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RDC. Polémique: L'ONU déploie les premiers drones de son histoire en Afrique. Pour quoi faire ? (Direct.cd)

par Direct.cd 16 Janvier 2014, 08:00 Afrique ONU RDC Drone

RDC. Polémique: L'ONU déploie les premiers drones de son histoire en Afrique. Pour quoi faire ? (Direct.cd)
Polémique: L'ONU déploie les premiers drones de son histoire en Afrique. Pour quoi faire ?

Direct.cd

L’organisation a déployé des drones à la frontière de la RDC et du Rwanda. Pour l’instant, il ne s’agit que de surveillance. Jusqu’à quand ? Pour la première fois de son histoire, l’Organisation des Nations unies s’est dotée de drones. Depuis le 3 décembre 2013, deux de ces engins à pilotage automatique survolent la frontière nord-est de la République démocratique du Congo. Ces engins volants téléguidés ne sont pas armés ; ils ont pour mission exclusive la surveillance du territoire, en vue de la stabilisation du pays. Car si les rebelles du M23 ont été vaincus, il s’agit aujourd’hui de surveiller les trafics d’armes et de minerais. Leur usage est censé être strictement limité à cette mission de surveillance. Et pourtant, le déploiement de ces engins constitue un symbole et a été accueilli avec beaucoup de réserves.

La polémique

Doter l’ONU d’engins de surveillance génère la crainte que l’organisation chargée de promouvoir la paix dans le monde ne devienne une agence de collecte de l’information. Et les engins utilisés, bien que non armés, évoquent les drones qui causent la mort de nombreux civils, notamment au Pakistan. Aussi, évidemment : « Les débats qui ont mené à leur acquisition au Conseil de sécurité ont été âpres. C’est le moins qu’on puisse dire ! » déclare l’adjoint de Ban Ki-moon, le diplomate français, Hervé Ladsous, l’initiateur de la procédure. « Le Pakistan, notamment, avait des réserves », nous explique-t-il. « Il faut prendre conscience que cet État subit très souvent sur son territoire les dommages occasionnés par des drones armés sur des civils. » Une autre source diplomatique cite parmi les adversaires du projet les Russes, qui craignent la concurrence que ces drones pourraient faire aux hélicoptères qu’ils fournissent à l’ONU.

Une mission sui generis

Selon Ladsous, « ces engins volants de surveillance sont bien plus endurants en vol que des hélicoptères, qui doivent se poser pour faire le plein toutes les deux heures. Ils sont donc particulièrement adaptés pour voler bas et filmer à travers la forêt dense de la frontière du Congo avec le Rwanda les divers trafics qui y ont lieu ».

La résolution qui autorise l’achat des drones par l’ONU le précise clairement, et les diplomates ne cessent de le répéter : il ne s’agit en aucun cas de généraliser l’usage d’engins de surveillance téléguidés par l’ONU. Dès l’annonce de leur achat, avant même leur déploiement, les drones de l’ONU auraient eu un « effet dissuasif sur les trafics d’armes et de minerais ». Mais si les rebelles du M23 ont été vaincus, d’autres factions, plus petites, mènent leur guérilla en « investissant de petits villages en bandes restreintes ». Résultat : l’ONU a d’ores et déjà commandé trois autres drones « Falco ».

La question de l’accès aux images filmées par les drones

Gérard Araud, le chef de la mission française à l’ONU, s’est félicité de « l’excellente qualité » des images, grâce auxquelles « on peut distinguer jusqu’aux visages des personnes filmées ». « On pourrait presque prendre plaisir à visionner les matches de foot que les drones filment en RDC », a-t-il ajouté sur un ton goguenard, au sortir du Conseil de sécurité. Quant à la question de savoir qui, in fine, a accès aux images enregistrées par les machines volantes, nul ne sait y répondre avec certitude, un mois après le lancement des drones. Un diplomate de la mission française souligne qu’on n’en est encore qu’à la phase de test des engins volants et que, par conséquent, seuls les techniciens de la société qui fournit les engins et le général en charge de la mission de maintien de la paix au Congo peuvent, pour le moment, les visionner. Y aura-t-il par la suite un diaporama devant tout le Conseil de sécurité ? Nul ne le sait ! Le Rwanda, lui, a demandé que ces drones ne survolent pas son espace aérien…

Le « Falco », drone fourni à l’ONU par une entreprise privée italienne

Aucun État n’ayant pu fournir à l’ONU de drone de surveillance, l’organisation a dû procéder à un appel d’offres. Le « Falco » de l’entreprise italienne Selex a été considéré comme l’engin répondant le mieux à la nécessité de surveiller, en volant bas (à 2 000 mètres du sol) une zone caractérisée par la densité de sa forêt et son absence de routes. Le « Falco » est déjà utilisé par le Pakistan depuis 2007, la Libye et la Jordanie depuis 2009 et l’Arabie saoudite depuis 2012. Il est le seul drone à être entièrement assemblé en Europe. Trois autres modèles vont commencer à patrouiller d’ici le mois d’avril, au-dessus de la République démocratique du Congo, élevant à cinq le nombre de drones de l’ONU.

Le futur de l’ONU en matière d’engins de surveillance

En dépit de la volonté expresse de limiter à cette mission l’usage des drones, il est permis de s’interroger sur une éventuelle extension. Dans un rapport de l’ONU de juin 2013, le sous-secrétaire au maintien de la paix l’avoue : « Il y a clairement une demande dans plusieurs autres missions, et je crois que le besoin existe. Nous devons faire cela correctement, en appliquant les leçons que nous aurons apprises pour les appliquer ailleurs. » Une affaire à suivre…

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