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Le Canard Enchaîné, 19.02.14 Le désastre centrafricain était annoncé (bis) Depuis le 5 décembre, nombre de militaires et d'officiers de renseignement tiraient en vain le signal d'alarme.
François Hollande a mangé son chapeau après avoir, une fois encore, parlé trop vite. Dans les derniers jours de novembre 2013, avant d'annoncer le départ pour Bangui de 1600 hommes, il avait pris deux engagements solennels. A l'entendre, ces militaires étaient assez nombreux pour la mission qui leur était confiée : mettre fin aux massacres, désarmer les combattants et favoriser ainsi la préparation des élections de 2015...
"En aucun cas" ajoutait le Président, ce corps expéditionnaire ne recevrait de renforts. Second engagement: l'intervention française ne devrait pas excéder six mois. Jean-Marc Ayrault, lui, se risquait même à parler d'un tout petit trimestre.
Erreur. La semaine dernière, le Président a décidé d'envoyer 400 soldats de plus dans le "guêpier" centrafricain. Tandis que Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, s'employait à justifier ainsi ce nouvel engagement : "Je crois que ce sera plus long que prévu, pace que le niveau de haine et de violence est plus important que celui qu'on imaginait". Enfin comme le temps presse, l'Etat-major a dû prélever ces nouveaux soldats dans les bases françaises du Tchad et de Djibouti. Lesquelles seront bientôt "réapprovisionnées" en hommes venus de France.
"Il n'est pas question d'appauvrir notre dispositif militaire en Afrique", se rengorge un diplomate. Bien moins flambard, l'un de ses collègues se veut plus réaliste : "On est piégés. Notre intervention en Centrafrique risque de durer des années...". A la décharge du chef de l'Etat, les informations fournies l'an dernier à l'Elysée et au ministère de la Défense par les militaires et les services de renseignement étaient souvent contradictoires.
Ainsi un mois avant le début de l'intervention, de hauts gradés de l'état-major des armées affirmaient aue "la situation en Centrafrique était incontrôlable". Quant aux notes des services, si elles confirmaient ce que tout le monde savait - "Il n'y a pas d'Etat en Centrafrique" -, elles sous-évaluaient les conflits ethniques et religieux entre chrétiens ou animistes (majoritaires) et musulmans (de 15 à 20% de la population ). Et, surtout l'importance des premiers massacres....
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Petite remarque : A noter que le Canard ne dit rien encore sur le soutien apporté par la France aux milices Séléka en mars 2013. Quant à "l'absence d'Etat en Centrafrique", il est fruit d'une politique de déstabilisation de l'Etat centrafricain par l'Etat français depuis plus de 50 ans de Bokossa à Djotodia en passant par Bozizé. Bien sûr, Le Canard, souverainiste et proche des services, se garde bien de rappeler cette politique monstrueuse menée par la France en RCA depuis la pseudo-indépendance. Ce que vous ne lirez pas dans Le Canard acquis à la cause françafricaine et adepte des explications racialistes des confits africains : - Exclusif : comment la France a soutenu la Séléka en Centrafrique - Comment la France a fait et défait les dictatures en Centrafrique : de Bokassa à Djotodia en passant par Bozizé - La France pompier pyromane en Centrafrique