Au Niger, les négociations sur l'uranium tournent à l'avantage d'Areva
Le Monde
Les temps ne sont pas bénis pour les pays producteurs d'uranium, dont les prix se maintiennent à des niveaux très bas. Quatrième producteur mondial de ce minerai de base pour la fabrication du combustible des centrales nucléaires, le Niger en est la première victime. En négociations depuis des mois avec le groupe français Areva, le gouvernement de Niamey sera contraint de réduire ses prétentions pour qu'Areva puisse continuer à investir - notamment dans la mine géante d'Imouraren.
« C'est indéniable que le cours de l'uranium a baissé sur le marché, cela peut nous amener à écouter les arguments d'Areva quand elle dit que : “si je dois mettre en œuvre la fiscalité de 2006, financièrement les sociétés ne vont pas tenir, on va les fermer” », a laissé entendre le ministre des affaires étrangères, Mohamed Bazoum, dans un entretien diffusé lundi 6 janvier par la radio publique nigérienne, ajoutant : « Nous, on n'a aucun intérêt que les sociétés ferment. » Ses déclarations ont d'autant plus de poids qu'il vient d'être élu à la tête du parti au pouvoir.
Les négociations sur une nouvelle convention de dix ans se poursuivent au-delà du 31 décembre 2013, date d'expiration de la précédente. Le directeur général adjoint chargé du secteur des mines d'Areva, Olivier Wantz, négocie actuellement à Niamey, où il a eu une longue séance de travail avec les responsables du ministère nigérien des mines, a indiqué à l'Agence France Presse un conseiller du ministre des mines. M. Wantz doit aussi s'entretenir avec le président du Niger, Mahamadou Issoufou, ingénieur des mines de formation et ancien cadre d'Areva.
UN DIFFÉREND SUR LA FISCALITÉ
Début décembre 2013, M. Issoufou avait assuré que cette négociation était désormais « un jeu d'égal à égal » avec Areva et que le partenariat devait être « équilibré ». Elu sur un programme prévoyant un meilleur retour de l'exportation des ressources naturelles aux Nigériens, M. Issoufou souhaite tirer davantage profit du précieux minerai, qui n'assure que 5 % des recettes budgétaires de l'ancienne colonie française, qui figure tout en bas du classement de l'indice de développement humain (IDH) des Nations unies. Au Niger, moins de 10 % des habitants sont raccordés au réseau électrique. Selon l'organisation non-gouvernementale Oxfam France, il n'aurait retiré que 13 % des 3,5 milliards d'euros d'uranium exporté entre 1971 et 2010. Un chiffre vigoureusement contesté par Areva, qui parle de 80 % de retour pour le Niger.
Le différend franco-nigérien porte avant tout sur la fiscalité : Niamey se réfère au Code minier de 2006, qui prévoit un alourdissement des impôts, taxes et redevances minières et donne donc « plus de ressources à l'Etat du Niger », a souligné M. Bazoum ; le groupe nucléaire français réclame l'application de la loi minière de 1993 dont relevait la précédente convention Areva-Niger sur l'uranium. La redevance minière (en plus des impôts et taxes) passerait de 5,5 % à 12 % (au maximum) de la valeur des ressources extraites. Lundi 6 janvier, les discussions butaient encore sur ce point.
Les associations regroupées au sein du Réseau des organisations pour la transparence et l'analyse budgétaire (Rotab Niger) appellent les dirigeants et Areva à « respecter la souveraineté et la dignité du peuple nigérien ». Sa manifestation du 21 décembre 2013 devant le siège d'Areva à Niamey - interdite par le maire à la suite de mises en garde du ministre de l'intérieur contre tout trouble à l'ordre publique - avait finalement été autorisée par la justice. Les manifestants ont réclamé le « respect scrupuleux » du code minier en vigueur.
DE MAUVAISES PERSPECTIVES POUR LE MARCHÉ
Le gouvernement de Niamey sait qu'un tel respect est intenable dans le contexte actuel d'effondrement du prix spot de l'uranium, tombé à 34 dollars la livre (25 euros), un point bas atteint en juillet 2013. « Si un nouvel accord est conclu, ce ne sera pas sur la base de la loi de 1993 comme le veut d'Areva et ce ne sera pas non plus sur celle de 2006 », a souligné M. Bazoum. Le coup de développement d'une mine est considérable (1,9 milliard d'euros pour Imouraren). En attendant, Areva vient de fermer pour maintenance, jusqu'à mi-janvier « au moins », ses deux sites miniers exploités à Arlit (Nord) par les sociétés Somaïr et Cominak, dont il détient respectivement 64 % et 34 %.
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Les temps ne sont pas bénis pour les pays producteurs d'uranium, dont les prix se maintiennent à des niveaux très bas. Quatrième producteur mondial de ce minerai de base pour la fabrication du combustible des centrales nucléaires, le Niger en est la première victime. En négociations depuis des mois avec le groupe français Areva, le gouvernement de Niamey sera contraint de réduire ses prétentions pour qu'Areva puisse continuer à investir - notamment dans la mine géante d'Imouraren.
« C'est indéniable que le cours de l'uranium a baissé sur le marché, cela peut nous amener à écouter les arguments d'Areva quand elle dit que : “si je dois mettre en œuvre la fiscalité de 2006, financièrement les sociétés ne vont pas tenir, on va les fermer” », a laissé entendre le ministre des affaires étrangères, Mohamed Bazoum, dans un entretien diffusé lundi 6 janvier par la radio publique nigérienne, ajoutant : « Nous, on n'a aucun intérêt que les sociétés ferment. » Ses déclarations ont d'autant plus de poids qu'il vient d'être élu à la tête du parti au pouvoir.
Les négociations sur une nouvelle convention de dix ans se poursuivent au-delà du 31 décembre 2013, date d'expiration de la précédente. Le directeur général adjoint chargé du secteur des mines d'Areva, Olivier Wantz, négocie actuellement à Niamey, où il a eu une longue séance de travail avec les responsables du ministère nigérien des mines, a indiqué à l'Agence France Presse un conseiller du ministre des mines. M. Wantz doit aussi s'entretenir avec le président du Niger, Mahamadou Issoufou, ingénieur des mines de formation et ancien cadre d'Areva.
UN DIFFÉREND SUR LA FISCALITÉ
Début décembre 2013, M. Issoufou avait assuré que cette négociation était désormais « un jeu d'égal à égal » avec Areva et que le partenariat devait être « équilibré ». Elu sur un programme prévoyant un meilleur retour de l'exportation des ressources naturelles aux Nigériens, M. Issoufou souhaite tirer davantage profit du précieux minerai, qui n'assure que 5 % des recettes budgétaires de l'ancienne colonie française, qui figure tout en bas du classement de l'indice de développement humain (IDH) des Nations unies. Au Niger, moins de 10 % des habitants sont raccordés au réseau électrique. Selon l'organisation non-gouvernementale Oxfam France, il n'aurait retiré que 13 % des 3,5 milliards d'euros d'uranium exporté entre 1971 et 2010. Un chiffre vigoureusement contesté par Areva, qui parle de 80 % de retour pour le Niger.
Le différend franco-nigérien porte avant tout sur la fiscalité : Niamey se réfère au Code minier de 2006, qui prévoit un alourdissement des impôts, taxes et redevances minières et donne donc « plus de ressources à l'Etat du Niger », a souligné M. Bazoum ; le groupe nucléaire français réclame l'application de la loi minière de 1993 dont relevait la précédente convention Areva-Niger sur l'uranium. La redevance minière (en plus des impôts et taxes) passerait de 5,5 % à 12 % (au maximum) de la valeur des ressources extraites. Lundi 6 janvier, les discussions butaient encore sur ce point.
Les associations regroupées au sein du Réseau des organisations pour la transparence et l'analyse budgétaire (Rotab Niger) appellent les dirigeants et Areva à « respecter la souveraineté et la dignité du peuple nigérien ». Sa manifestation du 21 décembre 2013 devant le siège d'Areva à Niamey - interdite par le maire à la suite de mises en garde du ministre de l'intérieur contre tout trouble à l'ordre publique - avait finalement été autorisée par la justice. Les manifestants ont réclamé le « respect scrupuleux » du code minier en vigueur.
DE MAUVAISES PERSPECTIVES POUR LE MARCHÉ
Le gouvernement de Niamey sait qu'un tel respect est intenable dans le contexte actuel d'effondrement du prix spot de l'uranium, tombé à 34 dollars la livre (25 euros), un point bas atteint en juillet 2013. « Si un nouvel accord est conclu, ce ne sera pas sur la base de la loi de 1993 comme le veut d'Areva et ce ne sera pas non plus sur celle de 2006 », a souligné M. Bazoum. Le coup de développement d'une mine est considérable (1,9 milliard d'euros pour Imouraren). En attendant, Areva vient de fermer pour maintenance, jusqu'à mi-janvier « au moins », ses deux sites miniers exploités à Arlit (Nord) par les sociétés Somaïr et Cominak, dont il détient respectivement 64 % et 34 %....