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Le renard français dans le poulailler africain French Fox in African Hen House Par Finian Cunningham Press TV Traduction SLT
Les Français ont finalement obtenu ce qu'ils voulaient dans la rétive République centrafricaine - un changement de régime.
Le président par intérim Michel Djotodia et son Premier ministre Nicolas Tiengaye ont démissionné et l'ancienne colonie française est maintenant en place pour former un nouveau gouvernement sous l'oeil vigilant de Paris.
Les médias occidentaux décrivent l'action française en République centrafricaine (RCA) comme une force bienveillante. «Nous sommes là pour sauver des vies », a déclaré le président français François Hollande récemment.
Une façon de louer l'action d'un renard dans un poulailler. La réalité est que la violence et la souffrance du peuple centrafricain s'expliquent en grande partie comme une conséquence directe de l'ingérence française illégale dans ce pays africain.
De plus, nous pouvons également dire que la violence a été provoquée délibérément par les Français comme une couverture pour leur véritable objectif - un changement de régime .
Djotodia a été contraint de démissionner après avoir été politiquement pris en embuscade par d'autres dirigeants africains francophones lors d'une conférence spéciale convoquée au Tchad voisin à la fin de la semaine. Avant le sommet, les diplomates français ont briefé les médias et d'autres pays africains que Djotodia "devait partir".
Les Français ont tenté de brouiller les pistes en disant "nous ne sommes pas ici pour favoriser un camp ou un autre", mais c'est exactement ce qu'ils font en soutenant un camp plutôt qu'un autre. Le président français François Hollande et son ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius ont critiqué le leader de la RCA pendant des semaines et ont sapé son autorité. De toute évidence, les Français voulaient se débarrasser de Djotodia et son administration (après l'avoir implicitement porté au pouvoir avec le soutien des supplétifs tchadiens, NDT) - et maintenant ils ont obtenu de manière illicite ce qu'ils voulaient. Nous nous souviendrons que de telles interférences dans les affaires souveraines d'un autre État sont illégales. Notamment, juste avant la conférence qui s'est ouverte jeudi au Tchad, Djotodia a rejeté les rumeurs de sa démission imminente. En moins de 24 heures, il a ensuite démissionné, évidemment sous la contrainte .
Quelques minutes après la mise à la porte de Djotodia le vendredi, et avant même son retour du Tchad, les chars militaires français avaient encerclé le palais présidentiel dans la capitale centrafricaine Bangui. Le Ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian a également lancé un appel pour que Djotodia soit "remplacé dès que possible". Le président tchadien Idriss Déby (maintenu au pouvoir au Tchad par l'Etat français en 2008, NDT) avait été l'un des dirigeants africains les plus virulents à appeler Djotodia à quitter le pouvoir. Déby, qui est décrit comme "un allié français" ( en d'autres termes , " marionnette " ), se faisait la voix de la France et donnait une voix africaine à une directive de Paris, une directive qui équivaut à un coup d'Etat (deuxième coup d'Etat après celui de Djotodia soutenu par la France et le Tchad en mars 2013, NDT).
Le récit des médias occidentaux, la France en tête, c'est que Djotodia "n'avait pas fait assez pour lutter contre la violence" qui saisissait la RCA. Plus de 1.000 personnes ont été tuées au cours des dernières semaines dans des affrontements sectaires entre musulmans et chrétiens. Environ un quart des cinq millions de la population du pays ont été déplacées dans les combats.
Djotodia est arrivé au pouvoir l'an dernier après que les rebelles musulmans appelés Séléka ont déposé le président chrétien François Bozizé en mars 2013. Bozizé était connu pour la corruption et était venu au pouvoir par un coup d'Etat militaire français soutenu il ya 11 ans.
Avec les grands intérêts commerciaux français dans le pays riche en ressources naturelles, en particulier l'exploitation minière de l'uranium, il semble que la France ait été vexée par la venue du nouveau gouvernement de transition dirigé par Michel Djotodia - le premier dirigeant musulman du pays majoritairement chrétien.
L'administration intérimaire de Djotodia a été légalement constituée en avril dernier et il supervisait une transition avec des élections prévues à la fin de cette année (en fait la France a soutenu l'arrivée au pouvoir de Djotodia en raison des contrats pétroliers passés avec la Chine par son prédécesseur Bozizé aussitôt annulés par Djotodia, NDT).
Toutefois, cela ne semble pas suffisant pour apaiser le gouvernement français, qui voulait exercer un contrôle plus serré sur le processus politique au sein du Centrafrique afin d'assurer des conditions favorables à ses intérêts commerciaux.
Ce qui est la véritable raison pour laquelle l'invasion militaire française et non le prétexte humanitaire mis en avant par le gouvernement Hollande.
Le mois dernier, le chaos et la violence dans ce pays d'Afrique ont fait un bond après que la France ait envoyé ses troupes - prétendument pour assurer la «protection humanitaire» dans une situation où il n'y avait pas eu de violence grave, en dehors de l'alarmisme du gouvernement français évoquant une "situation pré-génocidaire".
La décision de déployer des militaires français en RCA (sur une base militaire française déja présente depuis plus d'un siècle en Centrafrique, NDT), a été prise le 2 décembre, trois jours auparavant une résolution française a été adoptée au Conseil de sécurité des Nations Unies autorisant l'intervention militaire française (sans que celle-ci n'ait été discutée au préalable devant le Parlement français, NDT).
Un renfort de troupes françaises est donc arrivée le 5 Décembre 2013, et c'est seulement depuis que l'on a assisté à une escalade des affrontements sectaires à Bangui et au travers du pays.
La conclusion est inévitable. La crise humanitaire en RCA a été précipitée par l'intervention française et non empêchée par celle-ci. Un facteur important de la violence est que l'armée française a désarmé unilatéralement les rebelles Séléka tout en ignorant les groupes d'autodéfense chrétiens appelés anti-Balaka.
Ces derniers ont en effet, prêter main forte pour marauder les communautés musulmanes et les entreprises avec des conséquences mortelles.
Il est donc obtus et mensonger de la part du gouvernement français et de ses clients africains de blâmer Michel Djotodia pour ne pas avoir contrôlé la sécurité dans son pays.
Le vrai coupable de l'effusion de sang et la cause du désordre qui a secoué la RCA est l'ingérence française dans ce pays. Une ingérence qui était illégale et a été cyniquement déguisée en intervention "humanitaire".
Il ya des craintes profondes que la violence contre les communautés musulmanes doivent encore augmenter maintenant que Michel Djotodia a été chassé du pouvoir .
Les milices chrétienne anti-Balaka se sentiront enhardis par l'ingérence politique française. Beaucoup croient que les Anti-Balakas sont orchestrées par l'ancien marionnette française Bozizé de son exil en France.
Malheureusement, pour la République centrafricaine, ce n'est que le dernier épisode de misère engendrée par la prédation néo-coloniale française.
Depuis l'obtention de la soi-disant indépendance de la France en 1960, les Français ont lancé le plus de coup d'Etat et de contre-coup d'Etat secrets dans ce pays que dans n'importe quel autre de ses anciennes colonies africaines.
La RCA reste politiquement et économiquement sous-développée (pendant que des médias français racialistes tiennent la population centrafricaine pour responsable de cet état de fait, NDT) - en dépit de ses richesses naturelles à profusion - précisément à cause de cette exploitation prédatrice française systématique.
La pauvreté en République centrafricaine, comme dans de nombreux autres pays africains (francophones, NDT), est une conséquence directe de la politique française, principalement en raison du système monétaire du "franc CFA" mis en place au moment de l'indépendance.
Cette pauvreté systématique permet à la France d'exploiter les matières premières et les gens sans pitié. Et quand ce système de prédation dysfonctionne, les Français envoient leurs troupes pour «rétablir l'ordre ».
Ce que la communauté internationale, comme le Mouvement des non-alignés de plus de 100 nations, devrait faire est d'appeler à la poursuite de la France devant les tribunaux internationaux, et non d'applaudir ce renard dans un poulailler.
Finian Cunningham (né en 1963) a beaucoup écrit sur les affaires internationales, avec des articles publiés en plusieurs langues. Il est diplômé d'une maîtrise en chimie agricole et a travaillé comme rédacteur scientifique de la Royal Society of Chemistry à Cambridge en Angleterre, avant de poursuivre une carrière dans le journalisme. Il est aussi musicien et auteur-compositeur. Depuis près de 20 ans, il a travaillé comme rédacteur en chef et écrivain dans les grands médias, notamment dans The Mirror, Irish Times et The Independent.
Cet article a été publié sur Press TV.
Traduction SLT