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La France et le Japon s'allient contre l'influence chinoise en Afrique WSWS Kumaran Ira
La France et le Japon se sont mis d'accord sur une coopération militaire et économique après une visite des ministres japonais des Affaires étrangères et de la Défense à Paris pour des négociations « deux plus deux » avec leurs homologues français jeudi.
Depuis Paris, le ministre japonais des Affaires étrangères Fumio Kishida a déclaré, « l'accord va ouvrir une nouvelle dimension pour notre coopération sur la sécurité et la défense. »
Paris et Tokyo ont décidé d'établir un comité bipartite pour discuter du développement de l'équipement militaire et de la gestion des exportations d'armes. Le Japon serait intéressé en particulier par la technologie militaire comme les hélicoptères de la prochaine génération, la propulsion des sous-marins et des drones sous-marins.
Ces négociations en « deux plus deux » font suite à un accord signé par Paris et Tokyo en juin dernier, lorsque le président français François Hollande avait fait une visite officielle au Japon. Durant la visite de Hollande, les deux pays avaient décidé d'approfondir leur coopération sur les exportations de réacteurs nucléaires et de préparer une collaboration pour le développement de matériel militaire.
Les négociations actuelles entre la France et le Japon se sont focalisées en grande partie sur une intervention impérialiste plus forte en Afrique pour détruire l'influence montante de la Chine sur le continent. Le Japon s'est engagé à soutenir les guerres françaises en cours dans deux ex-colonies françaises, le Mali et la Centrafrique.
Le Japon a contribué à hauteur de 735 millions d'euros à l'intervention de l'armée française au mali. Paris espère également que Tokyo fournira une assistance financière à la guerre de la France en Centrafrique.
Cette nouvelle coopération entre Paris et Tokyo sur la défense intervient dans un contexte de montée des tensions militaires entre les grandes puissances qui, comme le fait même remarquer la presse bourgeoise, créé directement un risque de guerre mondiale.
Le Japon et la Chine sont impliqués dans un âpre conflit au sujet des îles Senkaku/Diaoyu en Mer de Chine orientale dont la propriété est controversée. Ces tensions ont été en grande partie alimentées par le « pivot vers l'Asie » du gouvernement Obama une politique américaine consistant à former une alliance militaire avec le japon, l'Australie, l'Inde et d'autres puissances régionales pour encercler la Chine et contenir son influence économique montante.
Après les négociations entre les ministre français et japonais, un déclaration commune a été publiée qui critique apparemment la déclaration chinoise d'une Zone de défense aérienne (ZDA) l'année dernière, qui inclut les îles Senkaku-Diaoyu. Cette déclaration insiste sur l'importance d'assurer la liberté de circulation aérienne au-dessus des eaux internationales et des zones économiques exclusives, ainsi que d'assurer la sécurité des appareils civils.
Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a déclaré que les tensions entre la Chine et le Japon étaient une source d'inquiétude et que le gouvernement français voulait que cette partie du monde trouve des solutions pour réduire ces tensions.
Les accords entre Paris et Tokyo sont loin de réduire les tensions; ils accentuent au contraire les conflits internationaux et mettent au jour les calculs géopolitiques qui sous-tendent l'intensification des interventions françaises en Afrique sub-saharienne.
Craignant la montée de l'influence chinoise et le déclin de la compétitivité des entreprises françaises face aux compagnies chinoises en Afrique, l'impérialisme français a accentué ses interventions dans ses ex-colonies africaines. Dans ses guerres en Côte d'ivoire en 2011 et en Centrafrique en 2013, la France a pris pour cible les régimes qui développaient des liens plus étroits avec la Chine.
Au cours des années passées, la Chine a développé son commerce avec l'Afrique, devenant le plus important partenaire commercial du continent. C'est un investisseur important dans le secteur des ressources et le premier importateur de pétrole et de minerais en provenance de nombreux pays africains. Il est aussi fortement impliqué dans la construction d'infrastructures, dont des autoroutes, des chemins de fer, et des réseaux urbains dans toute l'Afrique.
S'il s'est concentré sur la compétition avec la Chine en Asie, le Japon défie également l'influence chinoise en Afrique. Pendant que les ministres des Affaires étrangères et de la Défense du Japon visitaient Paris, le Premier ministre japonais Shinzo Abe a entamé une tournée de cinq jours en Afrique sud-saharienne, la première visite du genre par un Premier ministre japonais en huit ans. Abe visitera la Côte d'ivoire, l'Éthiopie et le Mozambique.
Réagissant à la visite d'Abe en Afrique, le journal d'état chinois China Daily a noté que le dirigeant japonais cherchait à « contenir » l'influence de la Chine sur ce continent.
L'alignement franco-japonais contre la Chine est un accord réactionnaire entre deux régimes qui veulent à tout prix intensifier leurs politiques militaristes pour imposer leurs attaques contre les droits sociaux des travailleurs chez eux, et lancer des attaques contre leur rivaux parmi les grandes puissances à l'étranger.
Les responsables du gouvernement dirigé par le président François Hollande ont ouvertement fait remarquer qu'ils calquaient leurs guerres en Afrique sur la guerre britannique des Malouines en 1982 – durant laquelle le Premier ministre Margaret Thatcher avait joué la carte de la guerre pour faire soutenir son gouvernement et préparer des mesures d'austérité, dont l'écrasement de la grève des mineurs en 1984-85.
Le Premier ministre japonais Shinzo Abe poursuit ses manœuvres visant à supprimer les obstacles qui subsistent dans la constitution japonaise au lancement de guerres outre-mer. Il a récemment publié une nouvelle stratégie pour la sécurité nationale, rédigée l'année dernière pour renforcer son indépendance militaire et servir de base à la politique étrangère du Japon au cours des dix années à venir.
Le gouvernement d'Abe minimise le développement du militarisme japonais qu'il présente comme une politique de « pacifisme proactif ».
Si ces politiques visaient initialement les intérêts chinois, il y a de nombreuses indications que les tensions qui se développent en Asie et en Afrique vont également provoquer des confrontations politiques entre les puissances européennes.
En effet, il est remarquable que les responsables japonais – qui se sont arrêtés en France après avoir eu des négociations en Espagne qui se concentraient sur la coopération avec l'Amérique latine – n'ont pas fait d'escale dans la première économie et l'Etat le plus puissant d'Europe, l'Allemagne. Il y a de plus des indications précises de désaccords politiques entre l'Allemagne et la France, les deux plus importantes économies de la zone euro, sur le conflit pour les îles Senkaku/Diaoyu.
Si la France s'est alignée plus directement sur le « pivot » et sur les revendications japonaises, le gouvernement allemand lui, a permis au Premier ministre chinois Li Keqiang d'élever publiquement une revendication remarquable sur ces îles en mai dernier, lorsqu'il visitait Berlin.
Depuis Potsdam, près de Berlin, Li a fait référence à la proclamation de Potsdam signée après la seconde Guerre mondiale, sur laquelle s'appuie la Chine pour revendiquer ces îles : « Le site de la rencontre de Potsdam est un lieu d'une importance historique. La Proclamation de Potsdam affirme clairement que le Japon doit rendre les territoires du Nord-Est de la Chine, de Taïwan et d'autres îles après la capitulation. La victoire et l'ordre international ont été accompli par le sacrifice de dizaines de millions de vies. »
Pour les puissances européennes, dont l'Allemagne et la France, le regain du militarisme japonais et les tensions régionales qui montent attisées par le « pivot vers l'Asie » des États-Unis sont une opportunité lucrative d'entrer en compétition pour les marchés de ventes d'armes.
Prenant note de la « course aux armements dans le Pacifique, » le quotidien allemand Der Spiegel a commenté qu'elle « promet des affaires juteuses à l'industrie allemande de la défense. Proche de la région du Golfe, le Pacifique devient de de plus en plus l'un des quelques marchés mondiaux en développement pour les compagnies d'armement. D'après un rapport de 2013 publié par l'Institut de recherche suédois SIPRI, trois des cinq plus gros importateurs d'armes au monde sont des Etats de l'Ouest du Pacifique : la Chine, la Corée du Sud et Singapour. Pour l'économie allemande, la vente de gros sous-marins est particulièrement lucrative. »
Kumaran Ira
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France, Japan form alliance targeting Chinese influence in Africa
WSWS
By Kumaran Ira
France and Japan agreed to cooperate on military and economic issues after Japan’s foreign and defense ministers visited Paris for “two-plus-two” talks with their French counterparts on Thursday.
Speaking in Paris, Japanese Foreign Minister Fumio Kishida said, “The agreement will open up a new dimension for our cooperation on security and defense.”
Paris and Tokyo agreed to set up a joint committee to discuss the development of military equipment and management of weapons exports. Japan is reportedly interested in particular in French military technology such as next-generation helicopters, submarine propulsion and underwater drones.
The “two-plus-two” talks follow an accord signed by Paris and Tokyo last June, when French President François Hollande officially visited Japan. During Hollande’s visit, both countries agreed to deepen cooperation on nuclear reactor exports and to prepare to work together on the development of military equipment.
The current France-Japan talks focused largely on a stepped-up imperialist intervention in Africa, to destroy China’s rising influence in the continent. Japan pledged to support ongoing French wars in two former French colonies, Mali and the Central African Republic (CAR).
Japan has contributed €735 million to the French military intervention in Mali. Paris also expects that Tokyo will also provide financial assistance for France’s war in CAR.
The new defense cooperation between Paris and Tokyo comes amid escalating military tensions between the major powers that, as is remarked even in the bourgeois press, directly pose the risk of global war. (See: Geo-political tensions raise spectre of 1914 Great War )
Japan and China are embroiled in a bitter dispute over the disputed Senkaku/Diaoyu islands in the East China Sea. These tensions have been largely driven by the Obama administration’s “pivot to Asia”—a US policy of forming strategic and military alliance with Japan, Australia, India and other regional powers to surround China and contain its rising economic influence.
Following the talks between French and Japanese ministers, a joint statement was issued apparently criticising China’s declaration of an air defense identification zone (ADIZ) last year that covers the disputed Senkaku/Diaoyu islands. The statement emphasized the importance of ensuring the freedom of flight above the open sea and exclusive economic zones, as well as securing the safety of civilian aircraft.
French Foreign Minister Laurent Fabius said, “The tensions [between China and Japan] are a source of concern. We want this part of the world to find solutions to ease tensions.”
Far from easing tensions, the accords between Paris and Tokyo are sharpening international conflicts and bringing into the open the great-power calculations behind France’s escalating wars in sub-Saharan Africa.
Fearing rising Chinese influence and declining French business competitiveness against Chinese firms in Africa, French imperialism has escalated military intervention in its former African colonies. In its wars in the Ivory Coast in 2011 and Central African Republic (CAR) in 2013, France targeted regimes that were developing closer ties with China.
Over the past years, China has increased its trade with Africa, becoming the continent’s single largest trading partner. It is a significant investor in Africa’s resources sector, and the biggest importer of oil and minerals from many African countries. It is also heavily involved in building infrastructure including highways, railways, and transit systems across Africa.
While it has focused on competing with China in Asia, Japan is also challenging Chinese influence in Africa. While Japan’s foreign and defense minsters visited Paris, Japanese Prime Minister Shinzo Abe began his five-day tour of sub-Saharan Africa, the first such visit by a Japanese prime minister in eight years. Abe will visit the Ivory Coast, Ethiopia and Mozambique.
Reacting to Abe’s visit to Africa, China’s state-owned China Daily noted that the Japanese leader is seeking to “contain” China’s influence in Africa.
The Franco-Japanese alignment against China is a reactionary agreement between two regimes desperate to step up militarist policies to ram through attacks on workers’ social rights at home, and on their great-power rivals abroad.
Officials in the administration of French President François Hollande have openly commented that they are modelling their African wars on the 1982 British Falkland Island war—in which Prime Minister Margaret Thatcher played the war card to boost support for her government and prepare for austerity measures, including the crushing of the 1984-5 miners strike. (See: France seizes on murder of RFI journalists to intensify Mali war )
Japanese Prime Minister Shinzo Abe is pressing ahead with moves to undermine remaining barriers to overseas war in Japan’s post-war constitution. It recently issued a new national security strategy, compiled last year in order to strengthen its military independence and serve as a basis for Japan’s foreign policy over the next ten years.
Abe’s government is euphemistically presenting the stepping up of Japanese militarism as a policy of “proactive pacifism.”
While initially these policies are initially directed at Chinese interests, there are numerous indications that the rising tensions in Asia and Africa will also provoke political clashes between the European powers.
Indeed, it was noteworthy that Japanese officials—who stopped in France after holding talks in Spain focusing on economic cooperation in Latin America—did not stop in Europe’s leading economy and most powerful state: Germany. There are, moreover, definite indications of policy disagreements between Germany and France, the euro zone’s two largest economies, on the Senkaku/Diaoyu island dispute.
While France has aligned itself more directly on the “pivot” and on Japanese claims, the German government allowed Chinese premier Li Keqiang to issue a remarkable public claim to the islands last May, while he was visiting Berlin.
Speaking in Potsdam, near Berlin, Li referred to the post-World War II Potsdam Proclamation on which China stakes its claim to the islands: “The site of the Potsdam meeting is a place of historic significance. The Potsdam Proclamation clearly states that Japan must return China's territories of Northeast China, Taiwan and other islands after surrendering. The victory and international order had been achieved at the cost of sacrifices of tens of millions of lives.”
For the European powers, including both Germany and France, the revival of Japanese militarism and the rising regional tensions stirred up by the US “pivot to Asia” are a lucrative opportunity to compete for military export markets.
Taking note of the “arms race in the Pacific,” German news magazine Der Spiegel commented that it “promises big business for the German defense industry. Next to the Gulf region, the Pacific is increasingly becoming one of the few global growth markets for defense firms. According to a 2013 report published by the Swedish research institute SIPRI, three of the world’s five biggest arms importers are West Pacific states: China, South Korea and Singapore. For the German economy, the sale of large submarines is especially lucrative.”