français lance ses forces armées dans un second front de guerre sur le continent africain. Immédiatement, la question se pose: Mais que va donc, une fois encore, faire la France sur le Continent? Quels objectifs ? Quels buts?

De façon récurrente, de France, est régulièrement annoncée la fin de la Françafrique qui, comme le temps des colonies, le « bon vieux temps », serait révolue, passée aux oubliettes de l’histoire. A en croire les « spécialistes médias », le temps des échanges commerciaux « gagnant-gagnant » et le respect des indépendances auraient chassé les vieux démons post coloniaux, etc…etc…. Etonnant ! (1)

Très étonnant même, et ne seront convaincus aujourd’hui que ceux qui le souhaitent tant l’actualité ramène à la raison. Quelle autre armée que l’armée française , après la Côte d’Ivoire, la Libye, mène à présent la guerre au Mali et en République Centrafricaine et qui, soit-dit en passant, reste le doigt sur la gachette en direction de la Syrie ?

A l’instar de la plupart de ses prédécesseurs (2), François Hollande, à sa prise de fonction, fustigea la Françafrique, critiquant même, le contingent militaire français stationné…à Bangui, expliquant (fort justement!) que cette base militaire était un avatar de la Françafrique. On pouvait penser que cette déclaration condamnait à la fois la présence militaire en République Centrafricaine et le système même de la Françafrique.

Aujourd’hui hélas, c’est le même François Hollande, bien sanglé dans ses habits de chef de l’Etat français qui envoie un contingent de 1000 soldats supplémentaires. Et où ça ? Justement en République Centrafricaine !

En même temps que les masques tombent, les illusions s’envolent. Celui qui devait liquider la Françafrique aura fêté le premier anniversaire de son élection en déclenchant une guerre au Mali, l’opération Serval, avec pour but officiel de venir an aide aux populations menacées par les menées des intégristes islamistes venus du Nord. Une guerre humanitaire, donc ? Soit, mais…ne parlons surtout pas de géopolitique aux français ni d’intérêts économiques et à personne des ressources foisonnant en sous-sol.

Un drame humanitaire annoncé

Raisons humanitaires ! Libye, Côte d’Ivoire, Mali… les médias français avancent désormais les mêmes arguments pour justifier l’intervention en RCA. Qu’en est-il vraiment ? Le pays est effectivement en proie à un chaos extrêmement dangereux pour les populations civiles. Des origines à ce chaos ? En fait, c’est trahir un secret de polichinelle de rapporter aujourd’hui que le coup d’état de François Bozizé avait été, en son temps, soutenu par le France. Idem pour les liens étroits qui ont uni, ensuite, les gouvernements français à celui de François Bozizé pour tout ce qui concerne, notamment, la défense des intérêts d’AREVA. Par voie de conséquences, à cette époque, corruption, prévarication, atteintes aux droits de l’homme, exactions en tout genre…rien ne semblait devoir venir troubler les bons rapports entre les deux états.

Depuis mars 2013 et le renversement de François Bozizé par Michel Djotodia, une fracture s’est creusée entre musulmans et chrétiens, par ailleurs largement majoritaires. Djotodia, porté au pouvoir par les milices Séleka, majoritairement musulmanes, a été amené à leur laisser l’initiative et, à n’en pas douter, ces milices se sont livrées, à de graves exactions contre les populations. Evidemment, les chrétiens se sentant ainsi menacés et non protégés se sont alors organisés en groupes d’autodéfense. Une situation indéniablement délétère et, comme on le voit, lourde de dangers pour les populations.

Les guerres civiles ne tombent pas du ciel et les catastrophes humanitaires qui s’ensuivent non plus. Ce qui sûr, c’est que ces désastres programmés servent une mécanique interventioniste parfaitement réglée. En effet, depuis l’invention du concept par le « bon » Dr Kouchner et son fidèle lieutenant, Bernard Henri Lévy, c’est toujours au nom de leur fameux (fumeux?) « devoir d’ingérence humanitaire » que la France, mais pas seulement (3), mène ses campagnes militaires, notamment sur le continent africain.

Soigner les effets dans l’urgence permettrait ainsi de s’exonérer, aux yeux des opinions publiques, des responsabilités dans les causes. C’est ainsi, qu’encore une fois, François Hollande, a vendu son intervention militaire en RCA, à son opinion publique d’abord et à l’ONU ensuite.

La description d’une situation pré-génocidaire défendue devant l’Assemblée générale aura ainsi permis à la France de voir ses troupes transformées, par un coup de la baguette magique du conseil de sécurité, en Force de la paix des Nations Unies.

François Hollande, s’il n’a pas manqué de rappeler qu’une force africaine d’intervention était en voie de construction, par son action déterminée dans l’intervention marque aussi la volonté de la diplomatie française de se faire valoir en Afrique, comme le gendarme sur lequel la Françafrique, aujourd’hui comme hier, s’est toujours appuyée. Sachant que le tort principal des ces régions d’Afrique est de receler Plutonium, uranium, gaz et pétrole, on bien raison de craindre le pire.

Denis N’Soussou

1/ Emission « les médias ont tourné la page de la Françafrique » France Culture le 7 décembre 2013

2/ Sarkozy avait envoyé son tout nouveau ministre annoncer la fin de la Françafrique. Bongo furieux avait téléphoné à Sarkozy et…on annonçait immédiatement la fin du ministre !

3/ La première guerre du Golfe fut menée par Bush père, sur le terrain humanitaire, au nom de la sauvegarde des populations irakiennes

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