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L’Algérie en danger ? L’Algérie dans le collimateur américain Marwan Kachaoui L'Autre Afrique Depuis quelques semaines, les Etats-Unis, après avoir classé l’Algérie comme « pays à risque pour la sécurité des diplomates », a mis en place installations militaires et marines en Andalousie, à la pointe sud de l’Espagne, sans cacher leurs intentions interventionnistes. Punition pour n’avoir pas suffisamment soutenu l’intervention militaire française au Mali ? Projet de déstabilisation d’un dernier bastion encore indépendant de l’influence US dans la région ? Après les maliens, les algériens ont, en tout état de cause et, vu l’état de tension régnant dans toute la sous-région, beaucoup de soucis à se faire. Une intervention militaire clairement annoncée 500 marines, huit avions militaires de combat…Les Etats-Unis ont ainsi déployé une force militaire d’intervention conséquente, dans la petite ville de Moron en Espagne. Si le stationnement de militaires américains sur le sol espagnol n’est pas une nouveauté (voir extraits de la lettre du Maire d’Arahal) ce qui est nouveau est la spécificité dédiée à cette récente implantation. L’aveu du gouvernement espagnol est d’ailleurs de taille : » permettre à l’armée américaine d’intervenir dans le nord de l’Afrique en cas de troubles majeurs ». On ne saurait être plus clair ! Aujourd’hui on parle d’ajouter 450 marines supplémentaires au contingent déjà en place. Au moment où est évoquée, de plus en plus ouvertement, la préparation d’une intervention militaire en Libye partant d’une base du Sud de l’Italie et après les menées contre la Libye et le Mali, on mesure combien il convient de prendre au sérieux tous ces préparatifs d’intervention et ces bruits de bottes. Que ce soit au Nord Mali ou au Niger, et qu’elles soient françaises ou US, les installations militaires se multiplient dans la Région. Et, à bien y regarder elles se situent précisément aux confins des frontières de l’Algérie or, comment ignorer que les guerres de désintégration nationale conduites en Syrie, en Libye, au Soudan, au Mali… le sont à partir des bases militaires d’Espagne et d’Italie ou d’Afrique de l’Ouest ? Toutes les menées qui ont procédé, et tendent toujours, à ce processus de désintégration territoriale et politiques des nations, notamment africaines, comme la Libye, le Mali, la Tunisie, l’Egypte… ont toujours été précédées de campagnes internationales menées sur un terrain soit disant « humanitaire ». Les « humanitaires » signalent » une situation dramatique pour les civils (famines, génocides…) souvent fantaisiste, les « grandes puissances se disent alors »contraintes », à leur corps défendant bien sûr… d’intervenir au nom du droit à la vie des populations concernées. Après s’être fait la main au Biafra et en Somalie, le bon docteur Kouchner, ministre français de gauche et de droite, défenseur acharné des guerres humanitaires allait même, pour servir sa cause, inventer le concept dit du « droit d’ingérence » ! Concept qui, depuis la guerre contre la Yougoslavie, allait faire florès aux quatre coins d’une planète mise à feu à sang par l’entreprise de globalisation US du monde. De l’Irak des « armes de destruction massive » à la Libye du « sanguinaire » Khaddafi « meilleur ami de la France », de la Syrie au Mali… on peut, malheureusement très aisément, mesurer aujourd’hui les résultats de cette politique pour les populations ainsi « sauvées ». Nord de l’Afrique et Algérie clairement visées Le département américain des affaires étrangères vient de classer, l’Algérie dans sa trop fameuse liste des pays « à risque sécuritaire pour les diplomates ». Par ailleurs, au même moment, sous forme d’amendements, est rediscutée au Congrès la loi anti-terroriste dans le but de permettre l’intervention des Forces Armées, sans consultation préalable, en…Afrique du Nord ! Les « humanitaires » dont on connaît l’empressement à « appeler les grandes puissances » et leurs armées au secours, présentes en Algérie sont déjà à l’oeuvre et selon l’organisation syndicale UGTA (Union Générale des Travailleurs Algériens) elles mènent des campagnes de division et d’opposition des populations entre elles (Nord et Sud, Berbères et Arabophones, salariés et chômeurs…). En tête de liste de ces « humanitaires » on trouve les organisations humanitaires telles Freedom House, Canvas, NED…dont les liens avec la CIA sont un secret de polichinelle. L’UGTT les accuse nommément d’infiltrer les mouvements sociaux aux fins de « les dévoyer et de les conduire vers des actions violentes, cherchant ainsi à créer une situation de troubles pouvant justifier une intervention extérieure » et encore » Alors que les jeunes manifestent légitimement pour la création d’emplois, contre la précarité et l’exploitation, les jeunes animateurs de Canvas leur proposent de régler la question de l’emploi dans un cadre séparatiste, du Sud de l’Algérie, c’est à dire là où se trouvent les grandes richesses minières, pétrolières et gazières. » Comme par hasard, serait-on tenter d’ajouter ou encore…comme d’habitude. (1) Insécurité et troubles provoqués de l’intérieur en de ça des frontières, insécurité généralisée et bien réelle celle-là au delà, dans toute la sous-région. Dores et déjà les USA s’appuient sur la déstabilisation régionale pour justifier le déploiement de dispositifs militaires d’intervention, aux fenêtres de l’Europe sur l’Afrique, en Espagne et en Italie. Ne serait-il pas légitime, malgré tout, de poser la question de la responsabilité des grandes puissances, et très précisément celle des USA, dans la prolifération d’activités terroristes armées dans toute cette région d’Afrique? C’est bien, et ce n’est pas le moindre des paradoxes, au nom de cette insécurité que les USA, par OTAN interposée, ont décidé de l’intervention en Libye en 2011 et de l’intervention, cette fois par armée française interposée, au Mali en 2012. Ces ceux interventions qui, rappelons le, loin de ramener une paix quelconque, ajoutant la déstabilisation à la déstabilisation, ont fait du Sahel une véritable poudrière. Ces menaces qui pèsent désormais, dans le cadre de la stratégie américaine si chère à l’administration Bush, dite des « dominos », doivent être prises très au sérieux. On le voit, les prétextes ne manqueront pas, dans un avenir proche, pour une intervention extérieure militaire. Les grandes puissances ne s’arrêteront pas devant les risques déstabilisation régionale, et les conséquences meurtrières pour les peuples, de la défense de leurs intérêts particuliers. Déjà, c’est toute la région qui subit de plein fouet la prolifération des armes due à l’explosion de l’état Libyen, à l’armement incontrôlé des rébellions islamistes de tout poil, en Libye d’abord et maintenant en Syrie, avec les ondes de choc que l’on connait, au Mali où les séparatistes gagnent du terrain, en Algérie où ressurgit une certaine forme de terrorisme islamiste pourtant disparu et désormais jusqu’en Tunisie où, et c’est tout à fait nouveau, sévissent de petits groupes d’assassins se réclamant d’AQMI. Le comportement des grandes puissances en Syrie est tout à fait éclairant. On les retrouve, en effet, alliées à ceux qui, comme le Qatar et l’Arabie Saoudite, soutiennent les régimes et les courants islamistes les plus réactionnaires pour armer les bandes hétéroclites d’une opposition au régime d’Assad, dont la branche la plus active se réclame ouvertement….d’Al-Qaida ! Et qu’importe si ce programme commun avec Al-Quaida maintient favorise la guerre civile en Syrie et continue de l’alimenter mais prévoit de l’exporter aussi au Liban. Qu’il soit bien dit une fois pour toutes que, au delà des fariboles islamistes de charria et autres soit disant lois religieuses, les guerres dislocatrices menées contre les états souverains n’ont qu’un but, celui de livrer des nations affaiblies, divisées et impuissantées aux appétits des multinationales pour pérenniser le pillage des ressources de l’Afrique. Voilà pourquoi les états respectifs de ces multinationales s’entendent si bien et vont, main dans la main, avec les « furieux » islamistes d’Al-Qaida. Chacun son pré carré, chacun ses profits et chacun sa gamelle bien remplie. Jamais, de vieux mot d’ordre portés par les pères fondateurs des Indépendances comme, par exemple, »l’Afrique aux africains », ne semblent autant avoir eu d’actualité. Comment en effet, ne pas rejeter en même temps et dans le même camp les puissances impérialistes et leurs supplétifs locaux, fussent-ils déguisés en gardiens de la foi ? L’Algérie doit rester aux algériens, tout comme toute l’Afrique doit demeurer aux africains. Il est grand temps s’il n’est pas trop tard, de nous en souvenir, tous africains tous ensemble. (1) UGTT Alger le 28 juin 2013 in journal « informations ouvrières » N° 259.