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Pétrole et préfinancements ou comment le clan Nguesso pille le Congo. Par RIGOBERT OSSEBI Congo-Liberty
L’Espagne est le pays où le dictateur congolais, en vacances, aime à jeter aux habitants des enveloppes remplies de billets, dont il prive sa propre population. Le juge espagnol José Castro, du tribunal de Palma de Majorque, enquête depuis 2010 sur une affaire de « délits fiscaux présumés et de blanchiment de capitaux » pour lesquels il vient d’inculper la propre fille du Roi, l’infante Cristina, âgée de 48 ans.
Cela ne concerne qu’un maigre montant de 6 millions d’euros (3,5 milliards de FCFA). Une misère pour Sassou et sa propre famille, dont les détournements sont 2000 à 3000 fois plus importants. De plus, ils ne craignent pas un seul instant qu’un juge congolais vienne les poursuivre de la sorte. Claudia et Kiki peuvent ronfler tranquillement sur leurs tas d’or et de diamants !
Cependant, il se pourrait bien que leurs trafics pétroliers en Suisse leur réservent un jour cette désagréable surprise car les montants en jeu sont pour le moins exorbitants, même et surtout pour des juges helvètes.
L’affaire GUNVOR est au cœur des investigations. Un contrat pétrolier de près de 2 milliards de dollars entre le Congo Brazzaville et le quatrième trader privé au monde, fondé par le Russo-Finlandais Guennadi Timtchenko, un ancien camarade du président Vladimir Poutine.
Les cargaisons pétrolières négociées par la SNPC (Société Nationale des Pétroles du Congo) ont toujours été domiciliées à la banque BNP PARIBAS (Suisse) qui en avait un quasi monopole depuis une bonne décennie. Celles destinées à GUNVOR n’avaient pas échappé à la règle. Et, le plus légalement du monde pensait-elle comme TOTAL, ENI et autres complices, la banque couvrait grossièrement de fil blanc toutes les magouilles de la bande d’Oyo. Jusqu’au jour où frappèrent à sa porte policiers et journalistes pour s’enquérir des transactions de GUNVOR et surtout quid du préfinancement de 750 millions de dollars (350 milliards de FCFA) qui allait avec. La grande banque d’affaires, qui excelle dans la science des montages exotiques, a alors senti le vent du boulet de la justice passer si près de sa tête que la décision fût prise immédiatement de couper tous les liens avec le Congo Brazzaville et la famille d’aigrefins qui le dirige.
Il faut rappeler que les préfinancements pétroliers avaient été strictement interdits par le FMI parce qu’ils étaient propices aux détournements.
Les policiers et les journalistes s’étaient apparemment satisfaits, alors, de la documentation et des explications fournies par la banque du 2 place de Hollande à Genève. Toutes les cargaisons livrées à GUNVOR n’appartenaient plus au Congo, mais dès leur chargement à Djeno ou à Nkossa, elles devenaient la propriété d’une société chinoise. Quant aux 750 millions de dollars de préfinancement l’explication avait été donnée qu’elle permettait au Congo de payer une société brésilienne, Asperbras. Il n’a pas fallu longtemps pour qu’aux uns et aux autres parviennent la bonne lecture de ces opérations :
- Les nantissement des cargaisons ne pouvaient être que de complaisance car rien ne pouvait justifier, envers une entreprise chinoise, pareil règlement.
- La compagnie Asperbras, qui avait été introduite au Congo par Maxime Gandzion, ne pouvait bénéficier d’un paiement d’avance supérieur aux contrats qu’elle avait à peine commencés à exécuter.
En Suisse la justice n’est pas expéditive et le Procureur de Berne en charge du dossier a encore huit années pour conclure. Sassou ne sera sûrement plus là, mais BNP PARIBAS ne risque pas de partir !
GUNVOR mis momentanément hors course pour les allocations de cargaisons délivrées par le Roi du Pétrole congolais, Kiki 1er , un faux-nez de Trafigura, Lynx Energy Trading Pte Ltd Singapore, devint le bénéficiaire privilégié de ces cargaisons. A un jet de pierre des bureaux du trader russe, au 84 rue du Rhône à Genève, la société de Cyrille Costes pouvait afficher prétentieusement la victoire des anciens de la place genevoise sur les moujiks ; parvenus et nouveaux venus des bords du Lac Léman ont finalement été jetés dehors ! « Nous sommes présents sur les lieux stratégiques. LYNX est basée à Genève (Suisse) et également présente à Brazzaville (République du Congo), à Dubaï (Émirats arabes unis) et à Beyrouth (Liban) » peut-on lire sur le site de la compagnie Lynx Energy. Trois derniers pays dans lesquels le secret bancaire est impénétrable ; le premier l’est maintenant beaucoup moins !
BNP Paribas s’était déclarée forfait pour les préfinancements mais la Barclays, également banque favorite et personnelle de Kiki 1er, n’hésita pas à prendre la succession, quitte à mettre les mains dans le cambouis dans tous les sens du terme. Avec Trafigura comme grand parrain des opérations, la Barclays n’éprouva aucune difficulté à émettre 350 millions de dollars (175 milliards de FCFA) au début 2013 en faveur de la SNPC.
Les allocations congolaises sont souvent accordées avec une décote. Trois, quatre ou cinq dollars par baril pour une cargaison qui en compte près d’un million. Dans chacune de ces décotes, il est prévu « un petit dollar » pour le dictateur congolais. Il a beau, après paiement, détourner la totalité du montant de la transaction, il reste néanmoins très attaché à ce petit pécule. Ainsi, un des traders habituels du Congo souscrivait à cette obligation en assurant la livraison correspondante (c’est-à-dire un million de dollars en espèces) par une très jolie métisse belgo-zaïroise, sa directrice locale. Elle arrivait avec une petite valise à roulettes à la Présidence et en ressortait toujours sans. Serge Mouy aurait pris le relais pour cette corvée et c’est devenu un peu plus discret. Chaque mois, il y a 6 ou 7 cargaisons. Une moyenne basse de 6 valises par mois, représente 72 valises par an. En 15 années de pouvoir cela représente près de mille valises soit 1 milliard de dollars en espèces. Il y a quelques mois des rumeurs affirmaient qu’une partie de cette énorme tirelire avait été volée chez son gardien attitré, Tzenzel. On parlait de l’équivalent de 500 valises. Faites vos comptes et imaginez le volume !
La Barclays est une banque qui s’est souvent fait prendre le doigt dans le pot de confiture. Dernièrement, une grosse amende de plusieurs centaines de millions de dollars lui avait été infligée pour sa participation à la manipulation des taux du Libor à Londres. Moins important, Denis Christel Sassou NGuesso avait plusieurs comptes et des assurances vie aux noms de ses enfants dans cette banque à Paris ; pour un montant d’un million d’euros au moins. Par précaution il donna l’ordre de virer les fonds au Liban. Les journalistes avaient relaté alors que l’opération s’était déroulée avec succès pour le rejeton du dictateur congolais. C’était sans compter sur la perspicacité et l’efficacité des enquêteurs de l’affaire des BMA : les fonds ont été alors saisis !
On l’a vu avec l’Espagne, les détournements, la corruption sont sévèrement combattus presque partout dans le monde. Nous sommes au 21ème siècle et il y a peu d’Etats où le non droit total s’est instauré. La République du Congo est un cas réellement à part parmi les pays producteurs de pétrole. Même les pays arabes ont veillé à une répartition équitable dans le bénéfice de la rente pétrolière ; même Kadhafi faisait fonctionner correctement son Etat. La prédation de la famille congolaise au pouvoir n’a pas d’égale sur cette planète.
Voilà pourquoi ce clan avait fait, abondamment, couler le sang ! Pour s’emparer, à son unique profit, du pétrole et de toutes les autres richesses du Congo. Voilà donc également pourquoi il est disposé à en faire autant pour les garder. L’affaire Ntsourou a été une simple piqure de rappel de vaccination… !
Brazzaville a déjà été détruite. Les prédateurs de l’Alima ont amassé tant de fortunes et de biens à l’extérieur du Congo qu’il leur importe peu de détruire Brazzaville une seconde fois ; uniquement pour la conservation du pouvoir.
Maintenant reste à savoir combien de fous seront prêts à les rejoindre dans un sinistre combat ? Il faut croire et espérer qu’après l’attaque du 16 décembre dernier, très peu resteront au côté du dictateur et des voleurs et que le « plus jamais ça ! » fera force de loi.
Rigobert OSSEBI
Le 8 janvier 2014 , par www.congo-liberty.com
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