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Syrie : La France "néocon..." par Christian Vanneste (Irib)

par Irib 2 Décembre 2013, 08:54 France Syrie néocolonialisme Impérialisme USA Néocon

Syrie : La France "néocon..." par Christian Vanneste (Irib)
Syrie : La France néocon... par Christian Vanneste (Irib)
Irib

La guerre syrienne n’est pas le renversement d’un dictateur unanimement détesté par un peuple révolté...

L’Europe dort, mais sans rêver. Plombée par sa monnaie, elle stagne économiquement dans un monde qui se développe. Elle n’a presque aucune politique étrangère commune et cohérente, et la France, depuis qu’elle a largué les derniers restes du gaullisme, sert de chien d’attaque aux Américains.

On constate aujourd’hui les conséquences néfastes de l’intervention en Libye. Le pays est en proie aux milices régionales, tribales ou islamiques qui s’y partagent l’espace et le pouvoir en faisant parfois régner la terreur. Les djihadistes et les armes vont entretenir des foyers de guerre civile et de terrorisme, au Mali notamment.

La grande illusion du Printemps arabe s’est dissipée. On demeure perplexe à l’idée que les responsables européens, et français en particulier, aient pu être enthousiastes. La Tunisie va-t-elle mieux ? L’Égypte semble préférer l’ordre des baïonnettes à celui de la charia. « L’abominable dictateur » Bachar el-Assad paraît bénéficier de l’appui d’une partie importante de la population, bien au-delà des minorités censées le soutenir.

L’information, souvent en provenance de l’OSDH (Observatoire syrien des droits de l’homme), proche de la rébellion, était très défavorable au régime, coupable selon elle de toutes les horreurs. Les médias ont évolué. Les massacres, les attentats, les exécutions sommaires, les enlèvements sont souvent le fait des opposants que les Occidentaux, les pays du Golfe persique et la Turquie arment. Les chrétiens, présents dans cette région du monde avant l’arrivée de l’islam, subissent en Syrie, comme en Irak ou en Égypte, une persécution à laquelle l’Europe, et la France notamment, paraissent indifférentes. La destruction des églises, l’enlèvement de religieux, l’assassinat de chrétiens dans les villages, après leur prise par des rebelles, ne trouvent que peu d’échos au Quai d’Orsay.

La France aurait pu jouer un rôle essentiel dans le retour indispensable à la paix. Le régime syrien, appuyé par la Russie et l’Iran, le souhaite, mais la rébellion s’oppose actuellement à la tenue de la seconde conférence de Genève, prévue les 23 et 24 novembre. Elle exige le départ de Bachar alors que celui-ci a plutôt conforté sa position sur le terrain et accepté la destruction de son arsenal chimique. En fait, c’est parce que la Coalition nationale syrienne, à laquelle François Hollande réserve tout son crédit, est de plus en plus divisée.

L’Armée syrienne libre n’est que la plus importante des composantes de la lutte contre le gouvernement syrien. Celle-ci « réunit » une centaine de groupes, parmi lesquels Al-Nostra, rallié à Al-Qaïda ou l’EIIL rattaché aux islamistes irakiens. Des conflits éclatent de plus en plus souvent entre les factions rebelles. Kurdes et djihadistes s’affrontent tandis que des sunnites de l’ASL, fatigués du bain de sang, se rapprochent du régime.

La guerre civile syrienne n’est pas le renversement d’un dictateur unanimement détesté par un peuple révolté contre lequel il n’utiliserait que les bombes et les obus envoyés par des mercenaires. Sur les 115.000 victimes, 45.000 appartiennent aux troupes fidèles au régime qui compte de nombreux partisans et se sert d’une armée légale multiconfessionnelle, même si ses cadres sont pour beaucoup alaouites.

Mesure-t-on bien la responsabilité et la légèreté des gouvernants européens, et particulièrement de François Hollande, pour avoir soutenu dès l’origine cette guerre, tenté d’y engager davantage la France, et aidé en Syrie ceux-là mêmes que notre armée combat au Mali ? La vocation de la France était de participer au rétablissement de la paix et à la stabilisation d’un monde arabe et d’un Moyen-Orient au sein desquels notre pays peut encore jouer un grand rôle. La France est la plus vieille alliée des États-Unis. Mais sa politique doit être celle d’un État qui sert ses intérêts, comme les États-Unis le font, parfois avec cynisme, et comme de nombreux États européens n’ont ni la puissance, ni la volonté, ni la tradition de le faire. La politique étrangère de la France ne passe pas par Bruxelles.

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